vendredi, avril 19

DP World : «tout semblait aller bien jusqu’à l’arrivée des chinois»

Troisième exploitant portuaire mondial, DP World Limited a dénoncé l’arrivée des entreprises chinoises à Djibouti, remettant en cause certains contrats signés avec l’Etat.

Dans un communiqué de presse, DP World souligne que «lors de la signature d’un important contrat entre et la République de Djibouti, tout le monde semblait heureux et satisfait du contrat. Les deux parties se sont engagées à respecter les termes de l’accord».

La compagnie continue ainsi «il semblait alors que Djibouti, un pays minuscule mais important situé dans la Corne de l’Afrique, essayait d’injecter plus de professionnalisme et de confiance dans la manière dont il construisait ses infrastructures affaires avec le monde».

Ainsi, selon les termes du contrat, les autorités Djiboutiennes ont accordé à DP World des droits exclusifs sur les installations portuaires et les zones franches à Djibouti, y compris les installations de manutention de conteneurs.

«DP World a respecté les termes du contrat», ont déclaré des sources proches du dossier, au site Today News Africa.  La société a construit, développé et géré un terminal de conteneurs ultramoderne à Doraleh, détenu conjointement par DP World (33,34%) et une entité appartenant à l’État djiboutien, PDSA (66,66%).

«Tout semblait aller bien jusqu’à l’arrivée des Chinois en 2013», a estimé DP World dans son communiqué. Cette année-là, China Merchants a acheté 23,5% de PDSA au gouvernement djiboutien.

«Les problèmes ont commencé presque instantanément, d’autant plus que le terminal s’est avéré un énorme succès, générant des profits annuels de plusieurs dizaines de millions de dollars américains», a souligné DP World.

D’après la filiale de Dubai World, société de participation appartenant au gouvernement de Dubaï, «sur des conseils peu clairs», le gouvernement djiboutien a «cherché à exproprier l’ensemble du terminal, y compris, en février 2018, en s’emparant illégalement du contrôle du terminal et en prétendant mettre fin unilatéralement aux accords».

Cette situation a donné lieu à plusieurs contestations judiciaires et en juillet 2018, un tribunal de la Cour d’arbitrage international de Londres a statué que la prétendue cessation de fonctions des autorités djiboutiennes était illégale et invalide.

En violation des droits d’exclusivité de DP World, Djibouti s’est associé ces dernières années à China Merchants pour construire, développer, et exploiter six nouveaux ports et zones franches à Djibouti.

«China Merchants, malgré ses multiples partenariats avec Djibouti et son appartenance à PDSA, n’a pris aucune mesure pour empêcher la saisie illégale du terminal par Djibouti et sa prétendue résiliation illégale», a déploré la compagnie DP World.

En août 2018, diverses filiales de DP World ont porté plainte contre China Merchants Port Holdings Company Limited, devant la Haute Cour de Hong Kong. La plainte concerne l’achat illégal d’espace portuaire et les conseils donnés à la République de Djibouti visant à «enfreindre divers accords entre Djibouti et DP World».

Via cette procédure, DP World réclame des dommages et intérêts, ainsi qu’une déclaration selon laquelle China Merchants aurait illégalement acquis et/ou induit les violations par Djibouti de ses accords avec DP World.

A l’heure actuelle, aucune décision n’a été prise, mais pour le troisième exploitant portuaire mondial «c’est un autre exemple de la façon dont l’influence croissante de la Chine en Afrique pervertit les affaires sur le continent».

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