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Coopération sino-africaine: création d’un centre d’études sur l’Afrique » a IASZNU

Par Yoro Diallo – Le 16 octobre 2020, l’Institut des Études Africaines de Zhejiang Normal University (IASZNU) s’est enrichit d’un nouvel instrument d’études africaines par la création d’un Centre d’Etudes sur la Sécurité et le Développement en Afrique, en Anglais « Center for African Security and Development ».

Zhejiang Normal University

La création de ce Centre renforce l’IASZNU dans sa position de premier Institut complet en Chine, dédié aux Etudes Africaines. Fondé le 1er septembre 2007 à l’initiative du Prof. Liu Hongwu, Chang Jiang Scholar (distingué professeur), sous l’égide du Ministère des Affaires Etrangères (MFA) et du Ministère de l’Education (MOE) de Chine, l’Institut comprend une quinzaine de centres couvrant tous les domaines d’études sur l’Afrique.

Suite à ses performances académiques, l’IAS est devenu une véritable institution en Chine et  de la province du Zhejiang. Zhejiang est la quatrième province de Chine en matière de développement durable après Shanghai, Beijing et Tianjin.

Elle est  la première  à réussir à sortir tous les districts et  bourgs de la pauvreté.  Zhejiang est une province côtière riche et développée avec des villes industrielles, commerciales et pittoresques comme Hangzhou (la capitale provinciale au cadre de vie paradisiaque) ; Yiwu (le super marché à ciel ouvert) ; Guangzhou (mégapole commerciale et d’affaires) ; Wenzhou, Jiaxing, Huzhou, Shaoxing, Jinhua, Quzhou, Zhoustan, Taizhou, et Lishui.

La province doit sa notoriété, son rayonnement économique et sa splendeur culturel au programme de développement pragmatique mis en œuvre par le Président Xi Jinping lorsqu’il y était gouverneur en 2002.

La Conférence inaugurale  du dernier né des centres d’études de l’IAS m’a donné l’occasion de d’échanger avec les participants sur le thème du jour ; à savoir : « Coopération Sino-Africaine : Sécurité et Développement ; opportunités, défis et perspectives« .

En Afrique, la Sécurité et le Développement sont deux paradigmes étroitement liés. Les problèmes y découlant sont aussi nombreux que variés avec des caractéristiques complexes et multiformes. Chaque pays, chaque région a ses propres réalités, ses défis politiques, économiques, sociaux et culturels. Tous les pays Africains ont en commun l’héritage de la colonisation européenne.

Les peuples souffrent des séquelles de cette occupation barbare, portent entre autres sur des frontières tracées par les puissances coloniales lors de la conférence (partage de l’Afrique) de Berlin en 1885, l’ingérence multiforme des anciennes puissances coloniales dans la gouvernance des pays Africains. Cette situation alimente et ou entretient les conflits ethniques et les luttes de pouvoir. Elle est accentuée par le manque de la primauté du droit, la faiblesse des institutions et le manque d’éducation.

Dès lors les conditions favorisant l’émergence des organisations criminelles et l’extrémisme religieux sont réunies. Ces organisations criminelles et extrémistes (Boko haram, Al Quaïda au Maghreb Islamique –AQMI-, El Shebab, etc…) qui essaiment l’Afrique et freinent son développement ont souvent des connections insoupçonnées hors du continent. Ce sombre tableau invite à  explorer la situation dans une zone spécifique ; le Sahel  par exemple.

Le problème de la sécurité au Sahel est essentiellement lié aux rebellions Touarègues. A ces rebellions se sont annexés l’extrémisme religieux et le crime organisé. Que faut-il comprendre des Rebellions Touarègues dans le Sahel?

Depuis l’invasion coloniale de la France dans la zone particulièrement dans l’espace du Mali actuel, il est apparu de façon cyclique des « rebellions Touarègues » dont la nature et les objectifs ont variés en fonction des contextes politiques, sociaux, économiques sur les plans national et international.

S’agissait-il d’un irrédentisme à caractère ethnique, de stratégie de positionnement d’un groupe ethnique visant à asseoir une hégémonie perdue, d’une manipulation de l’ancien colonisateur dans son désir au relent de néo-colonisation d’une zone dont le sous-sol serait riche en ressources ?

C’est en toile de fond de l’histoire d’une zone dominée par l’Empire Songhaï (des Noirs) au VIIème siècle, de l’Empire du Mali au XIIIème siècle et plus tard par l’empire colonial français, que les rebellions Touarègues ont généré une chaine opératoire cyclique  qui a débuté au lendemain de l’accession des pays de la région à l’indépendance. Il s’agit du Mali, du Niger, du Tchad, de la Mauritanie et du Burkina Faso.

Cette chaine opératoire cyclique (rébellion- accords de paix-intégration- désertion ; rébellion- accords de paix-intégration-désertion…) s’est manifestée à quatre reprise de 1963 à 2012 dans la zone dont le Mali  est l’épicentre.

