mardi, avril 23

Suez et Veolia tirent leur chapeau

Alors que le gouvernement durcit ses mesures environnementales, multiplient les contrôles et les amendes auprès des industriels, principaux producteurs de déchets et de substances toxiques, les spécialistes du traitement de l’eau et des déchets, Veolia et Suez, sont devenus les acteurs majeurs dans la lutte contre la pollution en Chine.

Greenpeace explosion Tianjin Août 2015
Greenpeace explosion Tianjin Août 2015

Après la catastrophe industrielle provoquée par deux explosions dans un entrepôt de produits chimiques dans le port de Tianjin, en août 2015, le niveau de pollution du sol et de l’air ont grimpé. Cependant, Veolia a pu prendre en charge l’eau contaminée utilisée pour éteindre le feu, grâce au centre de traitement de déchets dangereux.

En effet, environ 700 tonnes de cyanure de sodium, produit chimique hautement toxique, étaient stockées dans l’entrepôt du port de Tianjin touché par les deux déflagrations. « Si cette eau contaminée avec du cyanure (…) n’avait pas été traitée correctement, elle aurait pu causer des dégâts sur l’environnement et le voisinage« , a indiqué ce 29 mai, Ling Caï, directrice du site à l’Agence France Presse.

L’an dernier, le pays avait augmenté sa capacité quotidienne de traitement des eaux usées de 3,5 millions de tonnes, atteignant une capacité quotidienne totale de 175 millions de tonnes. Cependant, il reste encore 30% des eaux usées industrielles rejetées dans l’environnement.

Veolia veut 25% du marché des eaux usées

Pour répondre aux nouvelles normes écologiques, la Chine n’hésite pas à faire appel au savoir étranger. Ainsi, en 2014, Antoine Frerot, président du conseil d’administration et CEO du Groupe Veolia, expliquait au China Today que « la Chine est un pays ouvert aux technologies étrangères, c’est pour cela que le marché chinois est le plus accueillant pour le Groupe ».

 En visite en Chine, ce dernier a expliqué à l’AFP que sont entreprise vise « un doublement de notre chiffre d’affaires consolidé d’ici 2018 », dont « un tiers sera dans l’eau industrielle et un tiers dans les déchets toxiques ».

Veolia-Logo-vector-imageL’an dernier le groupe y a réalisé un chiffre d’affaires consolidé de 600 millions d’euros (dont Hong Kong) et de 1,3 milliards d’euros au prorata des participations de Veolia dans les co-entreprises où il est présent, comme la TEDA-Veolia de Tianjin.

Pour les marchés industriels, Veolia possède 6 sites d’incinération de déchets toxiques et 4 en construction. La compagnie avait assuré avoir des projet d’investissement sur 50 ans pour le plus long et 15 ans pour l’échelle la plus courte.

Désormais, Veolia vise « 25% à terme de parts de marché » sur le traitement des eaux usées, selon Régis Calmels, son président pour l’Asie. En effet, la Chine compte près de 5’000 usines de traitement des eaux usées, dont 90% sont utilisées tous les jours.

Suez compte sur ses  joint-ventures

De son côté, la compagnie Suez exploite l’incinérateur de déchets dangereux du parc industriel pétrochimique de Shanghai (SCIP) et construit actuellement une autre unité à Nantong dans le Jiangsu. Sans oublier, la création en novembre 2015 d’une nouvelle entreprise en Chine, Derun Environment, qui est désormais le 1er opérateur privé en Chine dans l’environnement.

« Jamais une entreprise occidentale n’avait signé un accord de ce niveau, englobant à la fois les métiers de l’eau et des déchets », avait expliqué à La Croix, en novembre 2015, Marie-Ange Debon, directrice générale adjointe de Suez, chargée de l’international.

Suez a décidé de se lancer dans la gestion de l’eau et des déchets, pour cela elle s’est associée au hongkongais New World Services (NWS) et à Chongqing Water Assets, société municipale des eaux de Chongqing.

SUEZ_ENVIRONNEMENTTrès présent dans l’Empire du milieu, Suez prévoit une croissance de l’ensemble de ses activités en Chine « au moins égale à la croissance de la Chine », indique à l’AFP Jean-Louis Chaussade, directeur général de Suez, ce qui représente une hausse d’environ 6,5% par an.

Une forte concurrence  

D’une part, les deux géants sont au coude à coude, mais la montée en puissance des entreprises locales, issues des grandes municipalités comme Beijing Water Enterprises, Beijing Capital ou Shanghai Industrial Investment freinent l’expansion des deux français.

Cependant, les deux compagnies ont le mérite, avouée par les dirigeants chinois, de partager leurs connaissances et expériences. Suez a créé à Shanghai un centre de recherches de plus grosses plates-formes pétrochimiques d’Asie, assurant également la gestion de l’eau et des déchets. Tandis que Veolia a mit en place 3 centres de formation à la gestion, la technologie et la culture d’entreprise, en partenariat avec les ministères chinois.

L’atout des deux Français reste leur « savoir-faire, non seulement technologique mais aussi dans l’opération des sites » qui leur réserve les segments « pointus, à plus haute valeur ajoutée » comme les déchets dangereux, a expliqué à l’AFP, Arnaud Bisshop, gérant du fonds d’investissement spécialisé Pictet-Water.

Surtout que les deux géants ont un boulevard devant eux car « il n’y a pas beaucoup de concurrents internationaux, hormis quelques sociétés Singapouriennes comme Hyflux ou Sembcorp », a souligné ce dernier.

Réagir vite

Conscient du niveau de pollution dans le pays, le gouvernement a lancé plusieurs mesures visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre, traiter tous les déchets et eaux usées, s’assurer que les entreprises respectent les nouvelles normes environnementales …

Station d'épuration (Veolia) d'Hedong, près d'Urumqi
Station d’épuration (Veolia) d’Hedong, près d’Urumqi

La Chine est souvent saluée pour les mesures qu’elle a engagé dans la lutte contre la pollution. D’ailleurs d’après les médias chinois, le dernier rapport des Nations Unies, venant du Programme de l’environnement de l’ONU (UNEP), paru le 27 mai, met en avant les efforts réalisés par Beijing pour lutter contre la pollution de l’air.

Dans son rapport, intitulé « Révision du contrôle de la pollution de l’air à Beijing : 1998-2013″, les Nations Unies font l’éloge de la politique environnementale de Beijing. Pour le directeur exécutif de l’UNEP, Achim Steiner, dans l’avant-propos du rapport, « de manière remarquable, les concentrations des polluants clés, tels que le dioxyde de soufre, le dioxyde d’azote et les particules fines, ont diminué respectivement de 78%, 24% et 43% ».

Malgré l’augmentation de 70% de la population, la hausse record (300%) du nombre des véhicules immatriculés et la consommation énergétique a grimpé de 77%, « la ville a amélioré la qualité de l’air, tout en maintenant un rythme de croissance rapide », d’après ce dernier.

He Kebin, directeur de l’École de l’environnement de l’Université Tsinghua, et un des auteurs du rapport, a expliqué que la municipalité avait « adopté une solution combinant l’optimisation de la structure énergétique, le contrôle des émissions causées par la combustion du charbon, la surveillance des émissions des véhicules et le renforcement de la supervision de la qualité de l’air ».

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