vendredi, mars 29

Des journalistes américains expulsés de Chine

Le gouvernement a accusé des journalistes du Wall Street Journal d’avoir publié un article «raciste» en pleine épidémie du nouveau coronavirus, Covid-19. La trêve aura été de courte durée, cette expulsion marque une nouvelle montée des tensions avec l’administration du président américain, Donald Trump.

Geng Shuang, directeur adjoint du Département de l’information du ministère des Affaires étrangères

Beijing a annoncé ce 19 février l’expulsion de trois journalistes du Wall Street Journal, accusés d’avoir «calomnié le peuple chinois» qui fait face à une épidémie de coronavirus.

Cette mesure laisse présager des représailles, quelques heures après l’annonce par Washington de nouvelles règles encadrant les médias chinois travaillant sur le territoire américain. Ces derniers seront désormais traités comme des entités diplomatiques aux Etats-Unis.

Les trois journalistes, dont le chef de bureau adjoint du prestigieux journal new-yorkais doivent quitter le territoire chinois sous 5 jours. Cette expulsion groupée est une mesure sans précédent depuis 1998, selon le Club des journalistes étrangers en Chine (FCCC).

Le gouvernement chinois a expliqué que l’article, intitulé «La Chine est le véritable homme malade de l’Asie», écrit par Walter Russell, professeur au Bard College, est «raciste».

Plus de détails : Colère contre le titre « La Chine est le véritable homme malade de l’Asie »

Publié dans les pages « Opinions » du quotidien, l’article mettait en avant les faiblesses économiques de la deuxième puissance mondiale qui subit l’une des pires épidémies de coronavirus.

L’usage de l’expression «l’homme malade de l’Asie» a suscité «l’indignation du peuple chinois», a affirmé Gang Shuang, porte-parole du ministère des affaires étrangères. Cette expression fait référence à l’époque de la guerre de l’Opium au 19ème siècle qui avait ouvert au pillage de la Chine impériale par les puissances coloniales occidentales.

Le gouvernement chinois exhorte le Wall Street Journal à reconnaître «la gravité de son erreur» en présentant des «excuses». «Le peuple chinois n’accueille pas les médias qui publient des expressions racistes et des attaques malveillantes contre la Chine» a ajouté Gang Shuang. D’ailleurs, l’article avait suscité une vive polémique de la part de certains cercles chinois.

L’annonce des sanctions par le Quotidien du Peuple a entraîné une masse de réactions nationalistes sur Weibo. «Excellent! Expulsez-les» lance un internaute sur le Twitter chinois. «Quand il s’agit de lapider quelqu’un déjà tombé dans un puits, les États-Unis ne sont jamais en retard» écrit un autre internaute.

Plus de détails : Colère contre le titre « La Chine est le véritable homme malade de l’Asie »

Pour le Club des journalistes étrangers en Chine, il s’agit d’une «tentative évidente et extrême d’intimider les journalistes étrangers». Dans un communiqué, le club a précisé que neuf correspondants avaient été expulsés par la Chine depuis l’arrivée au pouvoir du président Xi Jinping en 2013, et plusieurs autres possèdent des visas de seulement quelques mois.

Les correspondants basés dans le pays subissent «la surveillance et des intimidations croissantes de la part des autorités» a dénoncé le club. De plus, ces derniers jours, de nombreux correspondants ont signalé avoir vu leur compte WhatsApp être paralysé par une mystérieuse attaque groupée, qui s’ajoute à celles contre les VPN.

La décision chinoise visant les journalistes du Wall Street Journal a été annoncée quelques heures après que les États-Unis ont dévoilé de nouvelles mesures encadrant les médias officiels chinois opérant dans leur pays.

L’administration Trump a annoncé qu’elle allait traiter les cinq principaux organes de la presse chinois de la même manière que les ambassades étrangères, les obligeant à déclarer leurs employés et leurs biens aux États-Unis auprès du département d’État.

Ce changement de règles est justifié par le fait que les médias officiels «sont en fait des armes de l’appareil de propagande du Parti», a assuré un représentant américain.

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