jeudi, avril 25

Carrie Lam tente le « dialogue » à Hong Kong

La cheffe de l’exécutif hongkongais, Carrie Lam, a participé ce 26 septembre soir à une réunion publique, afin de renouer le contact avec sa population, alors qu’elle est depuis plus de trois mois la cible des critiques des manifestants pro-démocratie.

Hong Kong traverse depuis juin sa crise politique la plus grave depuis sa rétrocession à Beijing en 1997, avec des actions quasi quotidiennes pour dénoncer le recul des libertés et les ingérences grandissantes du gouvernement chinois.

Cette « session de dialogue » est la première tentative réelle de Carrie Lam pour rencontrer ses détracteurs. « Quelle que soit votre opinion, je crois que nous avons un objectif commun, dans l’intérêt de Hong Kong », a déclaré cette dernière sur Facebook.

Aucune information ne dit si la dirigeante a des mesures à proposer aux manifestants, ou si la frange la plus radicale du mouvement laissera cette réunion publique se dérouler sans heurts.

La mobilisation est partie du rejet d’un projet de loi prévoyant d’autoriser les extraditions vers la Chine continentale. Un texte que les manifestants considéraient comme une violation du principe « Un pays, deux systèmes », présidant la rétrocession.

Face à la vague d’indignation, Carrie Lam a finalement annoncé l’abandon du projet de loi. Mais elle a exclu toute autre concession supplémentaire aux manifestants qui demandent notamment une enquête indépendante sur le comportement de la police ; une amnistie pour les 1.500 manifestants arrêtés ; ou encore l’avènement d’un véritable suffrage universel.

Le 25 septembre, un des plus hauts représentants de Beijing à Hong Kong, Song Ru’an, adjoint au bureau du ministère des Affaires étrangères à Hong Kong, a vu dans ces revendications un « chantage politique ».

Or avec de telles déclarations, il apparaît que Carrie Lam n’a que peu de marge de manoeuvre pour désamorcer la crise. Et nombre de manifestants ont vu dans le dialogue qui se tient ce 26 septembre un « piège », sachant que leurs revendications sont connues.

Pour autant, plus de 20.000 habitants de Hong Kong ont postulé pour participer à la rencontre qui devrait durer deux heures dans un gymnase du quartier de Wanchai. Les 150 personnes participantes ont été tirées au sort, selon les autorités. Elles seront priées de laisser à l’entrée tout objet associé aux manifestations, qu’il s’agisse de parapluies, casques, masques à gaz ou banderoles.

D’après des médias locaux, les forces de l’ordre vont se montrer discrètes, mais 3.000 policiers se tiendront quand même prêts à intervenir en cas de nouveaux débordements. De plus, des policiers en tenue anti-émeute ont été filmés en train d’apporter dans le gymnase des réserves, parmi lesquelles des stocks de grenades lacrymogènes et de bombes de gaz poivre.

Carrie Lam, qui a été élue par un comité acquis à Beijing, est le responsable politique le plus détesté de tous les chefs de l’exécutif qui se sont succédé depuis 1997. A tel point que ses dernières apparitions, ou celles de membres de son équipe, entraînent des manifestations d’hostilité.