jeudi, mars 28

Le libraire Gui Minhai récompensé par la Suède

Le libraire et éditeur naturalisé suédois, Gui Minhai, actuellement emprisonné en Chine, va recevoir le prix Tucholsky le 15 novembre. De son côté, Beijing menace la Suède de mesures de rétorsion.

La Chine a menacé la Suède, le 15 novembre, de « mesures de rétorsion » si la ministre de la Culture, Amanda Lind, remettait le prix Tucholsky, décerné par l’association de défense des écrivains PEN, au libraire et éditeur naturalisé suédois Gui Minhai, emprisonné en Chine.

La cérémonie de remise du prix devait se tenir dans la soirée du 15 novembre, au cours de laquelle une chaise vide sera installée sur la scène en l’absence du récipiendaire. A l’annonce de cette récompense, « la Chine s’oppose catégoriquement au prix décerné par le PEN Suède à un criminel et un fabricant de mensonges […] », a indiqué l’ambassadeur de Chine à Stockholm, Gui Congyou.

« Nous nous opposons encore plus catégoriquement à la présence de responsables gouvernementaux suédois à la cérémonie« , a ajouté Gui Congyou. « Nous prendrons des mesures de rétorsion », a-t-il averti, ajoutant :

« Certaines personnes en Suède ne devraient pas se sentir tranquilles après avoir blessé les sentiments du peuple chinois et les intérêts de la Chine. Les échanges et la coopération seront gravement entravés », a souligné l’ambassadeur.

Or la Premier ministre suédois Stefan Löfven a répondu que Stockholm « ne céderait pas à ce genre de menaces ». « La Suède garantit la liberté d’expression, c’est ainsi, point final », a-t-il déclaré à la télévision publique.

« Nous avons clairement répété aux représentants chinois notre position qui est que Gui Minhai doit être libéré et que la Suède garantit la liberté d’expression », a également indiqué la ministre de la Culture suédoise, Amanda Lind, à l’agence de presse TT.

Copropriétaire de la maison d’édition Mighty Current, Gui Minhai, publiait des livres au contenu critique sur les dirigeants chinois. Condamné en 2015 en Chine pour une affaire de droit commun, il avait disparu la même année comme d’autres employés de cette entreprise lors de vacances en Thaïlande.

Il était ensuite réapparu dans une prison chinoise en « avouant » à la télévision CCTV en 2016 s’être rendu aux autorités en raison de son implication dans un accident de la route en Chine remontant à 2003. Les autorités chinoises ont assuré l’avoir relâché en octobre 2017.

Mais il avait ensuite été interpellé début 2018 dans un train en Chine, alors qu’il était accompagné de diplomates suédois. Son entourage dénonce des poursuites à caractère politique. Le prix Tucholsky, d’une valeur de 150 000 couronnes (14 000 euros) récompense tous les ans un écrivain ou un éditeur persécuté, menacé ou exilé.