jeudi, mars 28

Hong Kong : le cardinal Zen devant le tribunal

Le cardinal catholique de 90 ans Joseph Zen a comparu le 24 mai devant un tribunal de Hong Kong. Il a été inculpé pour ne pas avoir correctement enregistré un fonds d’aide aux manifestants pro-démocratie.

Après sa comparution, le cardinal a célébré, en présence de centaines de fidèles catholiques, une messe dédiée aux églises de Chine continentale.

ACCUSER DE CONSPIRATION

Mgr Zen est l’un des plus hauts dignitaires de l’Église catholique en Asie. Il a été arrêté début mai avec quatre autres figures de proue du mouvement pro-démocratie, dont la chanteuse Denise Ho et l’avocate Margaret Ng au nom de la loi sur la sécurité nationale.

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Ce fonds finançait une partie des frais judiciaires et médicaux des personnes arrêtées lors des grandes manifestations pro-démocratie de 2019.

Ils ont été arrêtées pour « conspiration de collusion avec des forces étrangères », un chef d’accusation qui fait encourir la prison à vie selon la loi de sécurité nationale imposée par Pékin en 2020.

Pour le moment, le tribunal a seulement retenu l’accusation de défaut d’enregistrement du fonds auprès de la police, ce qui ne découle pas de la loi sur la sécurité nationale. De fait, il encourt une amende de 10.000 dollars de Hong Kong (1.190 euros) pour une première condamnation.

Tous les accusés ont plaidé non coupables le 24 mai. Le procès s’ouvrira le 19 septembre. De son côté, le parquet a assuré disposer de 10 caisses de pièces à conviction et huit heures d’enregistrements vidéo pour étayer les accusations.

L’enquête contre le « 612 Humanitarian Relief Fund » a été lancée après qu’un des administrateurs, l’universitaire Hui Po-keung, a été arrêté à l’aéroport alors qu’il s’apprêtait à prendre un poste dans une faculté européenne.

L’arrestation du cardinal Zen a suscité l’indignation dans de nombreux pays occidentaux, qui accusent la Chine de mettre fin aux libertés autrefois promises à Hong Kong. Des diplomates de plusieurs pays européens, dont l’Allemagne, la France, la Suède et l’Italie, ont assisté à l’audience du 24 mai.

HONG KONG ASSURE ÊTRE CONFORME A LA LOI

Le ministre de la Sécurité de la ville, Chris Tang, a balayé les critiques lundi dans la presse locale, les qualifiant de « campagne de dénigrement classique ».

« Selon ma compréhension, le Vatican est un lieu pour rechercher la justice et la paix. Si nous n’agissions pas conformément à la loi en raison de notre rôle au sein du Saint-Siège, je pense que cela violerait en fait le principe de justice du Vatican », a déclaré le ce dernier dans une interview exclusive avec le quotidien « The Post. »

« Nous avons donc agi équitablement sur la base des preuves et de la loi… Nous avons arrêté le suspect mentionné sur la base de ce qu’il a fait. Cela n’avait rien à voir avec son rôle dans l’église », a assuré ce dernier.

Chris Tang a décrit les critiques des pays étrangers sur les arrestations comme une « campagne de diffamation classique » contre les efforts de la ville pour sauvegarder la sécurité nationale.

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Les États-Unis et l’Union européenne ont critiqué les arrestations, estimant qu’elles sont des tentatives d’étouffer la dissidence, mais Pékin a rejeté les critiques et a dit aux gouvernements de mettre fin à leur « spectacle politique insensé ».

UNE MESSE POUR TOUS LES CATHOLIQUES DE CHINE

Le 24 mai, le vicaire général de Hong Kong Joseph Chan a assisté à l’audience, mais il a assuré qu’il n’y représentait pas le diocèse. Ce dernier a déclaré à l’Agence France Presse que le cardinal Zen « était mon professeur, donc je suis venu ».

Joseph Chan s’est dit surtout préoccupé par la santé de Mgr Zen. Dans la soirée du 24 mai, des centaines de fidèles sont venus assister à une messe célébrée par le cardinal à l’église de la Sainte-Croix à l’est de l’île de Hong Kong.

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Le cardinal Zen a dédié la messe aux églises de la Chine continentale, où des millions de fidèles ne peuvent pas pratiquer librement leur religion. Dans son homélie, le cardinal Zen a critiqué un accord entre le Vatican et la Chine qui permet la nomination d’évêques par Pékin avec l’autorisation du Pape. Il a estimé qu’il était « malavisé », bien que partant de « bonnes intentions ».

Il a également jugé « urgent » de réunifier les fidèles qui se trouvent sous la juridiction de l’Église inféodée aux autorités de Pékin et les croyants de l’Église souterraine, illégale aux yeux des autorités chinoises.

Mais « il semble que les temps ne soient pas encore mûrs », a-t-il toutefois souligné. Ce dernier a fait allusion au clergé clandestin qui refuse de se soumettre aux exigences des autorités.

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