jeudi, mars 28

Éducation en ligne : VIPKID n’emploie plus à l’étranger

Une grande agence spécialisée dans l’enseignement privé en Chine a annoncé la suspension de ses cours dispensés par des tuteurs basés à l’étranger.

VIPKID, une agence chinoise d’enseignement individuel de l’anglais affiliée à Tencent, a annoncé sur son compte WeChat, que l’agence arrêterait de vendre des cours en ligne dispensés par des tuteurs basés à l’étranger, alors que l’entreprise doit se conformer à la nouvelle réglementation pour le secteur du soutien scolaire privé.

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Ces nouvelles règles pourraient affecter plusieurs dizaines de milliers d’enseignants basés à l’étranger. D’autant plus que ces entreprises chinoises vont devoir se conformer rapidement aux mesures publiées par le gouvernement central au mois de juillet, qui interdisent aux enseignants à l’étranger de dispenser toute activité d’enseignement en Chine.

Pour David Bicknell, analyste principal au sein de l’équipe thématique de GlobalData, une société de données et d’analyse de premier plan, «la réglementation stricte du gouvernement chinois sur son secteur ed-tech à croissance rapide a changé le marché et aura des conséquences durables pour les principaux fournisseurs du pays».

D’autant plus que «le grand truc de VIPKID soutenu par Tencent était d’utiliser des tuteurs basés aux États-Unis et au Canada pour enseigner l’anglais aux étudiants chinois. Il va désormais devoir repenser et reformuler son modèle économique, tout comme d’autres acteurs chinois clés de l’edtech tels que Zuoyebang et Yuanfudao».

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«Le marché chinois de l’ed-tech (« ducation en ligne) est en pleine effervescence, et c’est une bonne nouvelle pour les entreprises indiennes de l’edtech. L’Inde deviendra une valeur refuge pour les investissements dans les technologies de l’information, du moins jusqu’à ce que la situation chinoise s’éclaircisse».

Selon David Bicknell, «le gouvernement chinois a adopté une ligne similaire avec l’edtech comme il l’a fait avec la fintech. Les réglementations bancaires légères ont permis à Alibaba et Tencent de développer de vastes et omniprésentes entreprises de services financiers en ligne. Cependant, comme indiqué dans le rapport China Tech de l’équipe thématique, l’État craignait que ces entreprises soient devenues trop puissantes et trop indépendantes. Pour la fintech alors, lisez edtech maintenant».

De son côté, VIPKID a annoncé que les clients actuels pourront toujours suivre les cours achetés précédemment, mais ne pourront pas renouveler leurs inscriptions pour les cours dispensés par des tuteurs basés à l’étranger.

Selon son site internet officiel, VIPKID comptait par exemple plus de 70 000 tuteurs étrangers basés en Amérique du Nord. Tandis que 51Talk, une autre plateforme en ligne chinoise spécialisée dans l’éducation, indique qu’elle avait recours à plus de 20 000 Philippins pour dispenser des cours en ligne aux jeunes apprenants chinois. 51Talk a commencé récemment à licencier en masse, tandis que VIPKID a débuté ses licenciements depuis plusieurs mois.

«Cela change tout pour moi et ma famille. Cela fait près de 4 ans que j’enseigne l’anglais comme langue étrangère. C’est un coup dur au moral, autant qu’à mes finances», a expliqué sur Twitter une enseignante basée en Caroline du Nord aux Etats-Unis.

«Un grand nombre d’autres tuteurs pourraient également être affectés, alors que la suppression des cours dispensés par des tuteurs basés à l’étranger devient la nouvelle normalité pour les agences d’enseignement en ligne», a indiqué pour sa part  Chu Chaohui, un chercheur de l’Institut national des sciences de l’éducation de Chine.

Selon lui, les ventes de programmes d’enseignement non obligatoires en tant que services devraient décliner du fait de ces nouvelles réglementations et la charge de travail des tuteurs basés à l’étranger va inéluctablement diminuer. Alors que la plupart des tuteurs basés à l’étranger travaillent à temps partiel pour les plateformes d’éducation en ligne chinoises, certains sont également employés à temps plein, a souligné Chu Chaohui.

Selon le CIIE, «des analystes estiment que cette nouvelle réglementation était toutefois nécessaire du fait des problèmes rencontrés dans le secteur du tutorat privé, y compris pour les cours de soutien en anglais dispensés en ligne par des enseignants basés à l’étranger».

Des inquiétudes se sont soulevées parmi les étudiants et les parents sur la qualification des tuteurs basés à l’étranger. Particulièrement après 2020, lorsqu’un grand nombre de parents chinois ont commencé à solliciter des cours d’anglais en ligne pour leurs enfants, suite à l’épidémie de Covid-19 et de la fermeture conséquente des écoles.

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