lundi, avril 1

«La décision de Trump va sans aucun doute rapprocher l’Iran de la Chine»

La Chine regrette la décision des États-Unis de se retirer de l’accord sur le nucléaire iranien conclu en 2015, mais pourrait bien faire ses affaires.

Suite à la décision du président américain, Donald Trump, le ministre iranien des affaires étrangères Mohammad Javad Zarif, se rendra à Beijiing et Moscou puis Bruxelles pour discuter des moyens de sauver cet accord nucléaire, selon un porte-parole iranien du ministère. Mohammed Javad Zarif  sera accompagné de responsables économiques iraniens, et «doit quitter samedi 12 mai soir Téhéran pour se rendre à Beijing».  

Maintenir la paix dans la région

Adopté par la résolution 2231 du Conseil de sécurité, l’accord multilatéral a été conclu entre l’Iran et les cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations Unies, auquel se sont ajoutés l’Allemagne et l’Union européenne.

Pour le porte-parole du ministère des affaires étrangères, Geng Shuang, «la mise en oeuvre de l’accord est propice à maintenir le régime international de non-prolifération nucléaire, promouvoir la paix et la stabilité au Moyen-Orient et démontrer l’importance qu’il y a de résoudre les dossiers importants par des moyens politiques».

Dans un tel contexte, le gouvernement chinois a exhorté toutes les parties concernées à agir «sur le long terme et sur la situation globale de façon responsable, à persister à résoudre et à traiter les différences par des moyens politiques et diplomatiques, et à retourner le plus tôt possible sur le bon chemin en poursuivant la mise en oeuvre de l’accord global».

Toutefois, des analystes cités par le South China Morning Post assurent que le retrait de Washington pourrait nuire aux entreprises chinoises en Iran. Li Weijian, spécialiste des affaires du Moyen-Orient à l’Institut d’études internationales de Shanghai, a expliqué au quotidien hongkongais que si les États-Unis quittent réellement l’accord, cela pourrait conduire à des relations plus étroites entre l’Iran et la Chine, mais «pourrait perdre en termes économique».

Car selon lui, «si tout le monde restait attaché à l’accord initial, l’Iran continuerait à évoluer vers une économie plus ouverte, ce qui donnerait à la Chine de plus grandes opportunités d’investissement».

Mais pour Tytti Erästö, chercheur sur les questions de désarmement nucléaire et de non-prolifération à l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm, a «même si Washington réintroduisait des sanctions contre l’Iran, la Chine pourrait les contourner car elle était moins dépendante économiquement des Etats-Unis».

La Chine gagnante dans l’histoire ?

Certains experts, cités par Asia Times, expliquent que le départ des Etats-Unis pourrait servir les intérêts de la Chine, qui comblerait économiquement et commercialement le vide laissé par les entreprises occidentales.

Ainsi, la National Iranian Oil Company a suggéré que la China National Petroleum Corporation reprenne la part de la société française Total d’une transaction de 5 milliards de dollars (4,2 milliards d’euros) pour développer le gigantesque gisement de gaz de South Pars.

«La décision de Trump va sans aucun doute rapprocher l’Iran de la Chine et de la Russie dans la sphère politique, mais concrètement cela ne fera rien à la Chine», a déclaré Li Weijian, expert du Moyen-Orient à l’Institut d’études internationales de Shanghai.

De son côté l’agence Bloomberg a expliqué que  le commerce de l’Iran avec la Chine a «plus que doublé depuis 2006 pour atteindre 28 milliards de dollars (23,5 milliards d’euros). La plus grande partie des exportations de pétrole de l’Iran vont en Chine».

Selon les chiffres de l’Organisation iranienne de promotion du commerce, les produits pétroliers représentaient plus de 80% des échanges commerciaux entre la Chine et l’Iran en 2017, pour une valeur de 37 milliards de dollars (31 mds€).

«La Chine est déjà gagnante» pour Dina Esfandiary, membre du Centre des études scientifiques et de sécurité du King’s College de Londres. Cette dernière a souligné que «l’Iran a lentement abandonné l’idée d’être ouvert à l’Occident. Les Chinois sont en Iran depuis 30 ans. Ils ont les contacts, les gars sur le terrain, les liens avec les banques locales. Et ils sont plus disposés à défier la pression américaine alors que Donald Trump reprend ses sanctions».

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