vendredi, mars 29

Les insectes, des chanteurs hors-pairs

Ecrit par Adam Dean The New York Times. Traduit par Julie Valdre, stagiaire – Moustiques, papillons, blattes, sauterelles, … Tous ces insectes, qui jaillissent durant la chaleur estivale, tapent sur le système des citadins chinois et sur le reste de la planète.

Toutefois, certains insectes ne sont pas perçus comme des parasites, mais plutôt comme des animaux de compagnie, surtout s’ils sont capables de chanter durant le souper de leurs propriétaires.

Partout en Chine, les insectes qui chantent, comme les sauterelles, les cigales et les crickets sont particulièrement appréciés par la population. Les enfants et les personnes âgées ramassent ces insectes et les « élèvent » dans des pots en argile ou dans des cages en bambou, ils les nourrissent de graines de riz et de fines lamelles d’oignons verts.

Certaines personnes élèvent les crickets pour leurs prédispositions au combat : un insecte avec un bon pédigrée peut valoir une centaine de dollars. Toutefois, pour quelques dollars, il est possible d’acheter des crickets « crooners » auprès de paysans, dans les marchés d’animaux de compagnie.

SauterellePour Wang Xiaoming, un Pékinois de 68 ans, « un été sans chant de sauterelle, ce n’est pas un vrai été ». Wang Xiaoming a toujours vécu dans les Hutongs de Beijing, un dédale de petites ruelles qui se croisent, dernier bastion de nombreuses traditions chinoises.

Les chants des sauterelles et des cigales sont différents du chant des crickets. Le doux trille du cricket des champs (appelé « poètes des herbes » par les poètes) contraste avec le sifflement assourdissant des sauterelles et des cigales qui peut ruiner une conversation.

On raconte que cela fait déjà plus de 2000 ans que la collecte des insectes chantant a commencé. Les gens recherchaient ces insectes car ils pensaient qu’ils leurs porteraient bonheur. Ensuite, ils servaient de compagnons pour les concubines impériales, elles les gardaient dans des cages dorées et trouvaient une forme de réconfort dans leurs gazouillis plaintifs, leur rappelant leur vie de privilèges et de solitude.

Les insectes font partie de la culture chinoise. Les poèmes des temps anciens louaient leurs chants mélodieux et de nombreux idiomes utilisent les crickets et les sauterelles comme métaphores pour la fertilité, l’amitié ou le temps qui passe.

En réalité, dans les textes chinois, le premier caractère de l’été avait la forme d’une cigale et celui de l’automne ressemblait à un cricket.

Au 20ème siècle, dans les années 1950 et 1960, Mao Zedong a déclaré la guerre à ces traditions qu’il jugeait bourgeoises et rétrogrades, le fait d’élever des insectes a donc peu à peu disparu. On a toutefois observé un regain lors de ces dernières années, grâce aux aficionados tels que Monsieur Wang, un professeur de littérature chinoise à la retraite, inquiet pour l’avenir de sa passion. Il déclare : « les jeunes préfèrent jouer avec leurs téléphones qu’avec des insectes. »

Évidemment, il y a un inconvénient au fait d’élever des insectes qui chantent : ce sont des animaux de compagnie dont l’espérance de vie est la plus courte. La majorité ne vit que quelques mois : même la plus choyée des sauterelles deviendra silencieuse dès l’arrivée des premières gelées automnales.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *