jeudi, mars 28

Le gouvernement autorise un médicament à base de bile d’ours

Le gouvernement a donné son feu vert à un médicament à base de bile d’ours, afin de traiter des patients victimes du Covid-19. Cette annonce relance la controverse sur le traitement des plantigrades élevés à cette fin.

Des associations écologistes dénoncent depuis plusieurs années le sort réservé à des milliers d’ours, immobilisés dans d’étroites cages où leur abdomen est perforé par un cathéter relié à leur vésicule, afin d’en prélever la bile.

La bile est revendue pour ses qualités thérapeutiques qu’on lui prête dans la médecine traditionnelle. Elle est notamment censée aider à réguler le cholestérol ou à dissoudre les calculs biliaires et rénaux.

Mais la substance, dont l’efficacité est controversée, est désormais incluse dans des recommandations médicales ajoutées par le pouvoir central à l’arsenal de lutte contre le nouveau coronavirus.

Le ministère de la santé a recommandé le mois dernier une injection du nom de «Tan Re Qing» composée de bile d’ours, mais aussi de poudre de corne de chèvre et d’extraits de plantes, pour les patients gravement atteints.

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Le Tan Re Qing est indiqué dans le traitement des maladies respiratoires, notamment la pneumonie, selon son fabricant, le laboratoire Kaibao de Shanghai. Mais pour l’association Animals Asia Foundation (AAF), utiliser de la bile d’ours contre l’épidémie est à la fois «tragique et contradictoire».

D’autant plus que le gouvernement vient d’interdire le commerce des animaux sauvages à des fins alimentaires, suite à l’apparition du virus. Brian Daly, porte-parole de l’AAF, redoute que la recommandation officielle de Beijing s’ajoute à la menace qui pèse sur l’ours noir d’Asie, une espèce en danger.

«Promouvoir le recours à la bile d’ours risque de se traduire par une augmentation des volumes prélevés, non seulement aux dépens des ours en captivité mais aussi de ceux qui sont en liberté», a expliqué ce dernier à l’Agence France Presse.

La production de bile d’ours est légale en Chine mais son exportation est interdite par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES).

Mais près de 20.000 plantigrades n’en sont pas moins réduits à souffrir le martyre, et à céder leur bile au profit d’un marché pharmaceutique évalué à plus d’un milliard de dollars par an, selon Kirsty Warren, porte-parole de la Société mondiale de protection des animaux.

«Dans toute l’Asie, le commerce de bile d’ours est florissant, alors même qu’il est interdit dans la plupart des États», a dénoncé pour sa part Richard Thomas, de l’association Traffic. Le principe actif de la bile d’ours, à savoir l’acide ursodésoxycholique (ou ursodiol), peut désormais être produit chimiquement en laboratoire, a rappelé ce dernier.

Il n’y a en conséquence «aucune raison d’incorporer de la bile d’ours» dans des médicaments, selon lui. Outre le risque sanitaire posé par le commerce de la faune, la protection des animaux s’impose de plus en plus en Chine.

Ainsi, la municipalité de Shenzhen vient d’interdire la consommation de viande de chien et de chat. Selon l’association Humane Society International, Shenzhen devient la première ville du pays à prendre une telle mesure. Pas moins de 10 millions de chiens et 4 millions de chats sont abattus chaque année dans le pays pour leur viande, selon l’association.

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