lundi, avril 1

Le mystérieux homme fort de la Chine

Le nouveau président de la République populaire de Chine, Xi Jinping est devenu à 59 ans l’homme fort du Parti Communiste Chinois. Il est également « une personnalité énigmatique », peu connue des chinois. Son passé est évoqué à voix basse et sa droiture mise en exemple, cependant, Xi Jinping reste un mystère.

Cette année Xi Jinping sera nommé à trois fonctions : chef du PCC à la fin du congrès, chef du pays au printemps prochain et chef des affaires militaires. Il s’agit là d’une « trinité du pouvoir », faisant de lui le « vrai numéro 1 d’une organisation collective », a expliqué le chercheur d’Asia center, François Godement. Cette « trinité de pouvoir » lui imposera de nombreux défis, mais il va surtout « se retrouver confronté à deux évolutions inévitables » qui vont le contraindre à accorder plus de libertés à ses citoyens, a estimé le chercheur.

Xi Jinping, prochain n°1 de Chine
Xi Jinping, prochain n°1 de Chine

Tout d’abord, la politique économique basée sur la consommation instaurée progressivement va obliger Beijing à « laisser les consommateurs libres de choisir leurs achats ». Mais pour cela, « il faut que les Chinois innovent et ne se contentent plus de copier, ce qui suppose de leur laisser une certaine liberté », a indiqué le sinologue, Jean-Luc Domenach. Ensuite, la corruption qui gangrène le parti depuis des décennies et conduit à des mouvements de contestation dans tout le pays va devoir être lutter efficacement si Xi Jinping ne veut pas de soulèvement.

Un « Fils de prince » à la tête du pays

Marié à la chanteuse populaire, Peng Liyuan, général dans l’Armée populaire de libération,  Xi Jinping a envoyé sa fille unique, Xi Mingze, étudier à Harvard. Un fait qui n’est pas rare de la part les cadres du PCC, mais dont l’information sensible, car elle perçue par une partie de l’opinion chinoise comme le signe d’une élite communiste bourgeoise.

Né à Pékin, Xi Jinping est l’un des princes héritiers de la République Populaire de Chine, faisant de lui l’élite des enfants de dirigeants historiques du Parti communiste. Son père, Xi Zhongxun, ancien vice-président de l’Assemblée populaire et vice-Premier Ministre, s’est vu perdre les faveurs de Mao Zedong. « Purgé » puis emprisonné en 1968, durant la révolution culturelle, il sera réhabilité lors de la prise de pouvoir de Deng Xiaoping.

De son côté, Xi Jinping est envoyé à Yan’an, dans la province de Shaanxi, au centre de la Chine de 1969 à 1975. Après des études supérieures à Beijing, de 1975 à 1979, il intègre grâce aux relations de son père, la Commission centrale militaire. Il rejoint la Ligue de la jeunesse communiste chinoise en 1971, puis le Parti communiste chinois en 1974.

En 1982, le parti l’envoie dans la province de Heibei, dans l’est du pays, où il devient premier secrétaire et parvient petit à petit gravir les échelons locaux du Parti communiste. Trois ans plus tard, il est envoyé au Fujian, il y passera une longue période. En 2000, il devient gouverneur du Fujian et parvient à se créer un réseau dans les milieux économiques, notamment auprès des investisseurs venus de Taïwan. Secrétaire du parti dans le nord-est du pays, au Zhejiang, Xi Jinping y reste cinq années, de 2002 à 2007.

Il lutte à cette époque contre la corruption et promeut l’écologie. En mars 2007, il devient brièvement nouveau chef du Parti communiste de la province de Shanghai et parvient à intégrer ainsi les hautes sphères du pouvoir.

Un parfait communiste chinois

Robert Theleen, président d’un fonds d’investissement et vice-président de la chambre de commerce américaine à Shanghai, résidant en Chine depuis trente-deux ans, a expliqué à L’Express que « pour devenir président de la Chine, il faut répondre à trois exigences : être passé avec brio par les écoles du Parti, avoir dirigé une grande ville ou une province et avoir su gérer une crise, mais il faut surtout réussir à faire toutes ces choses sans le moindre charisme ».  

Lors du 17ème Congrès du Parti communiste en octobre 2007, Xi Jinping intègre le comité permanent du politburo, puis devient vice-président en 2008. En octobre 2010, il est nommé vice-président de la Commission militaire centrale du Parti communiste chinois, présageant qu’il « deviendra sans aucun doute le secrétaire-général du PCC en octobre 2012, puis le président en mars 2013 », a expliqué Willy Lam, analyste politique de l’Université chinoise de Hong Kong.

Cependant, le mystère persiste autour de Xi Jinping, notamment depuis sa disparition d’une dizaine de jours en septembre 2012, qui a accentué le mythe qui règne autour de lui. Ce dernier ne s’est pas présenté à plusieurs rencontres prévues avec des dirigeants étrangers et a manqué au moins un sommet du PCC. Aucune justification n’a été fourni par le parti, ni par l’intéressé, laissant l’énigme entière.

D’après L’Express, Xi Jinping serait plus sobre qu’il n’y parait. Citant un télégramme diplomatique de l’ambassade des États-Unis à Beijing, daté de 2009 et révélé par WikiLeaks, un professeur de sciences politiques, qui a vécu pendant des années en face de l’appartement de Xi Jinping, a expliqué que le nouveau président « serait irrité par la corruption et par les nouveaux riches de la Chine contemporaine, qui s’affichent de façon provocante. Il se percevrait comme un héritier légitime du régime que son père a aidé à construire et estimerait, à ce titre, qu’il mérite de gouverner la Chine ».

« Ce serait un homme ‘froid et calculateur’, certes, mais ‘un type bien’, car il aidait les autres et avait réponse à toutes les questions », a indiqué la source anonyme de l’ambassade américaine.

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