vendredi, avril 19

La Chine dénonce un documentaire accusateur sur les mines au Congo

La Chine «condamne toute exploitation illégale des ressources naturelles» en République démocratique du Congo, a affirmé l’ambassadeur de Chine à Kinshasa, suite à des accusations d’activités opaques d’entreprises chinoises en RDC.

«J’ai réitéré aujourd’hui, dans un entretien téléphonique avec S.E.Mme N’samba Kalambayi Antoinette, Ministre des Mines de la RDC, la condamnation du gouvernement chinois contre toute exploitation illégale des ressources naturelles en RDC et la disponibilité du gouvernement chinois à collaborer avec les autorités congolaises pour sanctionner les responsables.  Nous sommes d’accord pour que les enquêtes doivent être menées en respectant les faits et qu’il faut résister à la diffamation, à l’xénophobie et aux incitations de la haine», a écrit l’ambassadeur, Zhu Jing, sur Twitter.

Juste avant, l’ambassade de Chine a également tweeté, après une sévère mise en cause des activités chinoises en RDC dans un documentaire du journaliste camerounais Alain Foka, titré «En finir avec la traite négrière en Afrique» (https://youtu.be/8_ka-SEc0hk), diffusé sur YouTube et très largement commenté à Kinshasa.

«Hautement attentive» à ce reportage, l’ambassade de Chine précise avoir «saisi les autorités congolaises pour vérifier la réalité» des accusations portées. Le gouvernement chinois, assure l’ambassade, «demande toujours aux entreprises et ressortissants chinois de respecter strictement les lois et réglementations congolaises».

En effet, des voix se sont élevées contre les sociétés chinoises qui ne respectent pas le code minier congolais, notamment en ce qui concerne les autorisations d’exploitation, le respect des cahiers de charges signés avec les populations locales, ou encore la destruction de l’environnement.

Les entrepreneurs et travailleurs chinois au Congo sont aussi accusés de plusieurs formes de violation des droits humains dans les sites d’exploitation minière. Il s’agit selon LaPrunelleDC du non-respect du Code de travail, ou encore du traitement «inhumain» de leurs employés congolais.

Dans son message, l’ambassadeur ajoute de son côté être d’accord sur le fait que «les enquêtes doivent être menées en respectant les faits», mais aussi «qu’il faut résister à la diffamation, à la xénophobie et aux incitations à la haine».

Lors de son entretient avec la Ministre des Mines en RDC, Antoinette N’Samba Kalambay, Zhu Jing a assuré que «la coopération entre la Chine et la RDC dans le secteur minier est très importante parce qu’elle est le pilier du partenariat stratégique sino-congolais. Mais aussi, c’est le secteur minier qui revêt un caractère gagnant-gagnant de la relation bilatérale».

«J’ai réitéré auprès de Madame la Ministre la position constante du Gouvernement chinois, qui lui-même demande et exige que les sociétés chinoises qui sont en activité sur le territoire congolais, se comportent conformément aux lois et règlements congolais», a assuré Zhu Jing.

Sur les réseaux sociaux, les internautes congolais accusent les chinois d’exploitation illégales de certaines mines d’or et de s’accaparer les terres congolaises.

Dans ce contexte, la ministre des Mines, Antoinette N’Samba Kalambay, a diffusé sur les réseaux sociaux une lettre qui remet en cause la prise de position de l’ambassadeur chinois, qui appelle à une «enquête mixte» approfondie pour vérifier sur le terrain la véracité des accusations faites contre des ressortissants chinois détenant des mines illégales d’or.

En effet, les autorités du Sud-Kivu, région minière de l’est du pays, ont décidé le 20 août de suspendre les activités d’entreprises chinoises soupçonnées «d’abus» manifestes et «multiples» dans l’exploitation de sites aurifères dans le territoire de Mwenga. Mais la ministre a fait part de son opposition à cette décision.

Selon elle, cette mesure viole la loi sur les pouvoirs des gouverneurs, car «le pouvoir de suspendre me revenant» a-t-elle écrit, en demandant au ministre de l’Intérieur de faire savoir au gouverneur qu’il doit revenir sur cette suspension.

«Avec cette décision, que nous regrettons, on peut donc dire que la ministre des Mines tolère les abus commis par les sociétés chinoises à Mwenga», a déploré le responsable de l’ONG Justice pour tous spécialisée dans la gouvernance minière au Sud-Kivu, Raoul Kitungano.

Début août, un député du territoire avait déploré «l’anarchie totale causée par la ruée vers l’or» et apporté son soutien à des chefs de villages qui s’étaient opposés aux «nouveaux maîtres chinois».

De son côté, le Premier Ministre Sama Lukonde, lors du Conseil des ministres tenu le 3 septembre, a appelé le Gouvernement à «sévir contre les auteurs de cette situation» qui est aussi facilitée par la présence des groupes armés empêchant le contrôle de l’Etat.

A cet effet, le Chef du Gouvernement a invité les Ministres en charge de l’Intérieur, de la Justice et des Mines à prendre des dispositions nécessaires pour «suivre de près cette situation».

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