mardi, mars 12

Chine – Singapour, une relation tâtonnante

Composée à 75% de chinois, l’île de Singapour est appelé la « petite Chine », en raison de ses liens historiques, culturelles et économiques avec l’Empire du milieu. Cependant, les échanges entre les deux pays sont limités, l’Union Européenne est le premier fournisseur de l’île, bien que Beijing tente des rapprochements, en dépit des tensions concernant Taïwan.

Cette année 2015 célèbre le 25ème anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre les deux pays. A cette occasion, le président chinois Xi Jinping et son homologue singapourien, Tony Tan Keng Yam, se sont échangés des messages de félicitations, arguant que les deux pays sont « des voisins qui entretiennent des relations proches et amicales« , pour le président chinois.

Intensifier les relations sino-singapouriennes

Xi Jinping a rappelé que « les relations bilatérales se sont développées de manière continue depuis l’établissement des relations diplomatiques il y a 25 ans, ce qui a permis aux deux pays d’obtenir des résultats fructueux dans la coopération de divers domaines et de maintenir une bonne communication et une bonne coordination dans les affaires internationales et régionales ».

De son côté, le président de Singapour, Tony Tan Keng Yam, a indiqué que « depuis l’établissement des relations diplomatiques bilatérales, les relations sino-singapouriennes n’avaient cessé de progresser et l’amitié entre les deux peuples s’était approfondie ». 

Toutefois en 2009, les échanges commerciaux se sont intensifiés avec la signature d’un accord de libre-échange s’appliquant au commerce international des produits et des services, aux procédures douanières, à la coopération économique, aux investissements directs étrangers (IDE), et entre autre au règlement des différends commerciaux.

Par cet accord, la Chine s’est engagée à supprimer 97,1% des tarifs douaniers sur les produits importés de Singapour à partir de 2010. Singapour, de son côté, a aboli tous les droits de douane sur les produits chinois.

La confiance reste

Cependant une inquiétude plane du côté des autorités singapouriennes. Le ralentissement économique de la Chine pèse sur la croissance de l’île.

En effet, Singapour, à l’instar de Hong Kong, est une plateforme financière et commerciale dont le marché d’action est très proche de Beijing. Les récentes fluctuations boursières ont eu un impact sur l’économie de l’île, tout comme les derniers indicateurs moroses.

D’ailleurs, l’exposition des banques singapouriennes à la dégradation de la solvabilité des entreprises chinoises laisse craindre une nouvelle crise financière.

Malgré ces doutes, la Chine reste une alliée économique et financière importante pour l’île, notamment dans le cadre de l’ASEAN. Comme l’a rappelé le ministre des Affaires étrangères, Wang Yi au Premier ministre singapourien, Lee Hsien Loong.

Le ministre chinois a expliqué que « la coopération entre la Chine et Singapour a toujours été tournée vers l’avenir, a toujours imprimé le rythme, » et « a toujours été le fer de lance des relations de la Chine avec les pays de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) ».

L’agence de presse Xinhua a mit en avant les statistiques de l' »International Enterprise Singapore« , qui révéle que le commerce entre la Chine et Singapour s’est élevé à 95,8 milliards de dollars (84,3 milliards d’euros) en 2014, contre 2,8 milliards de dollars (2,4 milliards d’euros) en 1990.

Taïwan, sujet de tension

Le ministre aff ete Wang Yi et le premier ministre singapour Lee Hsien Loong
Le ministre des affaires étrangères, Wang Yi, et le Premier ministre de Singapour, Lee Hsein Loong

Cette bonne entente n’exclue pas de vives tensions diplomatiques. Beijing fait souvent part de son mécontentement aux autorités singapouriennes vis-à-vis de ses échanges économiques et diplomatiques avec Taïwan. En effet, récemment la Chine a rappelé son voisin singapourien d' »adhérer au principe d’une seule Chine et à traiter ses relations économiques avec Taïwan de manière prudente et appropriée ».

Le gouvernement chinois avait vivement réagit à l’accord de libre-échange, baptisé ASTEP (Partenariat économique entre Singapour et les territoires douaniers de Taiwan, Penghu, Kinmen et Matsu), signé en 2013 entre les deux îles. Cet accord est le premier du genre entre Taïwan et un pays d’Asie du Sud-Est, il vise principalement à accélérer l’intégration régionale de l’économie taïwanaise.

Singapour est le 5ème partenaire commercial de Taïwan et son 4ème marché à l’exportation. Selon des études menées par l’Institut de recherche économique Chung-hua, l’ASTEP devrait entraîner une hausse du PIB de Taïwan de l’ordre de 616 millions d’euros.

De même, le PNB de la République de Chine devrait augmenter de 1,2 milliard d’euros. Le ministère taïwanais s’attend à créer plus de 6.000 emplois au cours des 15 prochaines années, parallèlement à la mise en œuvre des termes de l’accord.

Suite à la signature de ce partenariat, le porte-parole du ministère des affaires étrangères, Hong Lei, avait alors expliqué que « notre position sur les échanges extérieurs de Taïwan est claire et cohérente. Nous n’avons aucune objection concernant les échanges culturels et commerciaux entre l’île et des pays étrangers, mais nous nous opposons à l’établissement de toute relation officielle ».

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