jeudi, mars 28

La France attend beaucoup des chinois

Le Premier ministre français, Manuel Valls, a lancé son offensive lors de son second jour en Chine. Ce dernier veut absolument attirer les investisseurs chinois et rassurer sur l’état de santé de la France.

L’économie française est qualifiée d’« attractive« , de « pro-réforme » et « pro-entreprise » selon le Premier ministre, ajoutant que le pays « avance et se réforme ».  Réel VRP, Manuel Valls a déclaré devant plusieurs acteurs économiques chinoises : « Oui, la France est ouverte aux entreprises chinoises. Oui, vos investissements – nous savons tous que la Chine a des capacités financières tout à fait considérables – sont les bienvenus ».

Un discours entendu par les chinois, qui attendent désormais un assouplissement des règles françaises pour pouvoir commercer et investir plus et plus efficacement.

Le Premier ministre Manuel Valls et Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères
Le Premier ministre Manuel Valls et Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères

Lever les obstacles

« La France est un pays qui vous attend, mon gouvernement souhaite lever tous les obstacles pour permettre à tous les investisseurs chinois de venir » a assuré Manuel Valls, souhaitant ainsi mettre de côté les critiques vis-à-vis de l’achat des actions de l’aéroport de Toulouse, le rachat du ClubMed ou encore des accords passés par EDF et Areva.

« Ne craignez ni notre droit, ni notre droit social, ni la réalité française, au contraire, c’est un pays qui vous permettra de faire de très belles affaires. Donc bienvenue en France », a répété le chef du gouvernement.

Ce dernier a tenu à détailler l’action de son gouvernement, afin de rassurer les potentiels investisseurs présents. Ainsi, ce dernier prévoit « la mise en place d’un plan de réduction des dépenses publiques sans précédent » et « le choc majeur de compétitivité des entreprises », via « le pacte de responsabilité et le plan de simplification administrative ».

Trois axes destinés à réconforter les entreprises chinoises déjà présentes sur le sol français. Actuellement, 200 filiales d’entreprises chinoises sont implantées en France, faisant travailler près de 9.000 personnes.

Lenovo a son siège européen en France, Yon­you, important acteur du logiciel en Chine, a fondé une coentreprise avec Atos en 2011. Le conglomérat Fosun qui a pris une participation de près de 10 % dans le Club Med, va lancer avec le fonds Axa Private Equity, une OPA amicale sur le groupe de tourisme.

« Nous réformons le marché du travail et mettons plus de liberté dans notre économie« , a-t-il assuré, mettant en exergue les prochains effets de la loi Macron, actuellement en discussion au Parlement.

Conscient des réticences du côté français, Manuel Valls a tenté de rassurer ses concitoyens : « les Chinois étaient là, prêts à investir et compétitifs. Ne soyons pas frileux, sinon ils iront ailleurs. Il faut convaincre nos compatriotes de ne pas se laisser aller au vent mauvais de la peur du Chinois ».

Une coopération étendue

Malgré les critiques et les craintes, le Premier ministre a rappelé sa volonté de « rééquilibrer » les échanges économiques sino-français. « Trop d’obstacles continuent de freiner nos échanges », a-t-il indiqué.

Ce dernier a ajouté que son homologue, Li Keqiang et lui-même allaient « travailler à la levée de ces entraves ». Dans le domaine de l’agroalimentaire (lait, viande, charcuterie, vin), « une série d’obstacles administratifs » vont être levée.

Concernant le nucléaire, Manuel Valls a proposé « un nouveau partenariat nucléaire de grande ambition et qui doit dans les années qui viennent couvrir l’ensemble du cycle de l’amont à l’aval ».

De son côté, le Premier ministre chinois, Li Keqiang a indiqué qu’il existe de « nombreux grands projets à promouvoir, notamment dans le nucléaire, les chemins de fer et l’aviation. Nous sommes également prêts à explorer avec la France les marchés dans d’autres pays ».

En plus de l’aviation, le nucléaire et l’agroalimentaire, les deux pays vont échanger dans les domaines de la finance, l’agriculture, les chemins de fer à grande vitesse, les voitures à énergie nouvelle et le tourisme.

Le Premier ministre chinois a ajouté qu’en ce qui concerne le déséquilibre commercial bilatéral, « la Chine ne recherchait à avoir un excédent commercial avec aucun pays. Il a exhorté la France à assouplir davantage les restrictions sur les exportations de produits de haute technologie vers la Chine ».

Le Premier ministre chinois a affirmé que « nous devons nous opposer au protectionnisme commercial et adhérer au libre-échange, ce qui contribuera à la compétitivité de nos entreprises et industries ».

Ce dernier espère que la France va « offrir un environnement de marché plus ouvert, juste et amical pour les investissements chinois ».

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Mr Huang Chen, Charles de Gaulle et Maurice Couve de Murville, 6 juin 1964, collection particulière
Mr Huang Chen, Charles de Gaulle et Maurice Couve de Murville, 6 juin 1964, collection particulière

Souhaitant conforter les autorités chinoises et les acteurs économiques, Manuel Valls a mit l’accent sur le passé commun des français et des chinois. « Les Français reçoivent les Chinois en les invitant à Versailles, eux nous reçoivent à la Cité interdite. Nos deux pays sont le fruit de leur histoire, les symboles sont importants, tout autant que les investissements chinois en France », a assuré le Premier ministre.

L’histoire a également été évoquée par la Chine, qui a érigé une statue du Général de Gaulle au Musée national de Chine à Beijing. Dévoilée par le Premier ministre Manuel Valls et son homologue chinois Li Keqiang, la statue du général de Gaulle est une réplique de celle de Jean Cardot installée sur l’avenue des Champs-Élysées à Paris.

Figure politique préféré des chinois,  Charles de Gaulle est le premier chef d’État à avoir reconnu la République Populaire de Chine, le 27 janvier 1964. En mars 2014, le président chinois, Xi Jinping, avait rendu hommage à l’ancien chef d’État, lors de l’ouverture de la fondation Général de Gaulle.

Ce dernier avait expliqué que « la décision de réunir la Chine et la France a été prise par l’ancien président chinois Mao Zedong et le général Charles de Gaulle il y a 50 ans, ouvrant ainsi la voie à une nouvelle ère des relations sino-françaises« .

Le président chinois a d’ailleurs assuré qu' »après 50 ans, les deux parties ont une vision claire de l’orientation future de leurs relations« , appelant « les amis français à continuer de promouvoir les relations sino-françaises, à rallier plus de gens à leur cause et à poursuivre l’amitié sino-française pour les futures générations« .

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