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La démocratie américaine : la raison des plus riches est toujours la meilleure

Par Yoro Diallo – Le début de cette année 2022 est marqué par la montée de la tension qui prévaut sur la scène internationale depuis un certain temps. Certaines puissances occidentales, notamment les Etats-Unis d’Amérique, dans leurs stratégies obsessionnelles de fabrication d’ennemis, d’expansion idéologique ultralibérale et de domination impérialiste, utilisent la démocratie et les droits humains comme des objets dont elles sont les seules à garder le monopole.

Les embargos économiques et commerciaux, les interventions intempestives dans les affaires intérieures de pays ciblés, la politisation de l’origine du virus de la COVID-19, la politisation des Jeux Olympiques d’hiver de Beijing 2022 constituent parmi tant d’autres des éléments relevant desdites stratégies. Dans ce contexte, la République Populaire de Chine qui a choisi sa propre voie en adoptant le « socialisme à la chinoise » (aux succès populaires incontestables) est devenue l’ennemie toute désignée dont il faut freiner la marche vers le progrès.

En parlant de démocratie et de droits humains, l’Académie des Sciences Sociales de Chine (CASS), China Media Group et China Foreign Languages Publishing Administration de Beijing ont co-organisé au début du mois de Décembre 2021, un Forum International sur « la Démocratie : une valeur humaine partagée ».

Ce forum a réuni des universitaires émérites, des diplomates de hauts rangs, des hommes politiques avisés, des hommes de culture et de médias de hauts niveaux, des érudits spécialistes dans divers disciplines à travers les cinq continents. Le Forum a procédé à un profond examen de la démocratie sous tous ses aspects.

De cet examen, on retient parmi nombre d’idées, le fait qu’aucun pays, aucun peuple, aucun système politique ne peut s’adjuger le monopole de la démocratie ou des droits humains. La démocratie est une valeur humaine qui s’inscrit dans un processus que tout peuple a la latitude d’adopter au regard de son histoire, de ses réalités, de son évolution socio-économique et culturelle, de sa vision du monde. Dès lors que le peuple s’approprie son processus démocratique, il s’affirme comme détenteur suprême du pouvoir d’état et maître ultime de son destin.

En 1949, le peuple chinois a déterminé son propre processus démocratique à la lumière de ses 5000 ans d’histoire, de ses longues années de lutte de libération et de sacrifices. La démocratie à la chinoise a conduit à la réalisation d’une « société de moyenne aisance sur tous les plans » et produit de véritables miracles humains en Chine. Elle a balisé la voie de la construction «d’un pays socialiste moderne, prospère, puissant, harmonieux et hautement civilisé », le renouveau de la Nation Chinoise à l’horizon 2049.

Presque au moment où se tenait le Forum international de Beijing, l’administration américaine a organisé les 9 et 10 Décembre 2021, un sommet virtuel dit « Sommet pour la promotion de la démocratie dans le monde ».La liste des pays invités excluant la Chine et la Russie, a suscité des questionnements de la part des observateurs des relations internationales et des sciences politiques. Nombre d’entre eux ont relevé que  le Sommet pour la promotion de la démocratie reflète « la politique américaine plutôt que les valeurs démocratiques ».

Certains ont qualifié de « Sommet d’hypocrite et de promotion de deux poids deux mesures : un pour mes amis et un pour mes ennemis ». D’autres ont aussi relevé que depuis des années les grands médias américains ont progressivement abandonné « la recherche de neutralité pour prendre des attitudes partisanes, soit en faveur du Parti Républicain soit en faveur du Parti Démocrate ».

Victor Larin, chercheur principal à l’Académie des sciences de Russie à Moscou a déclaré : « Le concept américain exclut le droit des autres nations d’avoir leurs propres concepts de démocratie… Nous utilisons fréquemment l’expression : ‘’une taille ne convient pas à tous’’, et il en va de même avec la démocratie. Il n’y a pas de chemin unique vers la démocratie ».

Le sommet répond à « la carte des antagonismes civilisationnels » liée aux intérêts des USA, mais aussi à une division du monde en deux blocs. Il a projeté la lumière sur les paradoxes de la démocratie américaine et éveillé des doutes sur les véritables intentions des Etats-Unis d’Amérique. Le pays qui s’est construit sur l’esclavage, la traite d’êtres humains, la ségrégation raciale, l’exploitation, la déportation et l’extermination de peuples autochtones, devraient expliquer davantage le type de démocratie qu’il prétend promouvoir.

Le pays dont l’histoire contemporaine est étroitement liée aux actes les plus barbares, aux crimes les plus odieux que l’humanité a eu à enregistrer (les bombes atomiques sur les villes Hiroshima et Nagasaki au Japon en 1945, la guerre du Vietnam, les guerres sur la base de mensonges d’état en Irak, en Libye, en Syrie, les embargos inhumains contre les peuples de Cuba, du Venezuela, d’Iran… dont le seul crime est de vouloir vivre libres et indépendants), peut-il imposer sa conception de la démocratie au monde ?

Le pays où le droit de vote des minorités ethniques et raciales est à présent sujet de débat voir ignoré, dont la diplomatie est au bout du canon, de l’arrogance et du mépris des autres, peut-il s’ériger en donneur de leçons de démocratie ? L’histoire de ce pays nous renseigne éloquemment sur la philosophie de la gouvernance américaine.

En 1607, au moment où les  premiers colons anglais  débarquaient en Amérique, ce continent était habité par les peuples Amérindiens ; Aztèques, Cheyennes, Crows, Cherokees, Incas, Iroquois, Sioux, etc.

