samedi, avril 20

Le PIB devrait chuter de 8,2% au 1er trimestre

Le gouvernement devrait annoncer ce 17 avril le premier recul trimestriel du PIB de son histoire après l’arrêt total des activités économique, en raison de la pandémie de Covid-19 durant deux mois à peu près.

Un groupe de 14 experts interrogés par l’Agence France Presse a prédit une chute moyenne de 8,2% du produit intérieur brut (PIB) de la deuxième économie mondiale sur la période janvier-mars.

Il s’agirait alors de la plus mauvaise performance depuis le début des publications trimestrielles du PIB au début des années 90. Au dernier trimestre 2019, la croissance s’était inscrite à 6% sur un an.

Signe de l’incertitude autour des conséquences économiques du coronavirus, les prévisions d’experts sont très disparates. Les prévisions vont d’une contraction de -5,5% au 1er trimestre pour la plus optimiste, à -15% pour la plus pessimiste.

Souhaitant endiguer la propagation du coronavirus, qui a fait officiellement plus de 3.300 morts en Chine, le gouvernement a adopté fin janvier des mesures de confinement sans précédent qui ont plombé l’activité.

Résultat, en janvier-février, la production industrielle s’est contractée pour la première fois en près de 30 ans tandis que les ventes de détail, principale jauge de la consommation, se sont effondrées.

« Le ralentissement a été plus prononcé que prévu », a indiqué l’économiste Xu Xiaochun, de l’agence de notation Moody’s. Selon lui, si l’activité reprend progressivement, elle est « plus lente qu’espéré » avec pour conséquence une « contraction importante » du PIB au premier trimestre.

En dépit d’une amélioration des conditions sanitaires ces dernières semaines, des centaines de millions de personnes continuent à limiter leurs déplacements par peur d’attraper le virus.

Ce comportement a de « graves » répercussions sur la consommation intérieure et en particulier les services, a souligné l’économiste de la banque JPMorgan, Haibin Zhu. D’ailleurs, le tourisme, poids lourd de l’économie chinoise avec 11% du PIB en 2018, est l’un des secteurs les plus menacés.

Le coronavirus pèse aussi sur les exportations, qui sont un important moteur pour son économie, alors que les principaux partenaires commerciaux de Beijing sont paralysés par l’épidémie.

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En mars, les ventes de la Chine à l’étranger ont connu un nouveau repli sur un an (-6,6%), selon les chiffres publiés mardi par les Douanes. Cette contraction est toutefois moins prononcée que celle de janvier-février cumulés (-17,2%).

« Avec la récession qui se profile cette année en Europe et aux Etats-Unis, la Chine sera confrontée dans les mois à venir à un choc massif en termes de demande de l’étranger », a analysé l’économiste de la banque HSBC, Qu Hongbin.

Pour ce dernier, les exportations chinoises avaient été fragilisées l’an dernier par la guerre commerciale entre Beijing et Washington, mais cette fois, « les turbulences seront plus fortes ».

« Plus importantes que lors de la crise financière de 2008-9 », a lui estimé Raphie Hayat, analyste chez RaboBank. En effet, à cette époque, le gouvernement avait déployé un plan de 4.000 milliards de yuans (455 milliards d’euros) pour son économie, investissant dans de vastes projets d’infrastructure.

Efficace au départ, ce plan va accroître la dette, fragiliser les collectivités locales et entraîner des surcapacités. Aujourd’hui, Beijing ne semble pas souhaiter lancer un nouveau plan de telle envergure, car le pays cherche à assainir ses finances. « Il ne peut plus (…) au risque de perdre le contrôle de sa monnaie », a assuré Raphie Hayat.

Le gouvernement devait communiquer sa feuille de route économique pour 2020, le 5 mars, lors de l’Assemblée populaire nationale, mais l’épidémie a empêché la tenue de cet évènement exceptionnel.

Les experts interrogés par l’AFP ont estimé en moyenne sur un rythme de +1,7% cette année, contre +6,1% l’an dernier. Il s’agissait alors de la plus faible progression du PIB en près de 30 ans.

De son côté, le Fonds monétaire international (FMI) a prédit une croissance « modérée » de +1,2% cette année, avant une flambée de +9,2% l’an prochain grâce à une reprise espérée de l’économie mondiale.

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