mercredi, mars 6

Resserrement de la politique monétaire

La Banque Populaire de Chine resserre la vis de sa politique monétaire en relevant de 0,10 point ses taux courts sur le marché monétaire. Le but est de lutter contre la hausse du crédit, éviter l’éclatement de la bulle immobilière, et pour défendre le taux de change du yuan.

Ainsi, les taux à 7 jours, 14 et 28 jours ont augmenté de 0,10 point à 2,35%, 2,5% et 2,65% respectivement depuis le 3 février. Il s’agit d’une première depuis 2013 pour les taux à 7 et 14 jours, et depuis 2015 pour le taux à 28 jours.

Ce relèvement « est important car il laisse à penser que la PBOC modifiera ses taux plus fréquemment en 2017 », a indiqué Raymond Yeung, économiste du cabinet ANZ Research, à l’Agence France Presse.

Pour Zhou Hao, économiste à la Commerzbank, cité par l’agence Bloomberg, cette décision vise « à combattre les bulles spéculatives, de l’immobilier aux matières premières ».

Dans le cadre de sa transition économique, Beijing a incité l’emprunt à des taux bon marché, pour acheter des logements à des prix en hausse constante. Mais face à un éclatement de la bulle, la Banque Populaire de Chine (BPC) a décidé de réagir et de resserrer le coût du crédit.

« L’objectif de la hausse du taux d’intérêt est de réduire l’endettement et d’empêcher une surchauffe de l’augmentation des crédits. Avec cette décision, le coût des prêts aux entreprises va augmenter« , a indiqué à l’AFP Zhang Fayu, directeur de recherche pour le fonds privé Million Tons Capital.

Craignant les conséquences de l’endettement des entreprises et ménages, la BPC agit. Mais « dans ces conditions, ce n’est plus qu’une question de temps avant que la croissance du crédit, moteur crucial de la reprise économique en 2016, ne devienne un frein »,  a estimé l’économiste Julian Evans-Pritchard, du cabinet Capital Economics.

D’autant que le gouvernement tente de freiner la fuite des capitaux, qui a atteint 1’000 milliards de dollars (913 mds €) en 2015 et près de 700 milliards de dollars (639 mds €) sur les 10 premiers mois de 2016. Cette fuite des capitaux entraîne un repli du yuan, qui est tombé à son plus bas niveau depuis huit ans face au dollar.

Le 27 janvier, des experts d’UBS avaient indiqué que les taux d’intérêt ne changeraient pas en 2017, compte tenu « du fardeau important que représente le service de la dette du pays ». D’ailleurs, afin de stabiliser le niveau de la dette et de maîtriser les risques financiers, UBS a prévu que « le gouvernement s’efforcerait d’abaisser graduellement l’agrégat monétaire M2, à savoir la masse monétaire au sens large qui couvre les liquidités en circulation et tous les dépôts, et la croissance des prêts cette année ».

De son côté, Julian Evans-Pritchard s’est dit ne pas attendre à un relèvement des taux directeurs cette année, mais il prévoit que le taux à 7 jours finisse à 3%, en 2017.

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