dimanche, mars 24

Croissance chinoise : il y a un problème !

Après une longue période d’inquiétude, le gouvernement chinois a annoncé ce mercredi une stabilisation de sa croissance économique, au second trimestre. Celui-ci s’est fixé à 7%, un taux mieux que prévu, en raison de l’accélération de la production industrielle et des ventes de détail en juin.

Alors que les experts estimaient le PIB de la Chine à 6,9%, l’annonce du gouvernement a démontré la solidité de l’économie chinoise, en pleine crise. Le pays avait enregistré en 2014 une croissance de 7,4%, soit la plus faible depuis le lancement des réformes économiques de Deng Xiaoping, obligeant Beijing à prévoir une croissance pour 2015 de 7%.

Malgré un résultat moins alarmant que prévu, pour certains observateurs, « la conjoncture dans la deuxième économie mondiale reste morose, sur fond de demande intérieure terne et le commerce extérieur chinois, pilier traditionnel de croissance, s’essouffle fortement », révèle l’Agence France Presse.

Une légère embellie

Cette légère embellie s’explique par les mesures de soutien mises en place par les autorités. En effet, depuis 2012, le gouvernement a lancé une série de mesure visant à anticiper une déclinaison de l’économie. En effet, la crise économique internationale pèse sur les exportations chinoises, principal moteur de l’économie, en privilégiant la consommation intérieure.

De nombreux enjeux économiques et sociaux attendent la Chine
De nombreux enjeux économiques et sociaux attendent la Chine

Trois secteurs ont permit cette stagnation. D’un côté, la production industrielle a de nouveau accéléré en juin, avec une progression de 6,8% sur un an, a indiqué le BNS. Ce taux est supérieur a celui prévu par les économistes de l’agence Bloomberg, qui estimé la hausse à 6%.

De l’autre, les ventes de détail en Chine, baromètre de la consommation des ménages, ont grimpé de 10,6% sur un an le mois dernier, au-delà de la prévision médiane des experts (+10,2%) selon l’AFP.

Et enfin, les investissements en capital fixe se sont accrus de 11,4% sur un an au premier semestre. Sheng Laiyun, porte-parole du Bureau Nation des Statistiques, a expliqué que « les principaux indicateurs pour le deuxième trimestre montrent que la croissance s’est stabilisée et est prête à accélérer, le dynamisme dans l’activité s’est renforcé ».

Mais, « il faut rester conscient que la demande intérieure tout comme la demande internationale pâtissent toujours d’un environnement difficile, et que la reprise économique mondiale est lente et tortueuse ». En effet, les exportations chinoises ont un peu rebondi (+2,1% sur un an), mais les importations diminuent de 6,7%.

Beijing contrôle son économie

Interrogé par BFMTV, Nicolas Doisy, économiste Senior chez Amundi a expliqué que cette embellie est essentiellement politique, mais elle démontre que la Chine détient désormais le contrôle de son économie.

Pour ce dernier, ce taux est « un affichage, parce que c’est un chiffre essentiellement politique. D’ailleurs, le Premier ministre disait lui-même qu’il avait ses propres indicateurs pour prendre connaissance de l’état réel de l’économie chinoise ».

La position est similaire pour le quotidien économique, Les Échos, qui a expliqué que Beijing « a cherché à rassurer des milieux d’affaires de plus en plus dubitatifs. (…) Les chiffres communiqués ont avant tout rempli une fonction politique ».

De son côté, Jasper Lawler, analyste de CMC Markets, cité par l’AFP, a assuré que les chiffres « sont positifs pour les perspectives de croissance mondiale et apaisent les inquiétudes sur la récente déroute des marchés actions ».

« On a un message du gouvernement qui dit que les choses sont sous contrôle », mais au-delà des chiffres et vis-à-vis des vicissitudes du marché, « ce n’est que la partie émergée de l’iceberg. Le problème chinois est plus ancien, il date d’il y a un an. Le ralentissement de la croissance chinoise est dans sa phase la plus marquée », a expliqué Nicolas Doisy.

Un chiffre en trompe l’œil

Ainsi, pour l’économiste, « on a un chiffre en trompe l’œil, parce qu’on ne saura jamais quelle est la vraie croissance chinoise ». D’autant plus que le chiffre de 7% « n’est pas crédible ».

Mais « ils admettent que la Chine est en déflation », parce que lorsqu’ « on additionne le PIB nominal et le PIB réel, on se rend compte que si on a 7% de croissance, dans ce cas, faut qu’on est une déflation du PIB qui soit très probablement en train de diminuer ».

D’une façon ou d’une autre, « la Chine admet qu’il y a un problème », a assuré l’économiste d’Amundi, qui a assuré que « ce qui n’est pas dit » le prouve. « La déflation n’est pas commentée », alors qu’elle est présente. « La vraie question est de savoir comment faire la transition pour tirer la croissance vers la consommation, « alors qu’on a un faux ralentissement dû au ralentissement de l’investissement ».

Pour lui, les choses devraient s’arranger par l’intervention des autorités, d’ici deux à trois ans. La Chine pourra alors retrouver une croissance forte et solide. Boris Titov, président du Comité d’amitié russo-chinois pour la paix et le développement, a indiqué dans une interview donnée à l’agence Xinhua, que « la croissance économique chinoise va apporter au monde de nouvelles opportunités de développement, particulièrement en matière de coopération dans la zone Eurasie. »

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