vendredi, mars 29

« La Chine aide grandement l’Afrique à restructurer et annuler ses dettes »

Selon une étude du China-Africa Research Initiative de l’Université Johns Hopkins (JHU), la Chine a joué un rôle majeur dans l’aide apportée aux pays africains pour gérer leurs dettes.

Alors que la crise sanitaire exacerbe la crise économique dans les pays africains à faibles revenus, des économistes et experts estiment que l’allègement de la dette est primordial, selon une analyse du Washington Post.

Les banques chinoises ont proposé aux pays africains une restructuration « significative » de leurs dettes avant la pandémie, a indiqué le Washington Post en citant un document de travail publié par l’Initiative sur la recherche Chine-Afrique (China-Africa Research Initiative) de l’Ecole d’études internationales supérieures de la JHU.

Les chercheurs ont étudié 16 cas de restructuration de la dette pour une valeur de 7,5 milliards de dollars (6,75 mds €) dans 10 pays africains entre 2000 et 2019. Ils ont découvert que la Chine avait épongé les arriérés cumulés d’au moins 94 prêts à taux zéro pour une valeur totale de plus de 3,4 milliards de dollars (3 mds €).

Ils ont également relevé que les créanciers chinois n’avaient pas lancé de poursuites judiciaires en cas de défaut de paiement ni saisi des actifs des mauvais payeurs africains. Les pays africains verront peut-être leurs dettes allégées plus rapidement par la Chine que par l’Occident alors que les obligataires et créanciers privés occidentaux doivent encore se joindre aux efforts d’allègement de la dette du Groupe des 20, selon l’analyse.

D’ailleurs, « aucun élément ne prouve que la Chine viserait à délibérément pousser les pays pauvres vers la dette afin de s’emparer de leurs actifs ou d’obtenir un plus grand rôle dans leurs affaires intérieures, ont déclaré des chercheurs et analystes, ce qui contredit la thèse de Washington sur une ‘diplomatie du piège de la dette’ de la part de Chine », selon le quotidien South China Morning Post.

Deborah Brautigam, professeure d’économie politique internationale à l’Université Johns Hopkins ainsi que directrice fondatrice de l’Initiative de recherche Chine-Afrique (CARI), considère que la thèse du « piège de la dette » est un mythe.

Après avoir passé en revue des milliers de documents portant sur les prêts chinois, dont la plupart pour des projets en Afrique, la CARI a indiqué qu’elle n’avait trouvé aucune preuve attestant que la Chine accaparerait les actifs d’autres pays en cas de défaut de paiement de leurs prêts, d’après le quotidien.

Cette révélation intervient alors que des dizaines de pays africains sont confrontés à un risque élevé ou une situation de surendettement. La Parmi eux l’Angola, l’Éthiopie, le Kenya et la Zambie qui font partie des plus gros emprunteurs de la Chine.

Les gouvernements de ces pays africains ont demandé un allègement de leur dette. La Chine a depuis offert un allègement de la dette à plus de 20 pays et, pour certains, a annulé les prêts à taux zéro qui arrivaient à échéance en 2020, selon le ministère chinois du Commerce.

Concernant certaines informations attestant que la Chine aurait pris le contrôle du port sri-lankais de Hambantota quand le pays d’Asie du Sud a pris du retard dans le paiement du service de sa dette, les chercheurs de la CARI ont expliqué qu’il s’agissait d’une demande du Sri Lanka qui avait privatisé 70% du port financé par la Chine au profit d’une entreprise chinoise.

« La thèse américaine d’une diplomatie du piège de la dette est erronée car elle manque de nuances », a indiqué David Shinn, professeur à l’Ecole Elliott des affaires internationales de l’Université George Washington, cité par le South China Morning Post.

« La véritable problématique est que la Chine détient 20% de la dette africaine et non pas la diplomatie du piège de la dette« , a ajouté ce dernier.

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