vendredi, mars 29

Chine – Afrique : des échanges culturels ancrés dans l’histoire

Par Yoro Diallo – Le 1er Octobre 2019, le vaillant Peuple Chinois célébrera le 70ème anniversaire de l’avènement de la République Populaire de Chine à l’indépendance et à la souveraineté internationale.

A cette occasion, comme il est de coutume, le Peuple chinois tout entier, debout comme un seul homme aura l’esprit sur le passé. Il rendra hommage aux 13 pionniers fondateurs du Parti Communiste Chinois en 1921, aux martyrs des guerres de résistance et de la guerre mondiale antifasciste.

Il exprimera son désir de paix, de développement et de prospérité partagé. Dans le contexte de cette célébration, il nous a été donné de  relevé le symbolisme des échanges artistiques et culturels qui marquent les relations entre la Chine et l’Afrique depuis des siècles.

Nous notons avant tout que les échanges artistiques et culturels favorisent le dialogue fécond entre les communautés et les cultures. Ils constituent un outil de communication, de renforcement de l’estime réciproque et des liens d’amitié entre des peuples. Les échanges artistiques et culturels contribuent à renforcer la compréhension politique entre les pays, le respect mutuel et à promouvoir une coopération fructueuse gagnant-gagnant.

La Chine est le pays d’une brillante civilisation cinq fois millénaire. L’Afrique est le berceau de l’humanité, terre de riches cultures. Les civilisations d’Afrique et de Chine ont apporté une contribution inestimable au progrès de l’humanité. Il est de bon aloi que l’empire du milieu et le vieux continent aient eu des échanges artistiques et culturels à une période de l’histoire humaine où certains pays notamment les Etats Unis d’Amérique n’existaient pas sur la carte du monde.

Google photo. Les USA n’existaient pas sur la carte du monde avant 1492

Les contacts entre la Chine et l’Afrique ont débutés il y a deux mille ans sous la dynastie Han. Il est rapporté que les premiers Africains à se rendre en Chine furent des acrobates originaires d’Égypte en l’an 112 avant Jésus Christ (BC112). Les premiers Chinois qui ont visité l’Afrique furent des Huan de la dynastie Tang au milieu du 8ème siècle. Sous la dynastie Yuan, les contacts entre la Chine et l’Afrique se sont multipliés.

L’explorateur chinois du nom de Wang Dayuan a voyagé en touriste jusqu’au Zanzibar, actuelle Tanzanie. Il a écrit des notes de voyage intitulées « Dao Yi Zhi Zhi Lve ». C’est à dire « Brèves Annales des îles étrangères ».  Sous la dynastie Ming de 1405 à 1433, le navigateur Zheng He a effectué sept (07) missions d’exploration à travers l’Asie, l’Inde et le monde Arabe. A trois reprises il a atteint la Côte Est de l’Afrique, le Mozambique et Madagascar. Zheng He a écrit plusieurs documents sur les civilisations africaines. A la suite de ces différents contacts, les échanges entre la Chine et l’Afrique porteront sur des produits de commerce.

La soie, la porcelaine et autres objets précieux chinois seront importés en Afrique. La Côte Est du continent sera connue sous le nom de « Côte de la porcelaine » en raison de l’apport important de la porcelaine chinoise. Dans certains pays d’Afrique de l’Est on raconte à présent avec enthousiasme l’histoire des voyages de Zheng He. L’Afrique exportait vers la Chine entre autres produits : l’ivoire, l’ambre, les cornes de rhinocéros, des animaux rares comme l’autruche etc.

Grâce aux échanges culturels, l’Afrique et la Chine vont se rapprocher étroitement, développer une appréciation mutuelle, un attachement cordial emprunte d’amitié, de respect et de considération réciproque. En 1955, les échanges artistiques et culturels officiels débuteront entre la Chine et l’Afrique. La Chine et l’Égypte signent à Beijing un Protocole d’Accord de Coopération Culturelle.

En 2000, la création du Forum sur la Coopération Sino-africaine offrira aux deux parties une plate forme idéale pour formaliser un cadre de coopération dans tous les domaines de développement y compris celui des échanges culturels. Le Sommet du Forum sur la Coopération Sino-africaine tenu à Beijing en 2006 va établir un nouveau type de partenariat stratégique entre la Chine et l’Afrique caractérisé par l’égalité sur le plan politique, la confiance mutuelle, une coopération économique gagnant-gagnant et des échanges artistiques et culturels. Le Plan d’action de Beijing 2006 adoptera trois importantes initiatives.

