La justice américaine a annoncé le 1er novembre l’inculpation d’une société d’Etat chinois, une compagnie taïwanaise et trois ressortissants taïwanais pour avoir tenté de voler des secrets industriels du fabricant américain de semi-conducteurs Micron Technology.
« Comme cette affaire et d’autres cas récents l’ont montré, l’espionnage économique chinois contre les Etats-Unis augmente, et augmente rapidement », a affirmé le ministre américain de la Justice, Jeff Sessions, en annonçant les poursuites.
Micron Technology est le quatrième fabricant mondial de semi-conducteurs avec une part de marché de 20 à 25% de l’industrie des DRAM (puces de mémoire vive). Il s’agit d’une « technologie que ne possédait pas les Chinois jusqu’à récemment », a précisé Jeff Sessions, estimant le préjudice pour la société américaine à 8,75 milliards de dollars.
L’entreprise d’Etat, Fujian Jinhua Integrated Circuit, la compagnie taïwanaise United Microelectronics Corporation (UMC), et trois ressortissants taïwanais dont Chen Zhengkun, alias Stephen Chen, ancien directeur d’une filiale taïwainaise de Micron, sont sur le banc des accusés.
Selon l’acte d’accusation, Chen Zhengkun a démissionné de son poste en juillet 2015 pour rejoindre UMC. Il aurait alors « négocié un accord de coopération entre UMC et Fujian Jinhua selon lequel, grâce au financement de Fujian Jinhua, UMC transfèrerait la technologie des DRAM à Fujian Jinhua en vue d’une production de masse ».
Par la suite, ce dernier aurait aussi débauché deux salariés de MMT qui auraient « volé et amené à UMC plusieurs secrets commerciaux de Micron liés au design et à la fabrication des DRAM ».
Fujian Jinhua a été créé en février 2016 pour fabriquer à terme des puces électroniques. Le gouvernement avait alors investi 37 milliards de yuans (5,34 milliards de dollars) pour construire une ligne de production avec le soutien technologique d’UMC.
Une action au civil a été déclenché afin d’empêcher les deux sociétés visées de transférer leur technologie, et d’éviter que leurs produits entrent sur le territoire américain.
La société Micron et ses processeurs sont au centre d’une bataille juridique entre les Etats-Unis et la Chine, alors que la guerre commerciale entre les deux géants reste vivace.
Le ministère américain du Commerce a interdit le 29 octobre aux entreprises américaines de vendre leurs produits sans autorisation préalable à Fujian Jinhua, car le fabricant chinois serait en passe de produire en masse des DRAM sans doute basées sur de la technologie américaine.
De son côté, Fujian Jinhua avait affirmé en juillet 2018 qu’un tribunal chinois avait interdit à Micron de vendre plus d’une dizaine de ses produits (clé USB, disque dur, puces…) en Chine.