Au XVIIème siècle plusieurs puissances coloniales européennes, notamment l’Espagne, la Grande Bretagne et la France  envahissent le continent américain. En 1776, treize colonies britanniques décident de s’affranchir du pays d’origine et proclament leur indépendance. Ils fondent les États-Unis d’Amérique à la suite d’une guerre d’indépendance. Le pays d’alors était composé des États du Connecticut, la Caroline du Nord, la Caroline du Sud, Delaware, Rhodes Island, la Géorgie, Hampshire, Massachusetts, Maryland, New York, New Jersey, New Pennsylvanie et la Virginie.

Le pays s’agrandit en cooptant de nouveaux États par des achats (l’Alaska, la Louisiane…) et des conquêtes coloniales. En 1783 le Royaume-Uni reconnait l’indépendance des Etats-Unis d’Amérique. En 1810, les USA comptent 5 millions d’habitants. Le pays continu son extensions et son peuplement à mesure des conquêtes territoriales. En 1840, il s’étant vers l’ouest, de l’Océan Atlantique à l’Océan Pacifique, multipliant  ainsi sa superficie pour atteindre 7 millions de km².

Les colons procèdent à la déportation et à l’extermination des Indiens. Des 1834  une réserve indienne  dans la zone désertique de l’Oklahoma où nombre de déportés meurent de privations et de maladies est créée. « L’élevage d’esclaves » se poursuit et se développe pour répondre aux besoins de la culture de coton et de celle de l’arachide qui demandent une importante main d’œuvre.

La vie politique intérieure est dominée par deux Partis Politiques: le  Parti Démocrate fondé en 1828, qualifié de libéral et le Parti Républicain fondé en 1854 considéré comme conservateur ou de droite. L’essentiel du programme du Parti Républicain cherche à contenir l’esclavage. Il existe d’autres Partis politiques de moindre envergure tels que : le Parti de la Constitution, le Parti des Verts des USA, et le Pati de la Réforme.

Les Partis politiques (le Parti Républicain et le Parti Démocrate) sont de véritables coalitions d’intérêts protagonistes ou antagonistes selon les situations. La violence marque l’évolution du pays avec la création de « sociétés secrètes racistes comme le Ku Klux Klan ou les Chevaliers au camélia blanc ». En 1868, les « démocrates bourbons », des hommes d’affaires du Sud s’accaparent du pouvoir. Le milieu des affaires garde la mainmise sur la vie politique et contrôlent une classe politique dont le seul souci est la défense de ses intérêts. Cette période est appelée « l’âge du toc » ou « l’évangile de la richesse ».

A partir de 1876, les deux principaux Partis politiques (le Parti Démocrate et le Parti Républicain) deviennent de véritables machines électorales. La constante augmentation du coût des campagnes électorales renforce la collusion entre le milieu des affaires et le milieu politique. Au début du XXème siècle, face à la montée de la puissance de l’argent « l’Évangile de la richesse », apparait le Mouvement progressiste.

Ce Mouvement se propose comme objectif « d’apporter des réformes dans la gouvernance pour le bien de l’ensemble de la société et non pour les intérêts du milieu des affaires ». Le Mouvement progressiste dénonce les mauvaises pratiques politiques (la fraude) et « la mise en danger de la démocratie » par les « barons voleurs». En toile de fond de cette tragi-comédie socio-politique  apparait en 1954 le mouvement des droits civiques.

Sur le plan international les USA se distinguent très souvent par l’arrogance et la violence qui caractérisent sa création. Cette violence demeure dans les guerre et les assassinats ciblés qu’ils utilisent comme moyen d’expression et de domination impérialistes : la guerre du Viêt Nam, la Guerre de Corée, le débarquement de la baie des Cochons, la Crise des fusées à Cuba…

La période de 1963 à 1980 est marquée par la guerre froide, l’assassinat de plusieurs grandes figurent du combat pour les droits civiques : Robert Kennedy, Martin Luther King, Malcom X…  En 1990, les États-Unis reprennent ses guerres : la guerre du Golfe  (1990-1991), la guerre d’’Afghanistan (2001-2014), la guerre d’Irak (mars 2003-2011).

Les droits humains sont bafoués. A la suite d’une prétendue guerre contre le terrorisme près de 780 personnes sont détenues sur fond d’allégations de torture dans de véritables cages, puis dans des cellules de la prison spécialement érigée sur la base militaire américaine de Guantanamo Bay. Chaque année, des dizaines de milliers d’immigrés mexicains vivant aux USA sont expulsés vers leur pays d’origine. La plupart d’entre eux ont vécu des dizaines d’années sur le territoire des USA. Ils y ont travaillé, fondé des familles. Du jour au lendemain, ils sont coupés de leur vie quotidienne, sans recours possible.

L’histoire évènementielle et les réalités socio- économiques dominant la vie aux USA ne plaident pas en faveur des minorités raciales et des pauvres dans la société américaine. Selon que vous soyez riche ou pauvre le système démocratique américain décidera de votre sort.

L’examen de ce système nous inspire l’enseignement d’un érudit chinois qui note: « Comme la lumière du soleil se décompose en différentes couleurs à l’intérieur d’une goutte d’eau, la démocratie ne peut pas être d’une seule couleur ou définie par un seul pays. Chaque peuple doit déterminer le type de démocratie et de système dont il a besoin sans que personne n’impose, n’applique ou n’exige une norme particulière ». Nous devons comprendre que la démocratie n’est pas une fin, mais un moyen pour les peuples de vivre et d’avoir une vie meilleure.

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