vendredi, avril 19

« La réalisation de l’objectif de la santé pour tous »

Tribune de l’Ambassadeur ZHANG Ming-Zhong, représentant de Taïwan en France – La Constitution de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) précise que «la possession du meilleur état de santé qu’il est capable d’atteindre constitue l’un des droits fondamentaux de tout être humain».

A Taïwan, ce principe a trouvé sa réalisation dans le programme national d’assurance maladie (National Health Insurance NHI), une référence globale pour les soins médicaux universels. L’expertise taïwanaise dans le développement de ce système est la garantie de pouvoir la partager avec la communauté internationale à travers l’Assemblée mondiale de la Santé (AMS), l’organe de décision de l’OMS.

Lancé en 1995, le NHI est un système obligatoire d’assurance sociale à payeur unique qui couvre pratiquement chaque citoyen et résident étranger. Il offre un accès commode aux services pour les patients internes et externes, aux soins dentaires, aux médicaments sur ordonnance et aux traitements de médecine traditionnelle chinoise, le tout pour un coût abordable. Les patients sont libres de choisir leur médecin ou leur établissement hospitalier parmi un choix de plus de 25 000 établissements habilités, avec peu d’attente et un accès direct aux soins spécialisés sans passer par un généraliste.

La justice sociale est le pilier autour duquel a été bâti le NHI. Les primes proviennent du gouvernement, des employeurs et des employés, avec une cotisation fixée en pourcentage du salaire, actuellement 4,69%. Les salariés paient 30%, les employeurs 60% et le gouvernement paie les 10% restant. Il existe aussi un prélèvement de 1,91% sur les revenus supplémentaires comme les bonus ou les dividendes en actions pour être sûr que la contribution de chacun correspond bien à son revenu total. Pour les familles en-dessous du seuil de pauvreté, la cotisation est totalement subventionnée.

Le NHI a permis de réelles améliorations en matière de santé publique tout en maîtrisant les coûts. Depuis sa création, l’espérance de vie moyenne est passée de 74,5 ans à 80,2 ans, tandis que les écarts entre les différents groupes sociaux ainsi qu’entre les zones urbaines et rurales devenaient moins importants. De plus, les dépenses totales de santé n’ont représenté que 5,9% du PIB en 2016, un chiffre nettement plus bas que la moyenne de 9% observée la même année dans les pays de l’OCDE, selon le ministère de la Santé et du Bien-être social.

Cette maîtrise des coûts est due à des dépenses administratives minimisées, qui ont représenté à peine 0,9% des dépenses totales en 2017, le ratio le plus faible au monde selon le ministère.

Cette efficacité dans les tâches administratives, de même que la surveillance de l’utilisation du service et de sa qualité, sont rendues possibles grâce à un puissant système informatique centralisé. Chaque assuré possède une carte du NHI unique qui contient toutes ses informations personnelles dont les différents diagnostics, les éventuelles allergies aux médicaments et les prescriptions, les maladies importantes et les instructions pour les soins palliatifs.

Tout cela facilite la prestation de services, favorise la recherche médicale et constitue un outil important pour éviter la propagation des épidémies. Dans le cas de situations d’urgence comme l’épidémie de SRAS en 2003, les autorités peuvent demander des mises à jour en temps réel, permettant ainsi une identification rapide des malades potentiels.

Le NHI a été salué tant à Taïwan qu’à l’étranger. Dans une enquête menée l’an dernier par le ministère de la Santé et du Bien-être social, 85% des personnes interrogées ont exprimé leur satisfaction. Et chaque année, le ministère accueille de nombreuses délégations étrangères avides d’en savoir plus sur le modèle taïwanais : plus de 50 rien qu’en 2017.

Conformément au principe de droit universel à la santé selon lequel le programme a été créé, le gouvernement l’a amendé plusieurs fois au cours des dernières années pour en étendre la couverture. Le NHI de deuxième génération, dévoilé en 2013 pour assurer la stabilité financière du système, a inclus les 60 000 personnes incarcérées dans les prisons taïwanaises. Et depuis décembre 2017, les enfants nés de résidents étrangers sont couverts dès leur naissance alors qu’auparavant ils ne pouvaient adhérer au système qu’après six mois.

Comme en témoigne le NHI, Taïwan applique totalement le principe fondateur de l’OMS et est bien la preuve définitive que l’objectif de la santé pour tous est réalisable. Taïwan serait ravi de pouvoir participer à la 71ème Assemblée mondiale de la Santé qui se tiendra du 21 au 26 mai à Genève de façon à pouvoir partager avec la communauté internationale son expertise dans la réalisation de cet objectif.

Amb. ZHANG Ming-Zhong

Représentant de Taïwan en France

Né en 1960, diplômé de l’Université catholique Fu-Jen à Taïwan et ancien élève de l’IEP Paris, l’Ambassadeur ZHANG Ming-Zhong a fait sa carrière au sein du Ministère des Affaires étrangères. Il a également été à la Présidence et au Conseil national de Sécurité de la République de Chine (Taïwan). Ancien Ambassadeur au Burkina Faso et Directeur général des Affaires européennes au Ministère à Taipei, il est depuis juillet 2015, Représentant de Taïwan en France.

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