vendredi, avril 19

Désiré Ciss, des hautes études aux hautes compétitions

Par Alhassane Dioop – En effet, le constat amer des dernières années est une grande difficulté de reconversion des sportifs africains de haut niveau, qui ont donné au sport ses lettres de noblesse et qui par la suite encourent une vie de dèche après une fulgurante carrière. C’est loin cette époque où les meilleurs sur les bancs de l’école étaient les meilleurs sur le rectangle vert. Youssou NDIAYE, Malick SY souris, Lamine DIACK…

Autant d’états civils entre lesquels Abdoulaye DIAW et Abdoulaye SAKHO aiment slalomer et que le profane peinerait à inscrire dans un registre bien défini tellement que leur parcours ambivalent de sportif de haut niveau et d’universitaire de haut vol a su charrier la grande admiration de leurs contemporains.

Dr Désiré CISS, capitaine de la sélection nationale de Volley-ball, par son parcours auréolé de bonnes performances dans sa double casquette de sportive et d’universitaire nous replonge dans cette époque où la formule qui veuille que le sport soit de l’intelligence en mouvement avait bien un sens.

Sur l’échiquier continental, ses performances se passent de commentaires. Belle nature, enthousiaste, la Chine qui l’a accueillie comme étudiante en 2013 lui doit une fière chandelle.

En effet, seule africaine des championnats universitaire, départemental et national du pays pendant 4 années, elle y laisse une empreinte indélébile qui demeurera un motif d’abnégation pour les jeunes africains de la Chine qui ont choisi d’y embrasser une carrière de sportif.

Belle dame au charme confondant et au charisme magnétique, elle demeure une artiste dans l’âme. Étudiante connue en tant que sportive, elle est chanteuse à ses heures perdues et sait gratifier ses publics de beaux spectacles à l’occasion des journées culturelles sénégalaises en Chine.

Il est permis d’espérer qu’elle puisse continuer d’œuvrer pour un échange de bons procédés entre politiques sportives chinoise et africaine, elle, qui vient d’être titulaire d’une bourse chinoise de recherche en propriété intellectuelle.

PRESENTEZ-VOUS A NOS LECTEURS.   

Bonjour M. DIOP. Tout d’abord, je tiens à remercier Chine Magazine pour l’intérêt qu’ils ont bien voulu porter à ma personne. Je suis Désirée Roffée CISS, docteur en droit international privé et volleyeuse internationale.

EN CHINE, VOUS AVEZ EU UNE DOUBLE CASQUETTE. POUVEZ-VOUS REVENIR SUR CES EXPÉRIENCES S’IL-VOUS-PLAIT ?

En effet, en Chine j’ai eu une double casquette comme vous venez de l’énoncer. C’est-à-dire que j’ai eu à y mener à la fois un cursus académique et sportif. C’est d’ailleurs ce qui m’a permis d’évoluer dans le championnat universitaire de volley-ball de la Chine et également de participer aux championnats de la ville de Wuhan à temps partiel tout en jouant dans l’équipe de volley-ball de Wuhan. J’ai toujours su allier les 2 à savoir mes études et le sport et cela, depuis toute petite.

COMMENT S’EST PASSÉE VOTRE INTÉGRATION DANS L’ÉQUIPE DE WUHAN ET VOS PARTICIPATIONS DANS LES COMPÉTITIONS SPORTIVES ?

Comme nous le savons tous, en Chine, dans plusieurs domaines, l’intégration africaine n’a jamais été une chose facile. En ce qui me concerne toutefois, elle a été rapide car une semaine après mon arrivée, j’étais partie m’entraîner dans un terrain de volley de mon université car il me fallait préparer la coupe d’Afrique des nations de volley-ball. Par le plus grand des hasards, une dame est venue se présenter à moi. Il s’agissait du coach de l’équipe universitaire.

Elle me parla du championnat et me dit qu’elle était ébahie par mon niveau et qu’elle souhaiterait que je rejoigne l’équipe universitaire. Elle m’a par la suite demandé mon CV sportif. Après mes performances à l’université, c’est elle-même qui m’a présentée le coach de Wuhan.

Avec mon statut d’étudiante, je ne pouvais évoluer dans le club de la ville à temps plein.  J’étais donc obligée de jouer à temps partiel, aux moments où je n’avais pas de match avec le club universitaire. Je cumulais donc deux compétitions aux niveaux universitaire et national. Comme nous le savons tous, la Chine est un pays d’excellence. Il suffit juste de montrer son talent et dès lors, les chinois s’intéressent à toi.

PARLEZ-NOUS DE VOTRE APPORT DANS CES CHAMPIONNATS.

Avant mon arrivée, mon club était avant-dernier dans le championnat universitaire. Mes coéquipières étaient d’ailleurs sur le point de tout lâcher. À la fin de ma première année de compétition, nous avons terminé 4ème. Les filles étaient très contentes de la performance.

C’était le fruit des partages de systèmes de jeu durant les séances d’entraînement. En effet, mes acquis du Sénégal ont été bénéfiques pour le club. Par la suite, nous avons aussi été finalistes à 3 reprises et c’était un énorme plaisir de participer au développement de l’équipe universitaire. S’agissant du championnat national, l’équipe de Wuhan était classée 08 ou 11ème avant mon arrivée.

Quand je suis arrivée, nous avons commencé à jouer les play-off de la ville et participer aux quarts et demi-finales. C’était également une avancée pour l’équipe de la ville de Wuhan. Je dois dire que les 2 équipes étaient très satisfaites de ma contribution au développement et à la promotion des équipes ainsi que du volley-ball d’une manière générale. Je dois ajouter que le fait que je sois la seule africaine dans les 2 équipes a suscité l’intérêt des chinois.

Je dois également souligner avant de finir que j’ai participé à doper le mental de mes coéquipières. A chaque fois qu’une d’entre-elles se comportait mal sur le terrain, je me chargeais de la raisonner pour installer un bel esprit d’équipe. Mon attitude était d’ailleurs bien appréciée par le staff dans sa globalité.

QUEL EST L’ÉTAT DE LA COOPÉRATION SINO-AFRICAINE AU PLAN SPORTIF?

Au plan sportif, la coopération est très saine au point de porter des fruits. En effet, on voit beaucoup d’athlètes africains évoluer en Chine. Qu’il s’agisse du basket-ball, du football ou encore du volley-ball, ces africains ont ainsi l’opportunité d’acquérir des   connaissances dans le milieu sportif, fussent-ils joueurs, entraîneurs ou préparateurs physiques. J’en connais un bon nombre qui a été formé par la Chine.

DEPUIS VOTRE RETOUR, QUELS LIENS CONTINUEZ-VOUS DE GARDER AVEC LA CHINE?

Je garde d’excellents liens avec la Chine, notamment avec mes coéquipières et mon ancienne université qui vient d’ailleurs de m’octroyer tout récemment une bourse de recherche dans le domaine de la propriété intellectuelle. J’entretiens de très bonnes relations par ailleurs avec les fournisseurs dans le domaine du business. Je dirais que la Chine et moi, c’est une longue histoire d’amour (éclat de rires). C’est mon deuxième pays.

VOTRE MOT DE LA FIN?

Merci à toi. Merci à Chine Magazine. Une mention spéciale à ma famille qui m’a toujours soutenue dans mes projets. De passage, je salue le travail qui découle de la coopération sino-africaine. A tous ces jeunes étudiants et sportifs qui voudraient percer dans les études et le sport, je leur dis tout simplement que c’est possible et que la réussite est toujours au bout de l’effort.

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