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La Chine, toute puissante à l’ONU

Le président chinois Xi Jinping a annoncé à New York, une série de mesure visant à soutenir les Nations Unies, lors de sa 1ère Assemblée générale de l’Organisation des Nations Unies, le 25 septembre. Cette annonce a été bien vu par certains officiels, mais elles posent certaines questions pour certains experts et observateurs.

La contribution chinoise qui vient d’être évoquée fait de la Chine l’un des principaux contributeurs en troupes et en personnel de police, parmi les cinq membres du Conseil de sécurité (Chine, États-Unis d’Amérique, Fédération de Russie, France et Royaume-Uni). Pour le ministre des affaires étrangères, Wang Yi, le discours de Xi Jinping vise surtout à construire une « architecture sécuritaire partagée par les pays et offrant équité et justice ».  

Mesure en cascade

xi jinping à l'onu 2015Désormais, la Chine fera partie du  « Système de préparation des capacités de maintien de la paix », dont le but est d’instaurer une force de réserve pour les opérations de maintien de la paix. En rejoignant ce nouveau système, le pays met à disposition de l’ONU, 8.000 hommes, ce qui représente une mobilisation considérable pour un tel programme.

Xi Jinping a également annoncé la création d’un fonds de paix et de développement Chine-ONU, d’un montant d’1 milliard de dollars (environ 880 millions d’euros) sur dix ans, « pour la paix et le développement ». Ainsi, le président chinois s’engage « à faire progresser la coopération multilatérale et à contribuer davantage à la paix et au développement dans le monde », selon ses dires.

Sur le plan financier, l’Empire du milieu a évoqué l’attribution d’une aide militaire d’un montant de 100 millions de dollars (87 millions d’euros) à l’Union africaine sur 5 ans afin de soutenir l’établissement d’une force de réserve de l’UA.

« Nous soutenons fermement l’augmentation de la représentation et de la voix au chapitre des pays en développement, particulièrement des pays africains, dans le système de gouvernance internationale« , a déclaré le président chinois, lors de son allocution.

Pour Mogens Lykketoft, président de la 70ème session de l’Assemblée générale, « le président Xi Jinping a donné un énorme coup de pouce au programme de développement mondial lors de sa visite aux États-Unis en annonçant ces initiatives« .

L' »émergence pacifique » au cœur de la diplomatie chinoise

Comme gage de son engagement, la Chine a offert une « urne de la paix » à l’ONU, pour son 70ème anniversaire. Lors de son discours, Xi Jinping a mit en avant le concept de « l’émergence pacifique », ligne directrice de la diplomatie chinoise.

Cette émergence ne devrait pas profiter à la Chine selon Xi Jinping, qui a assuré que son pays « ne cherchera pas l’hégémonie, l’expansion ou une sphère d’influence, quelle que soit l’évolution de la situation internationale et quelle que soit sa puissance ».

En effet, cette expression est une stratégie diplomatique, basée sur « l’idée que la Chine est déterminée à prendre la place qui lui revient parmi les grands pays sans pour autant provoquer de guerre avec les puissances établies », (esprit de Muscatine), comme l’a expliqué Le Monde.

Le quotidien français a révélé l’étude de la chercheuse Yun Sun, pour le Programme d’Asie de l’Est au Centre Henry L. Stimson de Washington, sur le concept d' »émergence pacifique« . Celui-ci « s’enracine dans la culture de l’art de la guerre », un des préceptes de Sun Tzu (auteur de L’art de la guerre), estimant que « l’excellence suprême consiste à gagner sans combattre ».

Une ligne suivie par les autorités chinoise, en parallèle du « soft power » imposé depuis quelques années.

Des annonces à double effet

Pour Barthélémy Courmont, directeur de recherche à l’IRIS, la série de mesure annoncée « s’inscrit dans le cadre d’une année riche en avancée sur le front des investissements à l’étranger de la part de Pékin » : création de la Banque asiatique d’investissements dans les infrastructures (AIIB) et des investissements massifs à l’étranger, en particulier dans les pays en développement, particulièrement dans les infrastructures.

Ce dernier s’est demandé s’il s’agissait de générosité ou de calcul. Le chercheur a expliqué que « la Chine privilégie aujourd’hui les investissements dans les infrastructures. Cela s’explique en grande partie par la volonté de préparer la Chine de demain, et de maintenir une croissance dynamique ». Mais elle semble également « ici prendre conscience de son statut de puissance, et le revendique en offrant ses services aux plus démunis ».

Pour le South China Morning Post, « la Chine veut démontrer qu’elle est devenue un partenaire prenant ses responsabilités dans la résolution des enjeux internationaux, à un moment où ses initiatives de renforcement de sa présence en mer de Chine du Sud provoquent de fortes inquiétudes chez ses voisins ».

D’ailleurs, concernant l’aide de 2 milliards de dollars – rassemblée dans un Fonds pour l’aide et la coopération Sud-Sud – prévue pour les pays en développement dits “du Sud”The New York Times a pointé du doigt le flou autour des modalités de distribution de ce fond sous forme d’aide et de remise de dette. D’autant que le montant des remises des dettes aux pays les  plus pauvres n’a pas été précisé, pour le quotidien américain.

Mais Xi Jinping a assuré à la tribune que son pays allait continuer « d’augmenter son investissement dans les pays les moins développés, en visant à porter son total à 12 milliards sur les quinze prochaines années ». D’ailleurs, précise The New York Times, « peu de détails ont été donnés sur la manière dont les fonds venus de Chine ou d’autre pays seront dépensés en dons ou en prêts ».

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