mardi, avril 16

Les dettes des entreprises sont « une faille fondamentale » dans l’économie

David Lipton, 1er directeur général adjoint du Fonds Monétaire International (FMI), a déclaré dans une allocution devant des économistes du Chinese Economists Society à Shenzhen, que les autorités chinoises devraient agir rapidement pour réduire l’endettement des entreprises.

« Les problèmes d’endettement des entreprises aujourd’hui peuvent devenir des problèmes d’endettement systémique demain. Des problèmes d’endettement systémique peuvent conduire à une croissance économique bien plus faible ou à une crise bancaire. Ou aux deux« , a assuré ce dernier.

Des données colossales

Globalement, la dette s’élève à 225% du produit intérieur brut (PIB). Sur cette donnée, la dette publique représente environ 40% du PIB, tandis que celle des ménages est également d’environ 40%.

« Les deux ne sont pas particulièrement élevés par rapport aux normes internationales« , mais « la dette des entreprises est une autre affaire« . Celle-ci représente près de 145% du PIB, « ce qui est très élevé« , a commenté David Lipton.

L’économiste a insisté sur les entreprises publiques qui représentent environ 55% de la dette totale des entreprises. Un taux trop élevé car leur part dans la production économique n’est que de 22%.

De plus, « ces entreprises sont beaucoup moins rentables que les entreprises privées. Dans un cadre d’une croissance économique plus lente, la combinaison de la baisse des revenus et de la hausse de l’endettement compromet la capacité des entreprises à payer les fournisseurs ou les créanciers« .

D’ailleurs, les banques octroient de plus en plus de « prêts improductif » avec des créances tout aussi improductives. « L’an dernier, le boom du crédit a juste étendu le problème« , a indiqué ce représentant du Fonds monétaire international.

Améliorer la gouvernance des entreprises

Au cours de son allocution, David Lipton a évoqué plusieurs leçons à tirer, afin d’éviter « un cycle répétitif de croissance du crédit, d’endettement et de restructuration d’entreprises« . Il a souligné que « la Chine est unique à bien des égards« , car il s’agit du 1er pays « à éprouver des difficultés de la dette des entreprises« .

Cependant, pour éviter une accumulation des problèmes, ce dernier préconise d’une part, d’« agir rapidement et efficacement, ou le problème ne fera qu’empirer« . Ensuite, de s’assurer « de traiter avec les créanciers et les débiteurs« , car « certains pays ont juste retiré les mauvais prêts des bilans bancaires et ont recapitalisé les banques« , laissant les entreprises non rentables fonctionner. Et enfin, « lorsque vous corrigez les bilans des entreprises et des banques, il faudra aborder les problèmes de gouvernance qui ont donné lieu à ces problèmes ».

Pour ce dernier, il ne faut pas simplement « dégonfler la bulle de la dette (qui, ndlr) apportera uniquement un effet temporaire », mais résoudre les problèmes de fonds : la gouvernance. Du côté chinois, Le Quotidien du Peuple a pour la 3ème fois évoqué le problème du surendettement, affirmant qu’un « haut niveau d’endettement, voilà le péché originel ».

« Abandonner l’illusion de réduire l’endettement »

Le 9 mai, le journal officiel du pouvoir – citant une « source autorisée » – a expliqué que le pays allait s’exposer à une crise financière, si le gouvernement compte trop sur une politique de relance financée par la dette.

Ainsi, « un endettement élevé entraînera inévitablement des risques élevés, qui pourraient conduire à une crise financière systémique, une croissance économique négative et même menacer l’épargne de tout à chacun« , a indiqué cette source, relevé par Reuters.

« Nous devrions complètement abandonner l’illusion de réduire l’endettement en assouplissant les conditions monétaires pour stimuler la croissance« , a assuré la source anonyme.

Raison pour lesquelles, il est préconisé de « réduire les risques sur les marchés« , à la fois sur le marché des changes, le marché boursier, le marché de la dette ou de l’immobilier, et surtout dans le secteur bancaire.

La croissance de la 2nde économie mondiale a ralenti à 6,7% au 1er trimestre 2016, mais l’activité s’est reprise en mars, puis stabilisée en mai, après une série de mesures de l’Etat, comme la hausse des investissements dans les infrastructures grâce à l’octroi de crédits bancaires.

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