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45 ans après le tremblement de terre à Tangshan

De notre stagiaire Manon KBidi – Le 28 juillet 1976, à 3h42, la Chine a été victime d’un des tremblements de terre les plus meurtriers du 20e siècle.

La ville de Tangshan dans la province Hebei (nord-est) a été détruite en 23 secondes et 85% des bâtiments de la ville furent globalement détruits.

Plus de 240 000 personnes ont perdu la vie, 160 000 autres ont été blessés et plus de 4000 enfants sont devenus orphelins. Cette année, la Chine commémore le 45e anniversaire du tremblement de terre de Tangshan.

Les sismologues estiment que le tremblement de terre a atteint la magnitude de 8,2 sur l’échelle de Richter, alors que le gouvernement chinois évalue la magnitude entre 7,6 et 7,8. Quinze heures plus tard, un second tremblement de terre de magnitude 7,1, a frappé la ville, faisant de nouveaux morts.

A l’époque, selon les chinois, ce séisme annonçait un mauvais présage et une révocation du «Tianming», c’est-à-dire du «Mandat du ciel».

Cette croyance est fondée sur le principe que le Ciel accorde le pouvoir aux dirigeants sages et vertueux. Cependant, si ceux-ci ont une mauvaise conduite ou sont corrompus, leur mandat est révoqué.

Selon les chinois, ce concept permet d’appréhender les manifestations naturelles comme des messages du Ciel. Les catastrophes naturelles sont perçues comme des signes témoignant de la réprobation du Ciel, ce qui légitime le peuple à se rebeller, pour qu’une dynastie plus vertueuse se voie confier le Mandat du Ciel.

D’après certains chinois, le tremblement de terre de Tangshan était un message du ciel pour prédire la mort du président Mao. Effectivement, un mois après la catastrophe, le 9 septembre 1976, Mao Zedong est décédé.

Aujourd’hui, un rescapé du séisme a partagé ses souvenirs et ses sentiments dans un article du CGTN. «Dans ma collection personnelle, il y a une enveloppe jaunâtre et sombre avec plus d’une douzaine de photos des décombres après le tremblement de terre. C’était ma « maison ».»

Les années se sont écoulées, mais il est impossible d’effacer cet événement de la mémoire et du cœur des victimes.

Le survivant a rajouté que «la durée de ce séisme était trop longue. Plus tard, mon voisin d’en bas a dit que j’avais crié pendant tout le tremblement de terre, j’avais hurlé, mais je ne savais même pas que je criais»

«J’ai tenu mon fils fermement et j’ai essayé de me retourner et de le presser en dessous de moi, mais c’était impossible […]. La vieille charpente en bois du toit craquait terriblement, et les briques et les tuiles du toit tombaient dans la maison comme une forte pluie. […]. Je sentais que mon immeuble était sur le point de s’effondrer.»

«Quand je suis sorti de la ruelle en courant, j’ai vu que la rue sombre était pleine de gens qui couraient sous le choc. Beaucoup de gens étaient à moitié nus. […] Tenant mon fils, j’ai couru vers un terrain découvert avec ma femme à l’entrée de la rue, vérifiant qu’il n’y avait pas de grands immeubles et de poteaux téléphoniques autour», a-t-il déclaré.

Selon les sources du site d’information CGTN, huit heures après le tremblement de terre 140 000 membres de l’Armée populaire de libération sont venus sauver plus de 16 000 personnes.

A ce moment là, «j’ai couru chez moi pour trouver un vélo. Le voisin a vu que je n’avais pas de pantalon extérieur, alors il m’a donné un pantalon de travail avec une jarretelle», a expliqué le miraculé.

«Après le tremblement de terre, il faisait extrêmement chaud. Après une journée de course, j’étais en sueur. Quand je suis revenu dans l’après-midi, l’argent dans ma poche était étroitement collé… »

Quatre jours après le séisme, près de 20 000 personnels médicaux et plus de 30 000 techniciens se sont précipités à Tangshan pour porter secours aux habitants, a affirmé le CGTN.

Quelques mois après le séisme, les chemins de fer ont rouvert à la circulation, les écoles, les usines et les magasins ont repris leurs productions.

Un an après le tremblement de terre, les entreprises industrielles de Tangshan ont complètement repris leurs productions. La deuxième année qui a suivi le séisme, la valeur de la production industrielle de la ville a dépassé le niveau d’avant le séisme et la production agricole a été entièrement restaurée.

Quarante ans après le tremblement de terre, Tangshan a connu «une décennie de construction et restauration, de revitalisation économique, de développement rapide et d’essor».

Depuis Tangshan a subi une réelle transformation et renaissance. En 2015, le produit national brut par habitant et les recettes fiscales de Tangshan ont classé la ville au premier rang dans la province du Hebei, pendant de nombreuses années consécutives.

En 2020, le PIB annuel de Tangshan a été multiplié par plus de 330 par rapport à 1975 avant le séisme, permettant à la ville de conserver sa place au premier rang.

Après quasiment un demi-siècle de dur labeur, Tangshan a pu renaître de ses cendres et devenir une ville moderne et industrielle au bord de la baie de Bohai. Avec plus de 3 millions d’habitants, elle se situe au cœur d’une municipalité de 13 400 km2 et d’une agglomération de plus de 7 millions d’habitants.

Aujourd’hui Tangshan avec Pékin et Tianjin forment un véritable un pôle de développement économique et industriel majeur, avec plus de 30 millions d’habitants. Il s’agit de l’une des trois plus denses concentrations urbaines de Chine.

Aujourd’hui, le souvenir de ce tremblement de terre consiste davantage à commémorer la mémoire de ceux qui ont perdu la vie et de permettre aux rescapés de partager leurs douleurs et leurs cicatrices.

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