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Chine/Corée du Nord : le tir de fusé nord-coréen inquiète la communauté

Les autorités nord-coréenne ont autorisé le lancement d’un missile, à partir du site de Tongchang-ri, non loin de la frontière chinoise, dans l’ouest du pays. Ce tir lancé le 12 décembre est passé à la verticale de l’île japonaise d’Okinawa, créant l’inquitétude.

D’après l’agence de presse nord-coréenne, KCNA, ce tir était un moyen de placer en orbite un satellite météo. Des fragments sont tombés sur toute la région, notamment en mer Jaune, en mer de Chine de l’Est et dans le Pacifique, soit à environ 200 km des côtes sud-coréennes et philippines. Il s’agit du second tir d’un engin à longue portée des autorités nord-coréennes cette année après un lancement mené en avril.

La Chine regrette ces lancements

Allié de son voisin nord-coréen, Beijing a ouvertement regretté ce mercredi 12 le tir d’une fusée, lancé apparemment pour la première fois avec succès, d’après le porte-parole de la diplomatie chinoise, Hong Lei. Ce dernier a expliqué lors d’un point presse : « nous exprimons nos regrets à propos du lancement de la Corée du Nord en dépit des graves inquiétudes de la communauté internationale ».

De son côté, le ministère des affaires étrangères russe a regretté « profondément le lancement du missile nord-coréen effectué contre l’avis de la communauté internationale et malgré les appels de la Russie. Moscou relève que par cet acte Pyongyang a violé la résolution du CS de l’ONU lui interdisant de tirer des missiles balistiques ».

A la différence de ces deux derniers, la Maison blanche a qualifié ce tir d' »acte hautement provocateur » et a annoncé son intention de travailler avec ses partenaires internationaux à une « action appropriée » contre Pyongyang.

Dans sa suite, l’Union Européenne a envisagé de nouvelles restrictions, après celles imposées en 2009, à travers notamment les résolutions 1718 et 1874. Pour sa part, le secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-Moon, a dénoncé « une violation claire de la résolution 1874 dans laquelle le conseil demande à la Corée du Nord de ne pas procéder à des lancements utilisant la technologie de missiles balistiques ».

Les Nations unies avaient adopté des résolutions interdisant à la Corée du Nord de procéder à ce genre de tirs et à des essais nucléaires après les tests opérés en 2006 et 2009. Raison pour laquelle, la colère monte au sein des gouvernements sud-coréen et japonais, qui, en pleine élection présidentielle, ont convoqué chacun de leur côté, des réunions de crise de leurs conseils de sécurité.

chine corée du nordSelon des médias japonais, cités par l’AFP, le Japon, les États-Unis et la Corée du Sud ont convenus de demander au Conseil de sécurité de l’ONU un renforcement des sanctions à la hauteur de celles frappant l’Iran. Les trois pays alliés souhaitent geler les avoirs à l’étranger, à partir d’une liste élargie, d’institutions financières, d’entreprises et de personnalités nord-coréennes.

Les ministres européens des Affaires étrangères ont, quant à eux, indiqué qu’un tir de fusée serait considéré comme « une provocation », qui entraînerait sans doute des mesures de rétorsion.

Preuve de force de Kim Jong-un

Ce lancement, selon Pyongyang, visait à placer en orbite un satellite météo. Une information confirmée par le commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord (Norad), qui a indiqué que la fusée a déployé dans l’espace un objet qui aurait atteint son orbite.

« Le lancement de la seconde version de notre satellite Kwangmyongsong-3 depuis le centre spatial de Sohae (…) est réussi » et « le satellite est entré en orbite comme prévu », a annoncé l’agence de presse officielle du régime nord-coréen KCNA. Cette fusée est symbolique car son lancement intervient au moment premier anniversaire de la mort de Kim Jong-il, père et prédécesseur de Kim Jong-un, actuel dirigeant nord-coréen. Les observateurs, cités par l’agence de presse, Reuters, ont estimé que ce tir de fusée a également une portée sur le plan intérieur car elle vise à consolider l’autorité de Kim Jong-un.

« C’est un coup de pouce considérable pour asseoir le pouvoir de Kim Jong-un », a indiqué Cho Min, analyste auprès de l’Institut coréen pour l’unification nationale. En effet, selon un responsable du gouvernement sud-coréen, « la transition à la tête du pouvoir ne se déroulait pas aussi facilement que prévu pour le jeune homme et que certains signes laissaient penser à la possibilité de voir apparaître une dissidence » a révélé Reuters.

La position « ambiguë » de la Chine

Pour Valérie Niquet, responsable du pôle Asie à la Fondation pour la recherche stratégique, a estimé la position de la Chine vis-à-vis de son voisin nord-coréen de « très ambiguë ». « Pékin a fait des déclarations à la suite du tir, comme à son habitude, très . D’un côté, la Chine déclare regretter cet essai, mais d’un autre côté, Pékin rappelle que Pyongyang a le droit de procéder à un usage pacifique de l’espace », a expliqué la chercheuse.

Ajoutant que « la Chine appelle toutes les parties à faire preuve de calme, ce qui signifie qu’elle met sur le même plan la Corée du Nord, le Japon ou les États-Unis ». Allié de la Corée du nord depuis plus de 60 ans, « Pékin ne souhaite pas perdre la Corée du Nord, qui constitue, selon l’analyse chinoise, un atout stratégique qu’elle ne veut pas abandonner ».

Cependant, « il y a eu un changement de direction récemment en Chine, mais, pour le moment, on ne voit pas d’évolution stratégique. Depuis quelques années, la Chine a adopté une attitude plus agressive en Asie ». La Chine « dénonce notamment le retour des États-Unis en Asie. Et, dans ce contexte, la perte de la Corée du Nord serait considérée comme un échec. Donc, même si Pékin aimerait une Corée du Nord plus ‘normale’, elle n’est pas prête à prendre les mesures qui aboutiraient à un effondrement du régime nord-coréen« , a assuré Valérie Niquet, au quotidien Le Monde.

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