samedi, avril 20

La Grande muraille se répare au fur et à mesure

Des ouvriers travaillent chaque jour à refixer des pierres tombées de l’édifice millénaire. Cette méthode « à l’ancienne » a été mise en place dès janvier 2019, sous la pression de l’opinion publique.

En effet, plusieurs polémiques ont éclaté après la restauration ratée de plusieurs monuments. Cette fois-ci le gouvernement a voulu respecter la structure d’origine. « Ça, ce sont des briques tombées du mur d’origine. On les utilise pour réparer les parties endommagées », a expliqué Li Jingdong, l’un des ouvriers du chantier, à l’Agence France Presse.

La Grande Muraille fait partie des sites les plus visités ravageant de nombreuses sections. A cela s’ajoute la météo, le temps, l’abandon et m’usure d’un ouvrage construit entre le Vème siècle av. J.-C. et le XVIIIème siècle.

Les ouvriers utilisent des pierres composées d’un mélange d’eau et de mortier de chaux, afin de lier les pierres entre elles. Il faut parfois 45 minutes pour placer une seule pierre.

L’ingénieur et chef d’opération de la partie de Jiankou, Cheng Yongmao, salue la nouvelle méthode de restauration, qui de donner « l’impression aux gens que le mur est d’origine, comme s’il n’avait pas été réparé ».

La « Grande muraille » correspond à un ensemble de fortifications, construites à des endroits et des époques différentes, pour protéger l’antique frontière nord de l’empire du Milieu. Du nord-est de la Chine jusqu’au désert de Gobi, les sections restantes se retrouvent sur environ 9.000 km.

En 2016, une section vieille de 700 ans dans le Liaoning a été restaurée à la va-vite, avec d’importants dysfonctionnements. Les internautes avaient dénoncé un « crève-coeur » ou fustigé « l’oeuvre de gens qui n’ont même pas terminé l’école primaire ».

En réponse à ces problèmes, le ministère de la Culture et du Tourisme a publié début 2019 un nouveau plan de préservation, afin de restaurer les parties endommagées. Selon Song Xinchao, directeur adjoint de l’Administration nationale du patrimoine culturel, les restaurateurs ont des « idées stéréotypées » de l’apparence que doit prendre la muraille et certains sites historiques.

« Ils confondent la restauration du mur avec le développement d’une attraction touristique », a-t-il déclaré en janvier 2019 au quotidien officiel anglophone China Daily. Or pour Li Jingdong, l’un des ouvriers, « dans le passé, on réparait tout le sol de la muraille. Maintenant, l’idée est plutôt de réparer moins et de laisser davantage de choses dans leur état d’origine ».

Certes, la nouvelle réglementation va permettre de préserver l’apparence originelle. Toutefois Li Jingdong s’inquiète de la pérennité des réparations qu’il effectue car « l’idée est bonne. Mais personnellement, je pense que ça a toujours l’air abîmé, même après restauration ». « Surtout sur les parties en pente. Ça va casser à nouveau en moins d’un an sous les pas des touristes », a-t-il assuré.