mardi, avril 2

Concurrence accrue entre Beijing et New Delhi dans l’Océan indien

En visite à l’île Maurice, les 11 et 12 mars 2015, le Premier ministre indien, Narendra Modi, a qualifié sa venue de « très spéciale », se disant enthousiaste de rencontrer « ses sœurs et frères de Maurice ». Pour les médias indiens, cette visite vise à contrer l’offensive chinoise dans la zone Océan indien.

Dans le cadre de sa nouvelle « Route de la Soie », Beijing investit dans les pays de la zone, comme Maurice, les Seychelles, et plus historiquement l’Union des Comores et Madagascar, faisant partie de sa stratégie envers les pays africains.

La présence de la Chine et notamment ses investissement inquiètent les autorités indiennes, qui bénéficiaient par le passé de relations très privilégiées avec ces pays. L’Inde doit désormais rattraper son retard diplomatique, économique et financier.

Renouer des partenariats

Pour Narendra Modi, les échanges entre les deux pays sont « solides« , cependant il y a encore des efforts à fournir, raison pour laquelle, il a évoqué la nécessité de travailler avec le nouveau Premier ministre mauricien, Sir Anerood Jugnauth, afin de « raffermir davantage » les échanges.

Le Premier ministre indien n’a pas caché sa détermination à construire un « potentiel commun« , destiné à renforcer la sécurité maritime de Maurice. Parti au Sri Lanka en mars 2015, Narendra Modi avait appelé à une plus grande coopération pour la sécurité maritime dans l’océan indien.

« Nous estimons profondément notre coopération dans le domaine de la sécurité avec le Sri Lanka. Nous devrions élargir la coopération en sécurité maritime entre l’Inde, le Sri Lanka et les Maldives pour inclure d’autres pays dans la zone de l’océan indien« , parmi lesquels les Seychelles et l’île Maurice. Pour le Premier ministre indien, le 21ème siècle sera déterminé par « les courants de l’océan indien« .

Cette idée était à l’ordre du jour des discussions avec le gouvernement mauricien, avec lequel il a passé 5 protocoles d’accord, pour un montant de 609 millions d’euros.

Les protocoles portent sur 1/l’expertise indienne dans le secteur de l’économie océanique; 2/l’amélioration de la connectivité avec les îles éparses via la construction et l’accès au transport aérien et maritime; 3/la mise en service du navire Barracuda; 4/la coopération dans le domaine de la médecine traditionnelle et la coopération culturelle pour la période de 2015 à 2018 et 5/ l’importation des mangues de l’Inde.

Le Premier ministre indien a indiqué aux médias, que l’une des tâches de l’Inde sera la construction d’un réservoir pour le stockage du pétrole et des facilités de ravitaillement à Maurice, renforçant la position de Maurice en tant que hub régional. Par ces engagements, l’Inde tente de rattraper son retard par rapport à la Chine, qui a déployé plusieurs programmes de développement avec Maurice.

Les Premiers ministres Narendra Modi (Inde) et Anerood Jugnauth (Maurice)
Les Premiers ministres Narendra Modi (Inde) et Anerood Jugnauth (Maurice)

Ainsi, Pékin a fait un prêt bonifié de plus de 7 millions d’euros et un don direct de près de 7 millions d’euros, pour « régler le problème de l’eau et des infrastructures », a annoncé le ministre des Finances, Vishnu Lutchmeenaraidoo, à TopFmRadio, en février 2015.

D’autres projets sont en négociation au sein de la Commission mixte sino-mauricienne, laissant penser que de nouveau investissement chinois vont être réalisés dans l’île.

Contrer Pékin à tout prix dans l’Océan indien

L’Inde a offert plus de 174 millions d’euros pour le projet de métro, toutefois cet argent sera utilisé dans le secteur des TIC, de l’eau et de l’énergie, a indiqué Sir Anerood Jugnaut. Enfin, il a été décidé d’enlever les frais payables pour le Visa par les Mauriciens qui entrent en Inde. De plus, selon le magazine spécialisé sur l’Asie, The Diplomat, le Premier ministre indien devrait offrir à ses voisins de l’Océan indien une assistance militaire et civile.

Pour sa part, la Chine a développé ses relations avec les territoires insulaires de l’Océan indien, avec la même stratégie qu’avec le continent africain, en investissant des millions d’euros dans le développement des infrastructures, des contrats maritimes, etc. Face à cette poussée chinoise, l’Inde tente de s’allier les pays de l’Océan indien à travers un partenariat militaire.

« L’Inde a un rôle en tant que fournisseur de sécurité dans la région de l’Océan indien », a expliqué au The Diplomat, un responsable indien de la défense, ajoutant que son pays aller fournir des navires de patrouille, des radars de surveillance « et la cartographie des océans pour le États insulaires« .

La situation reste tendue entre la Chine et l’Inde dans la zone. Pékin est parvenu à signer des accords avec les Maldives, quand New Delhi a fait face à des annulations de contrats de la part du gouvernement maldivien. « L’aide militaire de la Chine aux Maldives, au Sri Lanka, aux Seychelles et à Maurice est une question qui a causé beaucoup d’inquiétude en Inde. Sachant cela, il serait prudent pour (Narendra, ndlr) Modi d’éviter le sujet, ce qui pourrait résulter en un dilemme Chine ou Inde » a expliqué Vijay Sakhuja, directeur de la National Maritime Foundation of India, au quotidien mauricien, L’Express.

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