dimanche, avril 14

Une journaliste couvrant les violences domestiques tuée par son mari

La journaliste Hong Mei était en train de couvrir pour une télévision locale d’Ordos les effets de la nouvelle loi sur les violences domestiques, lorsque son mari l’interrompt puis la bat à mort.

Son mari, Jing Zhu, a été reconnu coupable le 20 mars d’agression et condamné à une peine de mort en suspension par le tribunal d’Ordos, en Mongolie intérieure. Les avocats et défenseurs des droits des femmes déplorent le chef d’accusation, car ce dernier n’a pas été accusé de meurtre alors qu’il apparaît évident qu’il souhaitait tuer Hong Mei.

Cao Chungfeng, avocat des parents de la victime, a indiqué au quotidien Caixin que « le mari a été accusé d’agression intentionnelle plutôt que de meurtre », ce qui lui évite une application immédiate de la peine de mort. En effet, selon le code pénal, la condamnation à mort est suspendue durant deux ans, et la peine pourra être commuée en année d’enfermement.

La première loi contre la violence domestique est entrée en vigueur en mars 2016. Hong Mei, 40 ans, était journaliste qui couvrait la mise en œuvre de cette nouvelle loi, selon Caixin. Elle a été tuée un mois après l’entrée en vigueur de cette loi inédite en Chine.

Selon le récit de la cour, le 5 avril 2016, Jing Zhu était en colère contre Hong Mei parce qu’elle ne répondait pas au téléphone et allait rentré tard. Il part donc à sa recherche et arrive dans un quartier résidentiel. Lorsqu’il la trouve, il l’a giflé, lui donne un coup de pied, puis la tire sur le siège arrière de sa voiture. C’est alors qu’il attrape ses cheveux et tape sa tête contre la vitre de la voiture.

Le lendemain, Hong Mei appelle à son travail pour dire qu’elle est malade et ne pourra pas venir. Dans la journée, son mari continu à la battre, elle décédera d’une hémorragie au cerveau, dû aux coups portés.  Le tribunal a indiqué que Jing Zhu est alcoolique, et s’est montré violent à de nombreuses reprises depuis que le couple est marié.

Interrogé par Caixin, Feng Yuan, cofondateur d’une ONG, basée à Beijing, spécialisée sur les violences domestiques, a déploré le fait que le tribunal n’a identifié le mari comme « agresseur fréquent », préférant seulement retenir le coups porté sur le moment et ayant entraîné la mort de Hong Mei.

Même si la nouvelle loi permet aux femmes de demander une protection, il n’apparaît pas évident pour Feng Yuan, de dire « si le verdict dans le cas de Hong marque des progrès significatifs dans la façon dont les affaires de violence domestique sont traitées en Chine ». D’autant plus qu’il existe de nombreux verdicts de la Cour n’ayant pas été rendus publics et ne permettant pas de statuer d’une évolution judiciaire.

De son côté, Maya Wang, chercheuse chez Human Rights Watch, se réjouit de cette sentence relativement sévère, assurant qu’elle pourrait servir de dissuasion auprès des maris violents. Cependant, pour cette dernière, les pressions exercées par le gouvernement de Xi Jinping sur la société civile, impacte sur les droits des femmes. Par exemple l’an dernier, le gouvernement a fermé un centre de défense des droits des femmes à Beijing dirigé par l’avocat Guo Jianmei.

A cela s’ajoute les nouvelles règles sur les organisations non gouvernementales étrangères, qui viennent en aide de différentes formes aux victimes de violence domestique, faute d’institutions et de structures de soutien.

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