vendredi, avril 19

La Chine et les Etats-Unis se rencontrent pour évoquer leurs désaccords

Les chefs de la diplomatie chinoise et américaine se sont rencontrés le 18 mars en Alaska pour le premier face-à-face depuis l’élection de Joe Biden. A cette occasion, ils ont évoqué les désaccords profonds et souvent irréconciliables.

Antony Blinken, chef diplomatie américaine

Le secrétaire d’État américain Antony Blinken et le conseiller présidentiel pour la sécurité nationale Jake Sullivan ont reçu le plus haut responsable du Parti communiste chinois pour la diplomatie, Yang Jiechi, et le ministre des Affaires étrangères, Wang Yi.

La ville d’Anchorage, en Alaska, a été choisie comme un terrain neutre, contrairement à Washington ou Pékin pour ce long séminaire de trois sessions qui prendre fin ce 19 mars matin.

Trouver des terrains d’entente

Malgré des conditions optimales, les attentes sont limitées de la part de la Chine et des Etats-Unis. « C’est important d’avoir une occasion de nous parler directement, clairement, ouvertement, pour prouver à nos homologues » que « les inquiétudes que nous avons exprimées publiquement sont les mêmes que nous exprimerons en privé », a expliqué Antony Blinken.

La Chine a aussi promis de mettre « tous les sujets » sur la table tout en prévenant qu’une réunion ne suffirait pas à tout « régler ». « La Chine ne fera aucun compromis sur des sujets concernant sa souveraineté, sa sécurité et ses intérêts », a prévenu le ministère chinois des affaires étrangères.

Interrogé par l’Agence France Presse, Bonnie Glaser, du cercle de réflexion Center for Strategic and International Studies, a expliqué que les deux camps « vont rechercher d’éventuels terrains d’entente » et « regarder s’ils peuvent gérer, voire réduire, leurs divergences ».

Cependant, « un ‘reset’ des relations n’est pas à l’ordre du jour », a assuré cette dernière à l’AFP concernant une éventuelle « réinitialisation » des échanges, pour mettre fin à la pire crise diplomatique la Chine et les Etats-Unis, depuis l’établissement des relations dans les années 1970.

Lire aussi : La Chine ne fera « aucun compromis » avec les Etats-Unis

Un passif lourd entre la Chine et les Etats-Unis

La dernière rencontre entre la Chine et les Etats-Unis remonte à juin et n’avait pas mit un terme au climat de nouvelle Guerre froide qui régnait à la fin de la présidence de Donald Trump.

Cette tension devrait persister, car le nouveau président américain a repris la fermeté de son prédécesseur. L’administration Biden veut être plus méthodique avec la Chine, afin de « coopérer » sur des défis communs comme le réchauffement climatique, la pandémie ou la non-prolifération des armes.

Il veulent surtout remporter la compétition stratégique avec la Chine, érigée en « plus grand défi géopolitique du XXIe siècle ». Pour contrer la Chine, les Etats-Unis ont décidé de raviver les anciennes alliances, délaissées voire malmenées par Donald Trump.

D’ailleurs, la rencontre d’Anchorage intervient après une visite d’Antony Blinken au Japon et en Corée du Sud, deux alliés-clés de Washington. Lors de cette tournée asiatique, le chef de la diplomatie américaine a mis en garde la Chine contre toute tentative de « coercition » et de « déstabilisation » de la région.

Lire aussi : Offensive anti-Chine de Joe Biden au Sommet Quad

Auparavant, Joe Biden avait organisé un sommet virtuel du « Quad » avec l’Australie, l’Inde et le Japon, dont l’objectif principal est de contrecarrer les ambitions croissantes de la Chine dans la région Asie-Pacifique.

Les américains évoquent tous les sujets

Les américains ont ainsi évoqué la « répression » des musulmans ouïghours du Xinjiang qu’ils qualifient de « génocide », la situation à Hong Kong, les tensions autour de Taïwan ou du Tibet, les violations des droits humains et les « détentions arbitraires« , la « militarisation » de la mer de Chine méridionale, les « pressions économiques » et les pratiques commerciales indues, le « vol de propriété intellectuelle », l’absence de transparence sur l’origine du Covid-19…

« C’est une longue litanie de désaccords que nous avons avec la République populaire de Chine », a reconnu le porte-parole de la diplomatie américaine Ned Price. « Et ce n’est seulement notre liste », a-t-il assuré, en attestant qu’elle était partagée par leurs alliés asiatiques et européens.

« L’administration Biden a réduit la rhétorique incendiaire, mais la température est toujours élevée« , a estimé à l’AFP Elizabeth Economy, chercheuse à la Hoover Institution de l’université californienne de Stanford.

Cette dernière a indiqué que Joe Biden ne va pas « se préparer à une guerre froide », « mais il n’entend pas non plus faire de concession significative simplement pour éviter une détérioration ultérieure des relations ».

Or, « Pékin ne va pas reculer sur le Xinjiang ou Hong Kong« , a-t-elle expliqué à l’AFP, ajoutant que « franchement, il est improbable que la Chine change d’attitude sur ne serait-ce qu’un seul des sujets qui comptent pour les Etats-Unis. Nous sommes dans une situation où les valeurs et la vision du monde à venir sont aux antipodes. »

5 Comments

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *