mardi, mars 5

Les Iles Paracels, symbole du « Sarajevo contemporain » ?

Disputées par la Chine, Taïwan et le Vietnam, les îles Paracels sont capitales pour ces pays car « qui contrôle cette poussière d’îlots contrôle le monde, car par là transite le tiers du commerce mondial », a expliqué l’essayiste Guy Sorman, dans une « chronique d’ailleurs » publiée dans Le Point.

Il apparait évident pour ce dernier que « l’archipel Paracels constitue le verrou méridional », en pleine mer de Chine méridionale, d’autant que « la navigation en mer de Chine dépendent notre mode de vie et notre pouvoir d’achat », et de fait la mondialisation.

Guy SormanRaison pour laquelle, la VIIème Flotte américaine, dirigée du porte-avions « George Washington » contrôle la zone, afin d’éviter le piraterie et de s’assurer du respect des règles internationales de navigation.

Dans un tel contexte, envisager les îles Paracels comme étant le nouveau Sarajevo s’explique par « l’ambition de Xi Jinping, le plus imprévisible parmi les chefs d’État en Asie« . Ce dernier souhaiterait « transformer la mer de Chine, d’une zone internationale ouverte à tous, en un ‘lac chinois’, dont sa marine deviendrait le seul gardien ».

Pour cela, l’essayiste avance la tactique du grignotement par les extrémités de la Chine pour éviter un conflit direct avec les États-Unis. D’une part, la prise de contrôle des îles Paracels, l’extension de sa surface avec la construction d’une piste d’atterrissage et u ne base de missile.

Ainsi, « la mer de Chine se ferme par le sud. Au nord, Pékin tente de séduire la Corée du Sud, lui offrant la réunification des deux Corées en échange de leur neutralisation ». Guy Sorman assure que « si le gouvernement chinois parvenait à ses fins, l’artère de la mondialisation serait verrouillée par les deux bouts ».

Bien qu’un tel scénario laisserait le champ libre aux États-Unis, allié incontournable de Séoul, qui a d’ailleurs signé avec les américains plusieurs accords de coopération économique et militaire. Une présence plus prononcée de Washington dans la région et surtout une résolution de la crise entre la Corée du Nord et la Corée du Sud ne serait pas une solution acceptable, car « la position de la Chine consiste uniquement à maintenir suffisamment la tête de la Corée du Nord hors de l’eau de façon à ce qu’elle n’implose pas mais aussi de façon à ce qu’elle reste désunie avec la Corée du Sud« , a expliqué Jean-Vincent Brisset, expert de la Chine à l’IRIS.

chine corée du nordLa Chine « peut utiliser la Corée du Nord comme sous-traitant pour des fabrications, ce qui lui permettrait de bénéficier d’une main d’oeuvre bon marché, de se débarrasser d’un certain nombre de productions ; cela permettrait par ailleurs à la Corée du Nord de se relever légèrement sur le plan économique et donc d’être moins dépendante de l’aide chinoise. Ainsi, des stratégies gagnant-gagnant semblent être en train de se mettre en place entre la Chine et la Corée du Nord« , a ajouté ce dernier à Atlantico.

Pour l’essayiste, « le conflit que se noue aux Paracels et en Corée est de la même nature : les dirigeants  chinois sont engagés dans une guerre des vanités pour démontrer que seules comptent deux puissances, la Chine à l’est et les États-Unis à l’ouest. Un monde bipolaire, c’est le rêve à long terme de la Chine ».

Ainsi, ne sous-estimant pas les Etats-Unis, « Xi Jinping juge l’instant propice pour annexer l’annexion de l’archipel », sans oublier les îles Spratleys, et l’île Sarborough.

D’ailleurs, selon Guy Sorman, face aux revendications chinoises sur ces territoires, les  américains « ont adopté une stratégie dite de ‘containment’, un arc de cercle antimissile et un système d’alliances qui va du Japon jusqu’à l’Inde. La Chine est cernée et l’armée japonaise, théoriquement défensive, pourrait si nécessaire passer à l’offensive ».

Cette stratégie américaine, soutenue par l’Europe, devrait retarder le conflit et perpétrer la mondialisation « jusqu’au jour où le régime chinois s’effondrera de l’intérieur : les rébellions des ‘minorités’ ethniques, l’hostilité des jeunes envers un régime toujours plus répressif, la corruption généralisée et une économie qui semble à bout de souffle ».

Pour ce dernier, « le scénario positif, vu d’Occident, serait une perestroïka chinoise, une démocratisation et démilitarisation de l’intérieur et l’éviction de Xi Jinping. Le scénario tragique ? Un accident involontaire dans les Paracels, l’équivalent du coup de feu de Sarajevo. Sans négliger un troisième scénario que nul n’imagine : mais c’est dans cette zone qu’il se produira et là que se tricote notre destin ».

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