vendredi, mars 29

Colère, racisme, la tension reste forte à Paris

Suite au décès de Shaoyo Liu, touché à son domicile par le tir d’un policier, une manifestation a eu lieu devant un commissariat parisien. Ce père de famille chinois aurait agressé avec des ciseaux un autre agent, selon la police.

Cette version est contestée par la famille, qui affirme que le quinquagénaire « n’a blessé personne » et que l’homme, qui se trouvait avec ses enfants, était « en train de tailler des poissons avec des ciseaux« . Selon l’avocat de la famille, « les policiers ont ouvert de force la porte de l’appartement, ce qui l’a propulsé vers l’arrière« . Ce dernier a indiqué au média RT que Shaoyo Liu n’a « porté aucun coup » et « ne s’est pas précipité » sur les policiers qui auraient « tiré sans sommation ».

Pour le quotidien conservateur, Global Times, la police est raciste et l’opinion publique indifférente au sort des chinois et français d’origine chinoise. Les journaux télévisés ont largement couvert l’affaire de ce père de famille de 56 ans tué par des policiers en civil.

Les forces de l’ordre ont mis en avant la légitime défense lors d’une intervention pour un « différend familial« , alors que la famille du défunt conteste cette version. Le Global Times a estimé pour sa part dans un éditorial que la mort de la victime « ne pourra en aucun cas être pardonnée« .

« Beaucoup de Chinois installés en France pensent que cette affaire reflète les préjugés raciaux de la police française« , affirme le quotidien, ajoutant que « malheureusement, la police parisienne n’a montré qu’indifférence et arrogance dans toute cette affaire ».

Suite à l’incident, le ministère chinois des affaires étrangères a demandé à Paris de faire « toute la lumière sur cette affaire » et de traiter « la réaction des Chinois vivant en France d’une manière raisonnable« .

Arrestations de manifestant le 28 mars au soir

Lundi soir, une manifestation avait eu lieu au même endroit avait dégénéré. 35 personnes avaient été interpellées dont 9 étaient toujours en garde à vue mardi soir, selon la préfecture de police.

Le lendemain, une dizaine de personnes ont été interpellées pour jets de projectiles lors d’une manifestation ayant réuni « environ 400 personnes » devant un commissariat du 19e arrondissement, pour protester contre la mort d’un Chinois tué par un policiers dimanche 26 mars.

Les manifestants ont dénoncé lors de ce mouvement de contestation : « police assassin » ou « injustice, injustice« . Issus principalement de la communauté chinoise, les manifestants sont venus soutenir la famille de la victime et dire leur « colère » face au manque de sécurité.

En fin de soirée « les manifestants ont quitté les lieux » et quelques personnes sont restées sur place. « Un attroupement a eu lieu » avant d’être « dispersé« , selon une source policière, citée par l’Agence France Presse.

Un ras bol écarté par les pouvoirs publics

La colère s’embrasse en 2010, après l’agression de plusieurs convives d’un mariage au restaurant par des jeunes de quartier, afin de voler les enveloppes rouges offertes aux mariés. Cette première manifestation réunie plus de 10 000 personnes qui descendent dans la rue pour dire « Halte à la violence » et « J’aime Belleville ! ».

L’année suivante, une nouvelle agression est à l’origine d’un mouvement de protestation. Un employé dans un restaurant est violemment agressé, au point de tomber dans le coma. En réaction, 20 000 personnes défilent avec un mot d’ordre : « Sécurité pour tous ».

La Brigade Spéciale de Terrain est installée à Belleville à l’été 2011. Peu d’agressions sont enregistrées, parce que les commerçants se sont organisés entre eux afin d’être plus vigilants. Les grands restaurants, accueillant des cérémonies, ont embauché des vigiles pour protéger les convives. Toutefois, la colère est enracinée notamment chez les plus jeunes, qui veulent en découdre.

En août 2016, Zhang Chaolin est agressé par trois personnes dans une rue d’Aubervilliers. Près de 2 000 personnes descendent dans les rues pour crier leur colère face aux agressions répétées. La mobilisation prend de l’ampleur et s’étend dans la capitale française, durant plusieurs jours. La tension est forte car cette fois, le caractère « raciste » de l’agression est mis en avant.

Rui Wang, président de l’Association des jeunes Chinois de France, a indiqué au quotidien Le Monde, que « sur fond de racisme, on dit que les Chinois ont beaucoup de liquide sur eux, mais la plupart sont très pauvres : les quelques Chinois qui arrivent à faire fortune n’habitent pas à Aubervilliers« .

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