mardi, avril 23

Huawei condamné par la justice américaine

Le ministre américain de la Justice par intérim, Matthew Whitaker, a annoncé lors d’une conférence de presse à Washington, le 28 janvier, une longue série de chefs d’inculpation à l’encontre de la dirigeante de Huawei.

La directrice financière du géant des télécom, Huawei, Meng Wanzhou, est au coeur d’un conflit diplomatico-judiciaire, tout comme la compagnie elle-même. Ces deux dossiers risquent d’envenimer les tensions entre Washington et Beijing.

Hauwei attaqué de toute part

Le ministère américain de la Justice a dévoilé 13 chefs d’inculpation, liés à des violations des sanctions américaines contre l’Iran, à l’encontre de Huawei et de sa directrice financière, arrêtée au Canada le 1er décembre à la demande des enquêteurs américains.

Parallèlement, Matthew Whitaker a inculpé deux filiales de Huawei pour association de malfaiteurs en vue de voler des secrets industriels, soit des technologies cellulaires de l’américain T-Mobile, à son siège de Bellevue, dans l’Etat de Washington.

Dans le viseur des ingénieurs de Huawei, selon l’acte d’accusation : le robot « Tappy », imaginé par T-Mobile pour reproduire un doigt humain et tester des appareils cellulaires.

Ces deux filiales, Huawei Device Co., Ltd. et Huawei Device Co. USA, sont visées au total par dix chefs d’inculpation pour des faits remontant à la période 2012-2014. Parmi ces chefs d’accusation figure une accusation d’obstruction à la justice.

« Ces deux séries d’inculpations mettent au jour les actions éhontées et persistantes de Huawei pour exploiter les sociétés et institutions financières américaines et pour menacer la concurrence mondiale libre et équitable« , a déclaré le directeur du FBI, Christopher Wray.

L’arrestation de Meng Wanzhou, fille du fondateur du groupe, a provoqué un conflit diploamtique entre les Etats-Unis et le Canada d’une part, et la Chine de l’autre.

En liberté surveillée, Meng Wanzhou doit comparaître le 6 février devant un juge canadien dans le cadre de la procédure d’extradition lancée par les Etats-Unis. Washington a confirmé qu’une demande formelle d’extradition serait présentée avant la date butoir du 30 janvier.

Washington veut freiner l’avancée technologique de la Chine

Washington s’inquiète des avancées technologiques chinoises. Pour contrer Huawei, le géant des télécoms est l’objet de regards de plus en plus suspicieux dans les pays occidentaux, à tel point que le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi a dénoncé le 25 janvier une campagne internationale « injuste et immorale ».

Plusieurs Etats ont exclu Huawei du déploiement de la 5G, mettant parfois en cause des failles sécuritaires voire des soupçons d’espionnage. La compagnie chinoise dément catégoriquement ses accusations.

D’autant que le ministre américain de la Justice par intérim, Matthew Whitaker, a assuré le 28 janvier que rien, dans l’acte d’inculpation, ne suggérait une implication du gouvernement chinois dans cette affaire.

Mais « comme je l’ai dit à des responsables chinois en août, la Chine doit s’assurer que ses ressortissants et ses sociétés respectent la loi« , a-t-il ajouté.

L’administration américaine de Donald Trump s’est attaqué depuis plusieurs mois à la Chine, l’accusant de vol de technologies, de « bellicisme à l’égard de ses voisins », ou encore de développer un « Etat totalitaire à l’intérieur de ses frontières » en bafouant notamment les droits des minorités religieuses.

Ces attaques se déroulent en pleine guerre commerciale déclenchée par le président Donald Trump, en juillet 2018, via l’augmentation des taxes douanières sur les produits chinois arrivant aux Etats-Unis.

De nouvelles négociations commerciales doivent reprendre cette semaine à Washington, où Donald Trump va rencontrer le vice-Premier ministre Liu He, à la tête de la délégation chinoise.

Ces inculpations « n’ont rien à voir avec nos négociations commerciales avec la Chine », a assuré le 28 janvier le ministre américain du Commerce Wilbur Ross. Mais son ministère continuerait de travailler avec le reste du gouvernement « pour protéger les intérêts de sécurité nationale », a-t-il conclu.