vendredi, mars 29

« La Chine n’a plus besoin de centrales à charbon supplémentaires »

La Chine, premier émetteur mondial de gaz à effet de serre, « risque de gaspiller 460 milliards d’euros sur de nouvelles centrales à charbon qui seront inutiles à cause des changements structurels de son économie, des objectifs de capacité non liés au charbon, des réformes du secteur de l’électricité et des prix du carbone« , a indiqué le dernier rapport de Carbon Tracker Initiative (CTI).

L’étude réalisée par l’ONG montre qu’en juillet 2016, les capacités des centrales à charbon existantes s’élevaient à 895 gigawatts (GW), mais ces 2 689 sites ne sont utilisés qu’à moitié.

Et pourtant, de nombreuses centrales à charbon sont construites, chaque année, avec une capacité de 205GW, et des projets de construction sont envisagés, totalisant 405GW supplémentaire.

Or ces constructions sont  « incompatibles avec les objectifs du 13ème plan quinquennal » du pays, assure l’ONG. En effet, ce plan prévoit la réduction de la surcapacité de production de charbon, la fermeture d’entreprises « zombies », criblées de dette et contre-productive, et le développement d’énergies vertes.

Pour l’organisation londonienne, il s’agit d’un mauvais investissement, car « une capacité supplémentaire au-delà des centrales existantes n’est requise qu’en 2020, si la croissance de la production d’électricité dépasse 4% par an et si les centrales à charbon sont exploitées à un taux d’utilisation de 45% ou moins ».

Toutefois, « il est clair que la Chine accepte le fait qu’elle n’a pas besoin de plus de capacité de charbon sur un marché où les usines existantes ne fonctionnent même pas la moitié du temps », a indiqué Carbon Tracker Initiative.

Mais « le contexte politique dynamique suggère que la Chine essaie de trouver comment éviter de gaspiller un demi-billion de dollars (460 milliards d’€) sur des centrales au charbon inutiles « , a indiqué Matthew Gray, analyste principal et auteur du rapport, sur le site de CTI.

D’autant que l’économie continue son ralentissement, à laquelle s’ajoute une baisse de la consommation énergétique, passant de 10% à 3% par an. « La Chine en est venue à se rendre compte qu’elle doit freiner » sa production de charbon, a assuré CTI. Bien que cette énergie fossile reste indispensable à l’économie, fournissant 60% de l’électricité du pays.

L’ONG explique que « compte tenu des augmentations attendues de la production hors charbon (hydroélectrique, éolienne, solaire, gazière, nucléaire et biomasse), au cours de l’exercice 13 (ndlr, 2015-2020), qui ne peut plus que répondre à ce niveau d’augmentation de la demande d’électricité, la production de charbon pourrait chuter de 8% » entre 2015 et 2020.

D’ailleurs, Beijing a promis de réduire de 250 millions de tonnes cette année ses capacités de production de charbon et d’abaisser à 62,6% en 2016, la part du charbon dans son mix énergétique.

Le pays entend également moderniser d’ici 2020 ses centrales au charbon pour diminuer de 60% les émissions des principaux éléments polluants et s’est engagé à stabiliser ses émissions de CO2 autour de 2030.

Une nécessité car « les réformes du secteur de l’électricité et l’introduction d’un système national d’échange de quotas d’émission signifient que la rentabilité actuelle de la flotte de charbon ne devrait pas continuer. C’est essentiel pour que la Chine commence à planifier une élimination de sa capacité de charbon« , a indiqué Matthew Gray.

Raisons pour lesquelles, « la Chine n’a plus besoin de centrales à charbon supplémentaires (…) Cette mauvaise allocation d’investissements est symptomatique d’écueils structurels« , a assuré l’ONG.

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