vendredi, avril 19

L’ASEAN inquiète des conséquences de la guerre commerciale

Dans le cadre du 34ème sommet de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) en Thaïlande, les pays ont exprimé leur inquiétude face aux conséquences de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine.

Toutefois, ils se sont accordés pour que l’ASEAN renforce la solidarité et travaille à l’unanimité pour formuler des mesures appropriées, afin de minimiser les impacts négatifs, en s’adaptant aux nouvelles circonstances.

Andreï Karneïev, directeur adjoint de l’Institut des pays d’Asie et d’Afrique de l’Université d’État Lomonossov de Moscou, a expliqué en mai 2018 à Sputnik News que «pour bien des pays membres de l’ASEAN, la Chine et les États-Unis sont les plus importants partenaires commerciaux, et il est tout à fait naturel qu’ils craignent d’être impliqués dans une guerre commerciale entre Pékin et Washington».

Face à la guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis, les pays participants au sommet de l’ASEAN, du 25 au 28 avril 2018, ont diffusé « une déclaration sur leur profonde préoccupation d’une vague grandissante de protectionnisme et d’antimondialisation ».

Egalement interviewé par Sputnik, Xu Feibiao, du Centre d’étude de l’économie mondiale de l’Institut chinois des relations internationales contemporaines, a expliqué qu’à «notre époque, alors que les chaînes de production dans le monde deviennent de plus en plus étroitement liées, les problèmes qui surgissent dans le commerce sino-américain n’affectent pas uniquement la Chine et l’Amérique, mais aussi la Corée du Sud, le Japon, Singapour et les autres pays membres de l’ASEAN».

Intervenant lors du sommet de l’ASEAN 2018 à Singapour, le Premier ministre singapourien, Lee Hsien Loong, a mit l’accent sur « la nécessité d’établir une coopération des pays de l’ASEAN avec la Chine et l’Inde pour s’opposer ensemble au protectionnisme afin d’assurer l’ultérieure croissance de leurs économies ».

En dépit des inquiétudes, des experts économiques estiment que certains pays de l’ASEAN pourraient attirer des sources d’investissements directs étrangers, comme alternative pour la Chine.

D’après eux, certaines grandes économies, comme le Japon, ont accru leurs investissements en Asie du Sud-Est en raison de l’escalade des différends commerciaux entre les États-Unis et la Chine.

De nombreuses entreprises étrangères viennent de déplacer leurs installations de production de la Chine vers la région de l’ASEAN, car les produits qu’elles fabriquent dans ce pays sont soumises à des taxes élevées et ne répondent pas aux besoins des États-Unis.

Jeff Kingston, directeur de la recherche asiatique de l’Université japonaise Temple, a expliqué le journal vietnamien Le Courrier, que « le déclin de la deuxième plus grande économie du monde pourrait être suivi par les économies des pays de l’ASEAN qui fournissent des composants aux fabricants en Chine. »

D’autant que « la Chine est le moteur de la croissance, si quelque chose ne va pas, les conséquences pour la région seront très lourdes », selon lui.

L’ASEAN encourage la coopération économique, politique et sécuritaire entre ses 10 membres : le Brunei, le Cambodge, l’Indonésie, le Laos, la Malaisie, le Myanmar, les Philippines, Singapour, la Thaïlande et le Vietnam.