  • La première rébellion qui a durée de 1963 à 1964, recelait les germes d’une tendance indépendantiste, partie prenante de l’Organisation Commune des Régions Sahariennes (O.C.R.S) créée par le colonisateur Français en janvier 1957. Cette Organisation visait l’expansion économique et sociale des zones sahariennes sous domination coloniale Française. A la gestion de l’OCRS pouvait participer l’Algérie, la Mauritanie, le Mali, le Niger, et le Tchad, soit l’ensemble du monde Touareg, appelé « le Sahara des Nomades ». L’un des objectifs de l’OCRS était de séparer le Maghreb de l’Afrique subsaharienne au moment où l’on découvrait les richesses pétrolières et gazières dans le Sahara Algérien. Cette rébellion participait des turbulences défavorisant l’instauration de pouvoirs centraux étatiques en formation dans les pays nouvellement indépendants.
  • La deuxième, celle de 1990-1995 apparait dans le contexte d’un mouvement social contre un régime dirigé par un militaire (1968-1991) au Mali. Cette rébellion présentait un caractère identitaire et de développement. Elle a pris fin à la suite de la signature du «Pacte national». Des centaines de combattants seront intégrer dans les structures de l’Etat, notamment l’administration, la diplomatie, les forces de défense et de sécurité, souvent avec des grades élevés ;
  • La troisième qui a eu lieu de 2006 à 2007 s’est manifestée en période d’élections présidentielles. Elle se légitimait par des critiques relatives à la non-application du pacte national. Elle fera l’objet d’accords signés à Alger, appelés « Accords d’Alger ». Un des points importants dudit accord porte sur la délocalisation des casernes militaires et la création d’unités spéciales composées essentiellement d’éléments issus des régions du Nord du pays. En d’autres termes l’armée nationale malienne se retire d’une partie importante du territoire national ;
  • La quatrième rébellion, celle du 17 janvier 2012 est intervenue dans des contextes locaux, nationaux et internationaux inédits. On assiste à une banalisation des activités criminelles (dont les trafics de tous genres) et à la sanctuarisation d’Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI) à partir de 2007.

Ces éléments organiquement imbriqués feront du sahel une zone de non droit où règne la violence avec des complicités extérieures insoupçonnées. A ces éléments se sont greffées les conséquences immédiates de la guerre en Libye. Créée par les puissances occidentales la situation en Libye, serait le signe indicateur d’un  processus de déstabilisation dans l’espace Sahélo-saharien dont le Mali constitue un maillon stratégique.

Dans ce contexte aux multiples enjeux, émerge le Mouvement National de Libération de l’Azaouad (MNLA) issu de la fusion de plusieurs mouvements. Ce Mouvement procédera à des attaques et tueries avec la collaboration d’autres groupes notamment Ançardine et ou Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI). Ces attaques et tueries serviront de prétexte aux auteurs du coup d’état militaire provoquant l’interruption du processus des élections présidentielle de 2012.

Les forces armées étrangères, la France en tête interviennent pour annihiler l’avancer des groupes armées. On assiste à une réorganisation des formes et modalités de gestion de la lutte contre le crime organisé et le terrorisme dans le Sahel. Le grand défi sécuritaire devient celui de la lutte contre le terrorisme avec comme principaux acteurs, les forces Barkhane (France), le G5 Sahel (France, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad) la MINUSMA (ONU) et les Forces armées maliennes.

Quels sont les opportunités, les défis et perspectives pour assurer la sécurité au Sahel et en Afrique et favoriser le développement dans le cadre de la coopération Chine-Afrique ? Telle est la question

Il y a lieu de renforcer la coopération entre les pays Africains, améliorer la gouvernance locale, mais surtout apprendre de la solidarité pragmatique de la Chine. Cette solidarité ne souffre d’aucune forme de lassitude depuis les années 1950. Les problèmes de sécurité et de développement pourraient trouveront une part de réponse dans des approches et des méthodes créatives, notamment un mécanisme sécuritaire de type nouveau, consultatif et de prévention.

Ce mécanisme devra prendre en compte la coopération intra-africaine appuyé par l’apport de partenaires véritablement engagé. Depuis sa fondation en 1949, la Chine ne cesse d’exprimer son engagement en faveur développement du continent africain. Les domaines que l’Afrique devrait explorer  dans la coopération  sino-africaine pourraient porter sur la formation, la technologie et les échanges.

La Chine a toujours prôné la voie du développement pacifique reposant sur des principes fondamentaux que sont « la paix, la sécurité, l’ouverture, la coopération gagnant-gagnant». La voie du développement pacifique consiste à unifier le développement intérieur du pays et son ouverture sur l’extérieur, à associer le développement de la Chine avec celui du monde. Il s’agit de préserver la paix et la sécurité sans lesquels le développement n’est pas viable.

L’engagement de la Chine en faveur de l’Afrique s’inscrit en droite ligne des aspirations inscrite de l’Agenda 2063 de l’Union Africaine : Aspirations à une Afrique pacifique et sûre. Ces Aspirations, demeurent en communion avec le rêve chinois; un  rêve de paix et de développement, le rêve de tous les peuples. La Chine propose de partager son rêve avec l’Afrique dans tous les domaines du développement par le biais du Forum sur la Coopération Sino-africaine et par « l’Initiative la Ceinture et la Route ».

Dans son engagement en faveur de la préservation de la paix en Afrique plus de 2.500 casques bleus Chinois sont déployés dans les opérations de maintien de la paix. Cet engagement fait de la Chine le plus important contributeur de contingents aux opérations de maintien de la paix parmi les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité.

Au Sahel, particulièrement au Mali, la Chine déploie près de 400 soldats de la paix. Elle accorde une assistance militaire aux organisations régionales africaines, notamment l’Union Africaine. En 2015, le Président Xi Jinping a offert une assistance de 100 milliards sur 5 ans pour soutenir l’architecture de paix et de sécurité de l’Union Africaine.

Elle soutient le principe et une pratique du « solutions africaines aux problèmes africains ». Il est aisé de comprendre que la raison fondamentale du développement fulgurant de La Chine repose sur une sécurité optimale liée à la bonne gouvernance et à l’engagement patriotique du peuple chinois. C’est là une source d’inspiration, une référence en matière de défense, de sécurité et de développement pour les pays Africains.

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