mardi, mars 26

Thé : le secteur craint la venue d’investisseur chinois

La compagnie Chinoise Mauristea Investment Co.Ltd investit 5 millions d’euros, suscitant la crainte des opérateurs locaux, qui voient en cette nouvelle arrivée une réduction de leurs parts sur le marché local et une concurrence déloyale.

Le thé noir de Maurice est la spécialité de Mauristea Investment Co.Ltd, qui achète des petits planteurs et fabrique ce type de thé. Plus de 30 tonnes de KuanFu tea sont exportés en Chine.

La venue de Mauristea devrait relancer une production en baisse, alors que le thé mauricien est très demandé à l’étranger. D’ailleurs, le gouvernement a décidé de donner un nouveau souffle au secteur en fournissant entre autre aux planteurs des fertilisants.

agroindustrymauriceLe ministre de l’Agro-industrie, Mahen Seeruttun, a expliqué que la croissance annuelle de 7% de la demande mondiale « démontre à quel point le thé est apprécié. Plusieurs grandes villes européennes proposent des boutiques spécialisées en thé. Dans le passé, on a converti des terres sous culture de thé vers la canne à sucre au prix plus intéressant. La tendance s’est inversée aujourd’hui. Nous avons identifié 600 arpents à convertir. Une pépinière sera aussi créée ».

« Des investisseurs étrangers, surtout de Chine, ont montré leur intérêt. L’un d’eux a investi plus de Rs 200 millions pour exporter vers la Chine. Une cinquantaine de boutiques de thé mauricien seront ouvertes en Chine », a souligné le ministre.

Cependant, l’arrivée de Mauristea sur le marché local fait craindre à 2 des 3 principales entreprises mauriciennes du secteur, une concurrence plus intense. En effet, ces dernières assurent que l’investisseur chinois peut payer ses planteurs et cueilleurs de thé plus cher qu’eux et de fait prendre un plus de place sur le marché mauricien.

Sans compter, que Mauristea vient d’obtenir une dizaine d’arpents de terre pour la culture de thé à Dubreuil, et pourrait agrandir ses cultures. Dominique Chelin, de la Bois Chéri Tea Factory, a expliqué à L’Express que « pur le moment, nous ne sentons pas le danger, mais je crains pour l’avenir. Surtout avec les facilités mises à sa disposition par le gouvernement, qui nous donnent à réfléchir ».

Ce dernier fait référence à l’obtention par Mauristea de terrains appartenant à l’État et aux autorisations des autorités pour ouvrir des boutiques spécialisées. Pour Dominique Chelin, « trois opérateurs sont suffisants pour le marché local », cette arrivée risque de déstabiliser le secteur et à long terme pourrait créer un monopole.

Plant de théAshvin Bokhoree, Managing Director de La Chartreuse, a également indiqué ne pas comprendre « pourquoi la compagnie chinoise a obtenu autant de facilités », cite L’Express. Pour ce dernier, le plan lancé par le gouvernement pour relancer la production n’aura aucun impact d’autant que « l’arrivée de Mauristea n’aidera en rien ce secteur ».

Ce dernier a assuré que le plus important à traiter aujourd’hui est la qualité des plats. « Les plants de thé sont vieux de plus de 30 ans chez nous. S’il faut cultiver à nouveau, il faut attendre au moins cinq ans pour pouvoir cueillir les feuilles », a indiqué Ashvin Bokhoree.

De son côté, Mauristea par la voix de Stéphanie Stafford, secrétaire administrative de la compagnie chinoise, a assuré que sa compagnie n’était pas « une concurrente pour le marché local », car « nous nous spécialisons dans le thé spécial et nous vendons notre thé à l’étranger, en Chine particulièrement. Nous cherchons d’autres marchés en Europe ».

« Quant à la part du marché local, elle est minime. Notre thé mis sur le marché local est destiné à une catégorie spécifique de clients. Ce thé se vend entre Rs 89 (environ 2 euros) et Rs 20’000 (500 euros) dépendant du grade et du volume », a indiqué cette dernière.

D’ailleurs, la compagnie Mauristea se dit prête à racheter le thé des planteurs qui le souhaitent. Une concurrence jugée déloyale par les deux opérateurs de La Chartreuse et de la Bois Chéri Tea Factory.

 Pour le ministre de l’Agro-industrie, Mahen Seeruttun, il ne devrait pas y avoir de concurrence, car le thé spécial de Mauristea est destiné au marché étranger. Mais il a surtout assuré que les petits planteurs auront plus d’opportunités pour vendre leur thé et surtout améliorer la qualité des feuilles de thé dans leur plantation.

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