A savoir : mettre en œuvre les programmes d’échanges bilatéraux entre gouvernements ; promouvoir et soutenir les expositions d’art et les représentations au niveau local et entre les peuples ; mettre en place un Programme Visiteurs Culturels Africains. Grâce aux efforts conjoints des deux parties, ces différentes initiatives seront mises en œuvre avec pragmatisme dans tous les domaines visés. La Chine créera des centres culturels dans certains pays africains (Égypte, Bénin, Ile Maurice etc.).

Ces centres culturels chinois sont devenus des portes ouvertes permettant aux populations africaines de mieux comprendre la Chine et la culture chinoise. Au cours des dernières années plus de 800 membres de troupes d’art chinois se sont produit en Afrique à l’occasion de festivals d’art ou de célébrations d’événements organisées par des pays africains. La Chine a invité plus de 400 artistes d’une trentaine de pays africains à se rendre en Chine et à se produire lors de festivals culturels internationaux.

Depuis 2009, le Programme Visiteurs Culturels Africains connait un essor remarquable. Le Ministère de la Culture de Chine œuvre à la réalisation dudit programme en invitant des  responsables et personnalités de la culture africaine à se rendre en Chine pour participer à des activités telles que les tables rondes sur la politique culturelle et le projet « Africa Guets Painters Visit », afin d’approfondir les échanges culturels Chine-Afrique.

La coopération dans les domaines de l’éducation (universités et établissements d’enseignement supérieur) fait partie intégrante des échanges culturels entre la Chine et l’Afrique. En droite ligne de l’adage Chinois selon lequel « il est appréciable de donner à quelqu’un du poisson, mais il est préférable de lui apprendre à pêcher », la Chine a mit en œuvre le programme de formation des talents africains. En trois ans le pays a formé 30.000 talents de différents domaines des pays africains.

Elle a octroyé des bourses à 18.000 étudiants africains, renforcé le transfert de technologie et le partage des expériences. Depuis 2016 la Chine augmente régulièrement d’année en année le nombre de bourses d’études accordées par le gouvernement chinois aux jeunes africains. A partir de 2009, la Chine a porté le nombre de bourses à 4 000 par an. Aujourd’hui, le pays compte environs 62.000 étudiants africains pour la plupart boursiers du Gouvernement chinois.

La Chine a ouvert des instituts et des salles de classe Confucius dans une vingtaine de pays africains. Dans le domaine de la presse et de la communication des mécanismes de coopération ont été mit en place avec de nombreux pays. Plusieurs pays Africains ont ouvert des bureaux de presse en Chine.

Les activités «Cultures in Focus» que la Chine et l’Afrique organisent sont désormais des moments forts et significatifs des échanges culturels entre la Chine et l’Afrique. Les cultures chinoise et africaine sont mises en valeur par les activités « Focus sur la culture chinoise » et « Focus sur la culture africaine ».  Dans le cadre de « La Culture Africaine à la Une», la Chine a organisé une série d’événements culturels de grande envergure à Beijing, Shenzhen, Qinghai et Gansu au cours de l’année 2010.

Ces événements ont incontestablement apporté des contributions notables au renforcement de la compréhension mutuelle d’un point de vue humain. Dans la perspective des relations Sino-africaines, particulièrement des relations entre personnes (en Anglais people to people relations), les activités « Cultures in Focus » ont sans aucun doute une signification hautement stratégique.

A cet égard nous faisons notre la déclaration du Président Xi Jinping:

« Nous devons accorder davantage d’importance aux échanges culturels entre la Chine et l’Afrique, renforcer la compréhension et la connaissance mutuelles entre les Chinois et les Africains, consolider le fondement social de la cause de l’amitié sino-africaine. Les relations sino-africaines marquent une œuvre s’orientant vers l’avenir, œuvre qui a besoin des efforts inlassables des jeunes aux nobles aspirations de génération en génération. Les deux parties doivent pousser en avant les échanges entre les jeunes pour qu’ils ne manquent pas de successeurs dans l’œuvre de l’amitié sino-africaine ».

 Il ajoutera : « Les échanges culturels Sino-africains, sous leurs diverses formes et leur riche substance, ont découlé de minuscules ruisseaux dans un puissant fleuve. Les Chinois et les Africains unissant leurs efforts dans le nouveau millénaire, les échanges culturels florissants entre la Chine et l’Afrique promettent de s’épanouir davantage ».