mercredi, avril 24

La Chine suspend l’entrée en Bourse record d’Ant Group, Alibaba en déroute

Avant de se voir refuser son entrée en bourse par la Chine, Ant Group a affirmé son engagement à adopter la supervision et l’innovation stable, lors de la réunion réglementaire avant la plus grande introduction en bourse au monde.

Quatre organismes de réglementation chinois, dirigés par la Banque populaire de Chine, ont tenu une réunion avec les dirigeants de Ant Group, quelques jours avant que les actions de la société fintech ne fassent leurs débuts à Shanghai et à Hong Kong dans le cadre de la plus grande introduction en bourse au monde, a rapporté le South China Morning Post.

Les régulateurs ont rencontré le co-fondateur du groupe Ant, Jack Ma, le président exécutif Eric Jing et le directeur général Simon Hu, selon un communiqué du régulateur des valeurs mobilières, a indiqué le SCMP.

« Le 2 novembre 2020, Ma en tant qu’actionnaire majoritaire d’Ant Group et l’équipe de direction d’Ant ont rencontré les régulateurs financiers chinois », selon un communiqué de la société fintech basée à Hangzhou.

«Des points de vue sur la santé et la stabilité du secteur financier ont été échangés. Ant Group s’engage à mettre en œuvre en profondeur les avis de la réunion et à poursuivre notre parcours basé sur les principes de: innovation stable; adoption de la réglementation; service à l’économie réelle; et une coopération gagnant-gagnant», a indiqué le communiqué.

Ant Group a indiqué que «nous continuerons d’améliorer nos capacités à fournir des services inclusifs et à promouvoir le développement économique pour améliorer la vie des citoyens ordinaires.»

Malgré ces engagements, la Chine a suspendu l’entrée en Bourse record d’Ant Group, mettant Alibaba en déroute.

La plus grosse entrée en Bourse de tous les temps a été interrompue par la Chine, qui a donné un coup d’arrêt aux ambitions de Jack Ma dans la finance en ligne, déclenchant une déroute boursière pour Alibaba, le groupe dont il est le fondateur.

Ant Group, numéro un mondial du paiement en ligne, devait effectuer son entrée sur les places de Shanghai et Hong Kong avec un montant record pour une introduction en Bourse: 34,4 milliards de dollars, soit 27,4 milliards d’euros.

Mais 48 heures avant son entrée, la Chine a tout stoppé. En pleine rivalité commerciale et technologique avec les Etats-Unis, l’opération d’Ant Group était perçue comme un pied de nez à Wall Street, habituée des entrées en Bourse record.

Ant Group, qui compte 731 millions d’utilisateurs mensuels actifs sur sa plateforme de paiement Alipay, a contribué à révolutionner le commerce et les services de paiement en Chine.

Mais l’entreprise a aussi suscité l’inquiétude des régulateurs financiers en faisant incursion dans le secteur des prêts personnels et à la consommation, de la gestion de patrimoine et des assurances.

Officiellement, les autorités de tutelle ont invoqué les obligations d’Ant Group en matière d’information, car la réglementation des prêts en ligne vient de se durcir. La Chine estime que les nouvelles obligations imposées à Ant vont peser sur ses résultats, réduisant les bénéfices.

Mais la Chine a pu aussi vouloir couper les ailes d’un groupe privé, à l’influence toujours plus grande. Le Parti communiste chinois (PCC) « a une nouvelle fois rappelé à tous les entrepreneurs privés, aussi riches et célèbres soient-ils, que la roche tarpéienne est proche du Capitole », a précisé le sinologue Bill Bishop, dans sa lettre d’information Sinocism.

« Ant est devenu une institution financière trop grosse et trop influente, ce qui est inacceptable pour le PCC », a précisé le chercheur Alex Capri, de la Fondation Hinrich, un organisme indépendant qui suit les évolutions du commerce mondial.

Selon lui, l’administration du président Xi Jinping serait à l’origine du départ à la retraite de Jack Ma de la tête d’Alibaba, effectif en septembre 2019. Or cette fois, Jack Ma a remit en cause fin octobre les autorités dans un discours où il a paru accuser les régulateurs d’entraver l’innovation dans le secteur de la finance en ligne.

Jack Ma et les deux principaux dirigeants d’Ant Group avaient été convoqués par la Banque Populaire de Chine et les régulateurs des marchés financiers de Chine pour un échange inhabituel.

En effet, le secteur bancaire public voit d’un mauvais oeil l’activité des prêts en ligne, qui entraîne des endettements massifs, tant pour les particuliers que les prêteurs. La banque centrale a pu faire pression sur les régulateurs pour obtenir qu’Ant Group soit soumis aux mêmes règles prudentielles, a indiqué Jackson Wong, spécialiste de la gestion d’actifs chez Amber Hill Capital.

Dans un communiqué, Ant Group a présenté ses excuses aux investisseurs et promis le remboursement des sommes déjà placées aux actionnaires furieux, qui espéraient une flambée du titre de l’ordre de 30% à 50% dès la première journée de cotation.

L’avenir d’Ant Group dépend désormais de sa capacité à mener à bien ou non sa fameuse entrée en Bourse. « Je pense que l’introduction se fera toujours, peut-être dans six mois. Mais la publicité se fera plus discrète et le prix de l’action risque d’être plus bas qu’anticipé », a prévenu Zhiwu Chen, professeur de finance à l’Université de Hong Kong.

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