vendredi, avril 19

L’ami détesté de Beijing

Depuis la signature du traité d’amitié, de coopération et d’assistance mutuelle de 1961, la Chine et la Corée du nord ont eu des relations diplomatiques et économiques stables, cependant depuis l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping, les tensions s’accumulent et la Chine prend ses distances, tout en tentant de conserver des liens avec la Corée du nord, seul rempart face aux États-Unis.

Kim Jong-un

Le président chinois n’a d’ailleurs jamais rencontré son homologue nord-coréen, Kim Jong-un, préférant envoyé le numéro 5 du PCC, Liu Yunshan, membre du Comité permanent du Bureau politique du Comité central, aux célébrations du 70e anniversaire du Parti des travailleurs à Pyongyang, signe de l’animosité entre les deux présidents.

Le 24 février, les États-Unis et la Chine se sont entendus pour adopter de nouvelles sanctions internationales contre la Corée du Nord, après le tir de missile balistique de début février et le 4ème essai nucléaire de janvier. Wu Dawei, le négociateur chinois pour les pourparlers nucléaires, avait déclaré à Séoul que son pays allait appliquer « scrupuleusement les nouvelles sanctions« .

Quatre jours plus tard, le Conseil de sécurité de l’ONU a voté à l’unanimité une résolution durcissant les sanctions contre la Corée du Nord. Pour la première fois, tous les États membres de l’ONU ont l’obligation d’inspecter les bateaux et les avions en provenance ou en direction de Corée du Nord, afin de vérifier qu’ils ne transportent pas de matériels servant à renforcer l’arsenal militaire et balistique de Pyongyang.

Parmi les sanctions, il est désormais interdit d’exporter du charbon, du fer et des métaux précieux vers la Corée du nord, et les Nations Unies ont décidé la fermeture de toutes les agences bancaires nord-coréennes à l’étranger. Beijing, premier partenaire économique et soutien de la République populaire démocratique de Corée, a encouragé plusieurs de ces banques, y compris une des plus importantes, Industrial and Commercial Bank of China (ICBC), à geler les comptes de dépôt des citoyens nord-coréens et leur ont interdit toute opération bancaire.

Signe de la volonté de la Chine de faire plier la Corée du nord sur la question nucléaire. Le ministre des affaires étrangères, Wang Yi, avait affirmé à l’agence de presse Reuters, le 12 février, que « les sanctions ne sont pas une fin en soi, le but devrait être de faire en sorte que la question nucléaire dans la péninsule coréenne soit ramenée dans le canal d’une résolution basée sur la négociation« .

Le président nord-coréen Kim Jong-un et le n°5 du PCC, Liu Yunshan

L’attitude de Kim Jong-un met à mal la Chine, en tant que « puissance stabilisatrice dans la région« , en effet, le président nord-coréen n’a pas tenu ses engagements envers Beijing de ne plus procéder à des tirs de missiles balistiques,ce qui explique pourquoi la Chine s’est associée à Washington, Séoul et Tokyo pour sanctionner Pyongyang.

Mais, malgré le soutien chinois aux sanctions occidentales, le ministère chinois des affaires étrangères a réitéré à plusieurs reprises son opposition au déploiement du système de missiles de défense THAAD (Terminal High Altitude Area Defence) sur les bases militaires américaines en Corée du Sud.

« Les faits sont clairs. Le déploiement du système THAAD par les Etats-Unis (…) va bien au-delà des besoins de défense de la péninsule coréenne et sa couverture signifie qu’il pourrait servir loin à l’intérieur du continent asiatique. Cela affecte directement les intérêts stratégiques de la Chine et d’autres pays asiatiques en matière de sécurité« , a souligné Wang Yi.

D’une certaine manière, Beijing veut sanctionner Pyongyang pour le non respect de ses engagements et les menaces de la Corée du nord dans toute la région, mais le pouvoir chinois n’est pas prêt à voir les États-Unis à sa porte, si les deux Corée parviennent à un consensus et au finale à une réunification.

De ce fait, « la Chine est confrontée à un choix impossible. Soit elle ferme les yeux et apparaît comme un soutien indéfectible du régime nord-coréen, soit elle prend vraiment ses distances, et ce sont les équilibres régionaux qui s’en trouvent bousculés« , pour Les Échos. D’ailleurs, malgré les relations tendues, Beijing n’a pas l’intention de lâcher complètement son allié. Membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, la Chine s’est opposée, comme la Russie, au projet de saisir la Cour pénale internationale pour crimes contre l’humanité commis en Corée du nord.

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