vendredi, avril 19

Beijing et Bruxelles s’attèlent à être sur la même longueur d’onde

La Chine et l’Union européenne veulent accélérer les échanges, afin de contrer les prochaines mesures économiques envisagées par Donald Trump, cependant, cela passe par la reconnaissance du statut d’économie de marché par l’UE pour Beijing.

Ministre des affaires étrangères, Wang Yi

Lors de sa visite en Europe, le ministre des affaires étrangères, Wang Yi, a rencontré avec Sigmar Gabriel, vice-chancelier et ministre des Affaires étrangères d’Allemagne, qui lui a assuré que Berlin apporterait « son aide à la promotion des négociations sur le traité bilatéral d’investissement Chine-UE« .

Un sommet plus tôt que d’habitude

Cette année, la Chine et l’Union européenne vont tenir leur Sommet annuel, plus tôt, afin d’aborder des questions sensibles et cruciales à l’heure actuelle : libre-échange, mondialisation et les défis de la coopération sino-européenne. Le 16 février, le porte-parole du ministère des affaires étrangères, Geng Shuang, avait indiqué que « nous maintenons la communication et la coordination avec l’UE pour le Sommet de cette année et nous publierons l’information au moment opportun« .

Ce dernier a répondu aux déclarations d’officiels européens ayant assuré à l’agence de presse, Reuters, que Bruxelles se préparait « pour un Sommet anticipé avec la Chine en avril ou en mai à Bruxelles, afin de promouvoir le libre-échange et la coopération internationale face à un gouvernement américain plus protectionniste ».

Pour Wang Yiwei, directeur du Centre d’études internationales de l’Université Renmin, « l’UE a besoin d’un sommet avec la deuxième économie mondiale pour assurer à sa population et à ses élites, qu’il existe un ami puissant en Orient prêt à soutenir l’intégration régionale européenne et le libre-échange ». 

L’universitaire a estimé que l’objectif de ce sommet était d’envoyer un message au président américain, Donald Trump, assurant que « l’UE n’est pas seule, si les Etats-Unis refusent de soutenir l’intégration européenne ».

De son côté, Beijing a besoin de ce grand rendez-vous « pour résoudre, par la négociation avec nos partenaires européens, les difficultés et les problèmes dans la coopération économique et commerciale », a souligné Wang Yiwei.

Reconnaître le statut d’économie de marché à la Chine

Pour sa part, Wang Yi a indiqué à Sigmar Gabriel que la Chine espère que l’Allemagne incite Bruxelles à honorer rapidement l’article 15 du Protocole sur l’adhésion de la Chine à l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC).

De nombreuses manifestations de sidérurgistes européens ont eu lieu durant les débats au Parlement sur l’octroi du SEM à la Chine

En effet, 15 ans après son entrée à l’OMC, la Chine devait accéder dès le 11 décembre au statut d’économie de marché, libre de taxes. Or craignant un déferlement de produits chinois à bas prix sur son marché, l’UE a décidé de contourner l’obstacle en annonçant de nouvelles mesures anti-dumping.

Pour Cui Hongjian, directeur du Département européen de l’Institut chinois des études internationales, la non reconnaissance de l’UE est « un obstacle au renforcement de la coopération commerciale entre la Chine et l’UE ».

Pourtant, en novembre 2016, Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, a annoncé de nouvelles mesures législatives anti-dumping et anti-subventions pour continuer à « lutter contre les distorsions de marché, mais sans désigner spécifiquement la Chine ». Il s’agira d’appliquer une nouvelle règle à l’ensemble des pays de l’OMC, pour pouvoir contrer la Chine, qui ne pourra pas dénoncer la discrimination.

De son côté, Beijing a porté plainte contre l’Union européenne devant l’OMC pour la non reconnaissance de son statut d’économie de marché. Car d’après Jia Jinjing, chercheur à l’institut des finances Chongyang de l’université Renmin, « pour environ un tiers des produits présents sur le marché mondial, la Chine occupe la première part de marché ».

Raison pour laquelle, « il est presque impossible pour ces pays d’espérer protéger leurs industries nationales similaires, et les importateurs [passent] par des réexportations par d’autres pays pour éviter les droits élevés. Avec pour résultat que ce sont les pays de transit qui en tirent des bénéfices, que le pays importateur impose des droits élevés, et que finalement ce sont les consommateurs qui subissent des pertes injustifiées » a expliqué ce dernier.

 

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