jeudi, mars 28

Entretien avec André Tine, président de l’association des étudiants sénégalais en chine

Par Alhassane Diop – «Au commencement était l’énergie. Tout le reste en découle !». Cette formule prémonitoire entamant la doctrine énergétique de Cheikh Anta DIOP et sous-tendant substantiellement la théorie fondatrice de la médecine chinoise a sans doute été son inspiratrice pour embrasser des études dans le domaine énergétique et environnemental.

Preuve à suffisance de la lucidité ainsi que la clairvoyance dont il fait montre, André TINE est une âme bien née. Comme caution de crédibilité, il s’est mis un point d’honneur à sauver l’essentiel de l’appareil que plusieurs générations de prédécesseurs ont construit. Il n’est nullement exagéré de lui reconnaitre le mérite de sauveur de meubles en période d’incendie. Cela aura exigé de sa part une gestion spartiate de l’AESC dans un contexte d’austérité.

A charge pour lui, le reste de sa mandature, d’user de tactiques et stratégies pour demeurer un bon jardinier des rêves d’une organisation sous la menace d’une désintégration. C’est tout le sens de son appel à la cantonade, un plaidoyer courageux parce que sincère, pour l’insertion professionnelle de ces futurs alumni de la Chine dont l’allégresse familiale sur le tarmac d’arrivée n’aura d’égale que les flancs inconsolables de la tombe de rêves de carrières longuement nourris et devenus de tristes rêveries.

Merci de vous présenter à notre rédaction s’il vous plait.

J’ai eu mon Baccalauréat en 2012 aux maristes. Par la suite, j’ai intégré l’IMES où j’ai obtenu mon Bachelor en Eco-énergie. Cela m’a permis d’avoir une bonne connaissance des concepts d’environnement, de pollution, de développement durable et des énergies renouvelables.

C’est par la suite que mon aventure en Chine a débuté par un bref passage à Wuhan à la Huazhong University of Science and Technology en tant qu’étudiant – visiteur pour une année. De retour au Sénégal, je me suis rendu compte que je n’avais pas fréquenté la Chine impunément. C’est en 2019 que j’ai pu y retourner pour un doctorat en management de la science et de l’ingénierie à la China University of Petroleum de Pékin.  Mes recherches sont orientées sur le développement durable lié à l’énergie.

Pourquoi le choix de la Chine pour aller à l’international ?

A la base, c’est une proche qui avait eu une bourse de l’UNESCO qui me l’avait conseillé. Je dois dire que j’ai bien aimé l’environnement. J’ai pu m’adapter sans grandes difficultés et j’ai aimé la culture chinoise. Et à la fin de mon séjour, j’avais envie de revenir.

Quelle est la situation de l’AESC ?

Nous avons eu à effectuer des restructurations dans le but de rendre le fonctionnement de l’association plus moderne. Cela a trait à la modification des textes et à la gestion des groupes dans les réseaux sociaux. Par la suite, nous avons engagé une campagne de recensement des étudiants dont le succès fut cependant mitigé eu égard à l’absence d’un nombre important d’étudiants sur le territoire de la Chine. Après cela, nous avons entamé une autre activité pédagogique qui a pour nom l’invité de l’AESC. Il s’agit d’inviter mensuellement un ancien étudiant de l’association devenu employé d’une entreprise ou commerçant afin qu’il nous fasse une présentation sur un sujet spécifique ou sur son expérience dans son domaine d’activité. Cette activité vise un partage de connaissances entre les étudiants et la création de liens pouvant aboutir à la réalisation de projets communs.

Quel a été l’impact de la pandémie de COVID-19 sur vos activités ?

Beaucoup de nos membres ne peuvent accéder au territoire chinois. En sus de cela, les mesures sanitaires en vigueur rendent difficiles le déplacement entre les provinces pour les étudiants. L’ensemble de ces mesures nous ont même amené à annuler l’organisation des journées culturelles sénégalaises en Chine de cette année. Telle était l’activité phare de l’association car elle permettait de regrouper l’ensemble des sénégalais résidant en Chine. Néanmoins, il n’est pas rare d’entendre dire par voie de presse que la Chine est sortie de la pandémie. N’est-ce pas le cas ?

Oui. Les mesures restrictives ont bel et bien diminué. Cependant, vue la situation, il nous est difficile d’organiser ces journées culturelles. Il faut d’abord comprendre qu’il n’y a pas les membres sur le territoire national. Entre autres mesures de restrictions, les étudiants hors du territoire ne peuvent toujours pas revenir en Chine. Donc, il sera difficile d’organiser ces journées culturelles sans pour autant qu’il y ait beaucoup de personnes qui y assistent soient-ils étudiants ou travailleurs.

Avez-vous eu échos des cas d’étudiants sénégalais voulant rentrer au Sénégal mais bloqués en Chine ?

(Formel !) Il n’y a pas d’étudiants dans cette situation à ma connaissance. Pas plus tard que la semaine dernière, une étudiante est rentrée à Dakar sans aucun souci.

Quelles ont été les types de problèmes rencontrés depuis le début de la pandémie et les solutions apportées ?

Les prêts financiers octroyés aux étudiants qui en éprouvaient le besoin. Il faut comprendre que la pandémie a eu un impact négatif réel sur beaucoup d’activités de parents d’élèves conduisant à la perturbation de la vie académique de beaucoup d’étudiants non-boursiers en Chine. Tel a été le véritable problème auquel nous avons fait face.

Quelles sont les perspectives de l’association ?

Nous envisageons de créer un site Web à court terme. Nous disposons déjà d’un nom de domaine et l’hébergement à déjà été négocié. C’est d’ailleurs cette plate-forme qui nous a permis d’effectuer le recensement des étudiants. Elle va sous peu évoluer vers un site Web.

Sur le long terme, nous envisageons de mettre en place des mécanismes qui favoriseront la réintégration des étudiants sénégalais dans le pays, après leur diplomation. Voilà le principal problème auquel les alumni de l’AESC sont confrontés.

Votre mot de la fin ?

Je lance un appel aux recruteurs du pays. L’étudiant sénégalais ayant terminé ses études en Chine nourrit l’espoir de rentrer au bercail pour servir son pays. Cependant, cet espoir se mue en désillusion sans aucune explication valable. Je tiens juste à préciser qu’en Chine, on bénéficie d’une formation de qualité avec la rigueur qui sied dans de prestigieuses universités. Je dois dire que l’étudiant sénégalais diplômé de la Chine n’a rien à envier à son compatriote diplômé de la France ou du Canada. Au contraire, en plus d’avoir obtenu les compétences requises, il a l’avantage d’être polyglotte avec la maîtrise des deux langues les plus parlées au monde. Dès lors, j’exhorte les recruteurs à prêter une attention particulière aux diplômés de la Chine.

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