mercredi, avril 3

Fossé entre les générations chinoises de Maurice

Dans une tribune, publiée sur le site Defimedia.info, Philip Li Ching Hum, érudit connu de la communauté sino-mauricienne et légiste, a déploré l’occidentalisation de la communauté chinoise de l’île Maurice.

«Avec la mondialisation et l’occidentalisation, nous ne sommes peut-être pas trop conscients que certaines traditions qui occupaient une place importante dans notre culture sont en train d’être érodées», a écrit ce dernier.

En dépit des « progrès remarquables en matière d’éducation et de finances, paradoxalement, nous avons beaucoup reculé sur le plan de la culture. Sur le plan financier, nous sommes devenus des géants, mais sur le plan moral, nous sommes encore des nains. Le fait que nous prenions ces coutumes pour acquises a contribué à la perte d’un héritage précieux. Les coutumes familières ont disparu, créant un vide dans la vie sociale et culturelle ».

« Autrefois, la génération de Kaptans, lors du Nouvel An chinois, attendait avec impatience la grande réunion familiale, même si la pauvreté était endémique. Aujourd’hui, avec la modernisation et la richesse, le dîner de famille a changé de goût. Il se tient dans un hôtel ou un restaurant et les liens familiaux s’affaiblissent« , déplore Philip Li Ching Hum.

Ce dernier a pointé du doigt la jeune génération, expliquant que celle « des temps anciens se prosternait toujours devant les anciens. Ils les saluaient selon leur rang social dans la hiérarchie, leur témoignant un respect profond. Le dîner à table devenait un rituel : ils attendaient que les anciens commencent le repas en premier. Aujourd’hui, ils plongent leurs baguettes dans la nourriture alléchante sans se soucier de la présence des anciens. Cela est contraire à la culture chinoise et montre un signe de mauvaise éducation et de manque de respect ».

Idem dans les fonctions sociales, il déplore les bavardages à tue-tête lors des discours officiels des dignitaires, des funérailles, etc. « C’est devenu pour de nombreuses personnes un rassemblement social. On entend des rires hystériques. L’atmosphère de solennité et de respect a cédé la place à un pandémonium ».

D’ailleurs, « les valeurs ont changé. L’argent est devenu le nouveau dieu. Dans certaines familles, des frères se déchirent mutuellement. On ne compte plus les batailles juridiques fratricides. De tels incidents ne se seraient jamais produits parmi la première génération d’immigrants chinois. Nos ancêtres avaient une valeur morale à défendre pour l’honneur de la famille ».

Pour conclure, Philip Li Ching Hum assure que « les temps ont changé. Les valeurs également. La solidarité du passé entre les premiers immigrants est enterrée depuis longtemps. L’individualisme prime pour beaucoup. »

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