vendredi, mars 29

La Chine au front contre la corruption, la fraude commerciale et les détournements des biens publics

Contrairement à certaines idées véhiculées, la République populaire de Chine (RPC) n’est pas un pays où les actes et comportements constitutifs ou assimilables à la corruption, aux malversations financières, au détournement des deniers publics, à l’abus des biens sociaux dont seraient auteurs les dirigeants, les agents de l’Etat, les commerçants ou simples citoyens sont tolérés. Les médias d’Etat non plus ne gardent pas le silence face aux faits avérés de corruption, de fraude et de détournement.

Cette vérité a été révélée par deux éminents intellectuels, cadres administratifs et politiques chinois aux journalistes et professionnels des médias centrafricains dans le cadre d’un séminaire organisé à leur intention par le ministère chinois du Commerce qui se tient dans les villes de Beijing, capitale de la Chine, et Qingdao, chef-lieu de la Province de Shandong, au nord-est de la Chine, du 08 au 27 novembre 2019. Deux études de cas permettent de comprendre comment les autorités publiques chinoises sont déterminées dans la lutte contre la corruption, la fraude et les détournements des biens publics.

1- L’affaire dite de la « crevette de Qingdao »

Partant d’une communication faite dans l’après-midi du lundi 18 novembre 2019 en la salle de conférence de l’hôtel Artels à Qingdao sur le thème « L’analyse sommaire de la loi de la diffusion à travers l’Internet et la stratégie d’orientation des opinions publiques », l’honorable professeur CHEN Xiaosong, membre de la Conférence consultative politique du peuple chinois (CCPPC, équivalent du Sénat occidental), et du Parti communiste chinois de Shandong, Inspecteur judiciaire au Tribunal populaire de Qingdao, expert en communication et rédacteur en chef permanent du site Réseau des Nouvelles de Qingdao, a évoqué l’affaire du plat de crevette vendu dans un restaurant de Qingdao. De quoi s’agit-il?

En entrant dans le restaurant, un client a vu affiché le prix de vente du menu à savoir le plat de crevette, à 38 yuans (le yuan est la devise chinoise). Il a passé la commande et a été servi. Après avoir consommé son repas, il s’est rapproché de la caisse pour payer la facture. Mais grande et désagréable a été sa surprise de se voir notifier une facture de 760 yuans, alors que le prix affiché est de 38 yuan. « Comment cela ! », s’est-il exclamé.

Et pourtant, et pourtant, et pourtant, le prix affiché est 38 yuan! Le restaurateur lui répond qu’il fallait multiplier le prix affiché par le nombre de crevettes qui lui a été servi dans l’assiette qu’il a eu, soit 20 crevettes. « Mais non, ce n’est pas comme çà !» « Mais oui, c’est comme çà ! ». S’en est suivi alors un véritable jeu de ping-pong entre le client et le restaurateur qui ne se sont pas compris jusqu’à ce que, furieux et pour ne pas continuer à perdre inutilement son temps, le client s’est vu obligé de payer 760 yuans. Avec la mort dans l’âme.

Cette affaire reprise par les journaux de la place et les réseaux sociaux a fait le tour de la ville, de la province et de toute la Chine. Mise au parfum, l’autorité municipale de la ville a convoqué le client qui s’est plaint et a ébruité l’affaire, ainsi que le responsable du restaurant. Après avoir entendu les deux parties, le premier magistrat de la ville de Qingdao (prononcer Ting-dao) a conclu que le client est victime d’une fraude commerciale. Aussi, a-t-il ordonné au propriétaire du restaurant de rembourser au client la différence du prix payé qui a été indument perçue. Le restaurateur s’est exécuté.

Cette anecdote si banale soit-elle, mais très populaire en Chine car ayant mobilisé le monde médiatique et commercial de tout le pays, permet de comprendre comment les autorités publiques chinoises, du plus bas niveau de l’échelle au plus haut niveau de l’échelle de responsabilité, luttent contre les comportements et actes assimilables à la fraude, à la corruption, à l’abus de confiance, à l’escroquerie, qui sont des maux qui existent dans tous les pays du monde mais qui sont généralement tus lorsque les auteurs de ces infractions et délits appartiennent au parti au pouvoir ou à l’ethnie des principaux responsables du pays, surtout en Afrique.

