vendredi, mars 29

Le gouvernement prit entre anti et pro-OGM

Alors que les scandales alimentaires irritent de plus en plus de chinois, le gouvernement a décidé d’investir dans la recherche des OGM, en dépit de la contestation populaire. L’an dernier, l’industrialisation des OGM est devenue une priorité pour les autorités, en raison du rachat par ChemChina de la compagnie suisse, Syngenta.

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Le problème majeur du pays est le manque de terre arable, détruite en grande partie par l’urbanisation, l’excès d’engrais, l’industrialisation, le changement climatique.

En réponse, les autorités mettent l’accent sur les organismes génétiquement modifiés (OGM), « dotés d’un meilleur rendement et plus résistants », a indiqué à l’Agence France Presse, Huang Dafang, expert du sujet à l’Académie chinoise des sciences agricoles.

Pourtant, « la pression des gens, qui n’y comprenaient rien, a poussé le gouvernement à virer de bord« , a dénoncé ce dernier, car selon un sondage du quotidien Keji Ribao, publié en 2016, 73% des chinois refusent d’ingérer du riz OGM.

Malgré la pression des gens, le gouvernement veut développer les OGM

Mais, changement de ton, « durant le 13e plan quinquennal, de 2016 à 2020, nous allons développer l’industrialisation des principaux produits, dont de nouvelles variétés de coton et de maïs résistants aux insectes », a annoncé Liao Xiyuan, un haut-responsable du ministère chinois de l’Agriculture. Ce dernier a indiqué que le gouvernement allait poursuivre ses recherches sur le riz et le blé OGM durant cette période.

D’autant que seuls deux produits OGM sont actuellement cultivés de façon commerciale: le coton, autorisé en 1996, et une variété de papaye résistante à un virus, approuvée en 2006. Le soja, le maïs, le coton et le colza OGM peuvent être importés en tant que matières premières ou ingrédients constitutifs de produits transformés.

Mais la plantation à grande échelle d’OGM est toujours en débat, car les réticences de la population, des militants écologistes et de certains scientifiques pèsent sur les décisions du gouvernement. Pourtant, la biotechnologie est bien accueillie, raison pour laquelle le gouvernement « apporte beaucoup de financements » à la recherche a indiqué Huang Dafang, prenant pour exemple, un projet de développement d’OGM à 15 millions d’euros.

De son côté, Cui Yongyuan, parlementaire anti-OGM, a souligné auprès de l’AFP les financement étatiques « totalisant déjà » 3 milliards d’euros. Sans compter, l’offre de plus de 40 milliards d’euros du groupe public ChemChina sur l’agrochimiste suisse Syngenta. Si cette OPA est valisée, Beijing parviendra à maîtriser un certain nombre des plus grands OGM.

A contrario, certaines provinces ont décidé de faire marche arrière. Le Heilongjiang considéré comme le « grenier à blé » du pays, est devenu fin décembre la première province  à interdire, pour cinq ans, la culture et la vente de plants OGM, préférant mettre l’accent sir sa « biodiversité« . Or cette annonce va à l’encontre de la feuille de route du gouvernement, qui prévoit le développement et la commercialisation d’ici à 2020 de soja et de maïs OGM, essentiellement destinés au bétail.

Le ministère de l’agriculture mitigé

Les déclarations sur les OGM font constamment l’objet de polémique, ce qui explique la tentative du vice-ministre de l’Agriculture Zhang Taolin de désamorcer la controverse. Ce dernier a assuré en marge de la session annuelle de l’Assemblée Nationale Populaire de la poursuite des recherches, confirmant que « notre position est claire: être audacieux dans l’innovation, prudent sur la consommation, et garantir la sécurité« .

Pour un analyste de Shanghai JC Intelligence, cité par Les Echos, « les OGM ne se développent que très lentement en Chine. Nous devons vraiment accélérer ». Cela explique pourquoi de plus en plus de plants OGM sont cultivés illégalement, obligeant les autorités à les arraché. Comme dans le Hebei, où les pouvoirs locaux ont détruit des champs de riz OGM

« C’est le sens des propos du ministre de l’Agriculture, même s’il ne confirme pas expressément que la production« , a analysé l’analyste de Shanghai JC Intelligence. Même désolation pour le parlementaire Li Denghai, PDG d’un des plus grands groupes chinois de semences, Denghai Seeds, qui a expliqué que le gouvernement « n’a toujours pas adopté de position explicite ».

Selon lui, ce n’est qu’une question de temps, car la Chine se place au 6ème rang mondial avec 3,7 millions d’hectares, selon l’Isaaa, une organisation qui diffuse des données sur les OGM.

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