dimanche, avril 14

Attaquer Taïwan est « une option pour mettre fin à l’indépendance »

La Chine attaquera Taïwan s’il n’y a pas d’autre moyen de l’empêcher de devenir indépendante, a déclaré Li Zhanshu, président du Comité permanent de l’Assemblée populaire nationale (APN).

Cette déclaration marque une escalade rhétorique de la Chine visant la République de Chine que Beijing revendique comme sienne. S’exprimant au Grand Palais du Peuple, à l’occasion du 15e anniversaire de la loi anti-sécession, Li Zuocheng, a laissé la porte ouverte au recours à la force.

La loi de 2005 donne à la Chine une base juridique lui permettant d’agir militairement contre Taïwan si celle-ci fait sécession ou semble sur le point de faire du détroit de Taïwan une zone de confrontation.

« Si la possibilité d’une réunification pacifique est perdue, les forces armées populaires, avec l’ensemble du pays, y compris le peuple de Taïwan, prendront toutes les mesures nécessaires pour briser résolument tout complot ou action séparatiste », a déclaré Li Zuocheng.

« Nous ne promettons pas d’abandonner le recours à la force et nous réservons la possibilité de prendre toutes les mesures nécessaires pour stabiliser et contrôler la situation dans le détroit de Taïwan », a-t-il ajouté.

Bien que la Chine n’ait jamais renoncé au recours à la force pour mettre Taïwan sous son contrôle, il n’est pas rare qu’un officier supérieur en poste fasse de manière explicite la menace dans un cadre public.

Les commentaires sont particulièrement frappants au milieu de la contestation internationale actuelle contre la Chine, suite à la nouvelle législation sur la sécurité nationale pour Hong Kong.

Li Zuocheng est d’ailleurs l’un des rares officiers supérieurs chinois ayant une expérience de combat, car il a participé à l’invasion du Vietnam en 1979. D’ailleurs, Taïwan est la question territoriale la plus sensible de la Chine. Beijing assure qu’il s’agit d’une province chinoise et a dénoncé le soutien de l’administration américaine de Donald Trump à l’île.

Li Zhanshu, le troisième plus haut dirigeant du PCC au pouvoir et chef du parlement chinois, a déclaré lors du même événement que les moyens non pacifiques étaient une option de dernier recours.

« Tant qu’il y aura la moindre chance d’une résolution pacifique, nous déploierons cent fois l’effort », a déclaré Li Zhanshu. Cependant, il a averti « sévèrement les forces indépendantistes et séparatistes de Taïwan : le chemin de l’indépendance de Taïwan mène à une impasse, toute contestation de cette loi sera sévèrement punie ».

Taïwan n’a montré aucun intérêt à être dirigé par le gouvernement chinois, dénonçant même les exercices militaires répétés de la Chine près de l’île et rejetant l’offre de Beijing d’un modèle «un pays, deux systèmes».

La Chine se méfie profondément de la dirigeante taïwanaise Tsai Ing-wen, accusée par le pouvoir central d’être une séparatiste déterminée à déclarer l’indépendance officielle de la République de Chine.

Cette dernière a d’ailleurs indiqué que Taïwan est déjà un pays indépendant, appelé la République de Chine, son nom officiel. Tsai Ing-wen et son Parti démocratique progressiste ont remporté les élections présidentielles et parlementaires en janvier, et ont promit de tenir tête à Beijing.

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L’humeur à Taïwan envers la Chine s’est encore dégradée depuis que l’Assemblée nationale populaire a adopté le 28 mai une nouvelle législation sur la sécurité nationale pour Hong Kong, gouvernée par la Chine.

Il n’y a pas eu de réaction immédiate du gouvernement de Taïwan aux propos de Pékin. Mais un haut fonctionnaire de Taïwan, familier avec les plans de sécurité de l’île, a déclaré à l’agence de presse Reuters que Beijing saisissait l’occasion de l’anniversaire de la loi pour «intimider Taïwan» et «contester le statu quo dans le détroit de Taïwan» alors que le pouvoir central fait face à la contestation à Hong Kong.

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