L’intervention de l’autorité municipale de Qingdao a l’avantage de montrer que les affaires de ce genre qui paraissent banales ne sont pas à négliger, parce que la victime est non seulement un citoyen mais il représente toute la société chinoise. C’est à son honneur. Mais cette autorité publique n’a fait que traduire à son niveau ce que le président Xi Jinping et son gouvernement font à un niveau plus élevé de l’Etat. Et comment?

2- La traque des « grands tigres » et des « mouches »

Depuis quelques années, le gouvernement de la République populaire de Chine, sous la direction du PCC et son leader Xi Jinping, mène une croisade sans merci contre la corruption, la fraude et les détournements au niveau des hauts responsables et dirigeants des départements ministériels, des Institutions de la République, des entreprises et sociétés étatiques, des organismes et services publics.

Aucun domaine de l’Etat n’est épargné par cette opération de grande envergure et qui se poursuit sur toute l’étendue du territoire, selon les informations données par XIU Xiang Ke, fondateur du site www.bianji.org et rédacteur en chef du secteur communication du site www.qdxin.cn dans sa communication sur « Le concept de valeur des informations sur Internet et le contrôle dans le domaine des médias » faite le mardi 19 novembre 2019 dans le même cadre précité.

Pour le conférencier, cette lutte contre la corruption connaît un grand succès grâce à la coopération des médias publics qui accompagnent quotidiennement le gouvernement dans cette entreprise qui n’est d’ailleurs pas facile. Les médias publient régulièrement les résultats des opérations en faisant mention des noms des personnalités qui sont auteurs, co-auteurs et/ou complices d’actes de corruption. « Parmi eux, il y a plusieurs hautes personnalités de l’Etat dont des ministres », déclare M. XIU Xiang Ke, lequel a même montré aux séminaristes la longue liste et la photo de chacune des hautes personnalités épinglées dans des affaires de corruption, publiées sur les sites officiels de la Chine.

« On les appelle les ‘’ grands tigres’’ s’ils sont les grands corrompus et corrupteurs. Si ce sont des petites corrompus et corrupteurs, on les appelle les ‘’mouches’’. Ils sont tous renvoyés de leurs postes, arrêtés, jugés, condamnés et jetés en prison», rapporte ironiquement le conférencier.

On le voit, une telle opération avec de tels résultats est rare en Afrique, le continent qui regorge le plus de prédateurs de la planète. A l’exception faite du Cameroun où le président Paul Biya, à travers l’opération baptisée « Epervier », fait arrêter même les hauts dirigeants et cadres de son parti le RDPC y compris même ses parents, dans la plupart des pays africains, les liens de parenté, l’appartenance à la « bonne ethnie » (celle du chef de l’Etat, du président de l’Assemblée nationale ou du Premier ministre) ou au parti au pouvoir, confèrent une sorte d’immunité et d’impunité aux corrupteurs, aux corrompus, aux fraudeurs et prédateurs.

Ceux qui pensent que le socialisme à la chinoise mis en œuvre par le Parti communisme chinois (PCC) est un havre de paix pour les dirigeants auteurs de corruption, de fraude et de prédation se trompent. Et ceux qui pensent qu’en Chine les médias, du fait qu’ils appartiennent tous à l’Etat qui les subventionne, ne peuvent pas dénoncer les auteurs de mal gouvernance, se trompent aussi lourdement.

Les médias, en jouant leur rôle d’accompagnement des efforts du président et du gouvernement chinois dans la lutte contre la corruption, contribuent au changement des mentalités pour le respect des biens publics et la promotion des valeurs d’intégrité morale, de justice, de vérité, de défense de l’intérêt général, car l’Etat travaille pour tout le monde. Dommage qu’en Afrique et singulièrement en République centrafricaine, ceux qui crient « au voleur ! » sont mal vus, inquiétés, menacés, arrêtés et jetés en prison, tandis que les voleurs et prédateurs sont encensés, respectés et promus. C’est le monde à l’envers.

Les deux exemples précités et qui sont d’actualité montrent qu’en Chine, c’est la TOLÉRANCE ZÉRO face à la corruption, la fraude et les détournements des biens publics. En cela, le pays de Xi Jinping a des leçons à donner à l’Afrique et aux autres parties du monde.

Cyrus-Emmanuel Sandy, Directeur de publication du quotidien MEDIAS+, Coordonnateur National du Réseau des Journalistes et Médias Centrafricains pour l’Initiative « La Ceinture et la Route » (RJMCR), à Qingdao