mardi, mars 26

La Chine, nouveau créancier de la Grèce

En dépit des aides allouées par le FMI, la Banque Mondiale et l’Union Européenne, la Grèce subit toujours les effets de la crise. Dans un tel contexte, Wen Jiabao, a annoncé à Athènes, un plan de soutien massif à la Grèce.

Wen Jiabao
Premier ministre, Wen Jiabao

« La Chine a la volonté d’être une bonne amie et partenaire de la Grèce pour toujours, d’aller de l’avant la main dans la main, et d’accomplir un développement commun« , a assuré le Premier ministre.

Des accords lucratifs

Plusieurs mesures de soutien ont été décidé afin d’aider la Grèce, qui a une dette souveraine de près de 290 milliards d’euros. Une vingtaine d’accords commerciaux et de partenariats portant notamment sur la construction et la gestion d’infrastructures dans le port du Pirée ont été signé.

« La Chine mène en Grèce une politique judicieuse« , a estimé Deniz Ünal, économiste au Centre d’études prospectives et d’informations internationales (Cepii) et spécialiste de la Chine, dans Le Monde.

« Avec cette visite, Pékin fait d’une pierre deux coups. D’une part, elle contribue à sa façon à soutenir l’euro, en prenant en charge une part de la dette grecque. D’autre part, elle effectue des investissements dans un domaine où les infrastructures lui font cruellement défaut : le transport maritime. Elle profite de la suprématie grecque dans ce domaine pour assurer ses positions » a expliqué ce dernier.

Wen Jiabao a également annoncé que son pays allait recommencer à emprunter sur les marchés internationaux. En contrepartie, la Chine a signé 13 accords permettant le développement des investissements chinois en Grèce, notamment dans le dossier sur le port du Pirée près d’Athènes.

Ce port devrait devenir la plaque tournante des marchandises chinoises à destination de l’Europe. Beijing a également annoncé la création d’un fonds de 5 milliards de dollars pour soutenir la marine marchande grecque et ses armateurs. Enfin, les deux pays devraient d’ici 2015, intensifier leur coopération commerciale, passant de 4 à 8 milliards de dollars par an.

Une bouffée d’oxygène pour les européens

Selon certaines sources citées par les médias français, le gouvernement grec aurait fait appel à la Chine, au lendemain de la crise économique qu’a connu le pays.

En effet, à l’automne 2009, le gouvernement de Georges Papandréou annonce un déficit budgétaire  de 12,7 % du produit intérieur brut (PIB) et une dette publique à 115% du PIB, alors que la limite fixée par Bruxelles est de 3%. Les marchés perdent confiance, et le pays est classé en catégorie « spéculative » (junk bonds), passant de B à BB+.

« Cette dégradation résulte de notre nouvelle évaluation des défis économiques, politique et budgétaire auxquels le gouvernement grec est confronté dans ses efforts pour placer le fardeau de la dette publique sur une trajectoire soutenable« , a déclaré l’agence de notation Standard & Poor’s pour justifier ce classement périlleux pour l’économie grecque.

Pour relancer son économie, le gouvernement grec décide donc d’emprunter, 53 milliards d’euros, et de lancer un plan d’austérité (réduction des dépenses de l’État et des dépenses de santé, gel des salaires et des primes des fonctionnaires, recul de l’âge de la retraite). En vain, la situation reste tendue.

L’arrivée de la Chine est propice, car l’Allemagne et la France sont réticentes à prêter de nouveau de l’argent au pays. Les économistes estiment que les aides chinoises devraient permettre au gouvernement de réduire le déficit budgétaire à 7% du PIB en 2011.

La Grèce, porte d’entrée de la Chine ?

Pour Deniz Ünal, Beijing fait coup double. Tout d’abord, elle soutien à sa manière l’euro, en prenant en charge une part de la dette grecque. Ensuite, elle effectue des investissements dans le transport maritime, profitant des points forts de la Grèce dans ce domaine. Ainsi, la Chine assure ses positions dans la région.

De son côté, Bei Xu, économiste chez Natixis, spécialiste de la Grande Chine (Continent, Taïwan, Hong Kong, Macao) a expliqué à La Croix, qu’il ne voyait pas « en quoi les accords signés ce week-end entre Pékin et Athènes permettent de dire que la Chine veut faire de la Grèce sa porte d’entrée spécifique sur l’Europe ».

La Chine « finance une partie de la dette publique grecque, c’est vrai, mais ce n’est par le premier pays avec lequel elle le fait. La Chine a déjà acheté de la dette espagnole en Europe, sans parler de la dette américaine, japonaise ou même coréenne », a ajouté ce dernier.

Les investissements chinois ne sont pas bien accueillie en Europe, bien que les échanges entre les deux parties ont évolué avec une balance commerciale déficitaire de 133 milliards d’euros en 2009, contre 49 milliards en 2000.

Dans le cas de la Grèce, la situation est complexe, en effet les Grecs ont exporté pour 3 milliards d’euros de marchandises vers la Chine en 2009, alors qu’ils importaient pour 93 milliards d’euros de produits chinois. Dans une telle situation, les européens restent prudents. D’un côté, ils veulent conserver les investissements chinois mais de l’autre ils craignent de voir leur marché inondé par les produits « made in China ».

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