mardi, avril 16

Le talent ne se « vole » pas

De notre stagiaire Alima Danfakha – Il est encourageant de constater que les villes sont avides de personnes talentueuses et que le talent est valorisé. Les villes de premier rang telles que Shanghai et Guangzhou ont assoupli les exigences relatives aux diplômes universitaires, à l’âge et à la sécurité sociale afin de permettre aux talents de s’installer.

Les villes de deuxième et troisième rang comme Fuzhou et Wuxi, ont, quant à elles, complètement supprimé les exigences relatives aux diplômes universitaires, entrainant des seuils d’installation records dans leurs villes. Les avantages tels que les tarifs préférentiels pour les locations et achats immobiliers, les primes encourageant l’entreprenariat, et autres subventions ponctuelles ont également atteint de nouveaux sommets.

Cela reflète la tendance en Chine qui est à la libre circulation des talents. Les principaux objectifs et tâches définis dans le « nouveau plan d’urbanisation national (2014-2020) » ont été réalisés. Les villes ayant une population urbaine permanente de moins de 3 millions d’habitants ont levé presque toutes les restrictions liées à l’installation et plus de 100 millions de ruraux se sont installés dans les zones urbaines. Le taux d’urbanisation de la population permanente et le taux d’urbanisation de la population inscrite ont augmenté de façon constante.

On ne peut s’empêcher de constater que ce qui est le plus urgent pour les villes, c’est encore la tendance sociale du point d’inflexion de l’offre et de la demande de main-d’œuvre et de talents. Le problème fondamental qui se reflète dans la ruée vers la population de la ville est celui du développement économique.

Confrontées à ces changements majeurs qui n’avaient pas été observés depuis un siècle, les villes se sont engagées dans la recherche d’un développement de qualité. La demande de talents continue de croître, et le déclin de la population active et de la population d’âge mûr se fait de plus en plus sévère. Le besoin de lutter contre le vieillissement de la population dans les villes devient urgent. « Voler » les talents en les attirant vers les villes, c’est là que se base l’espoir des villes pour leur développement futur.

Sous la pression, les grandes villes cherchent à attirer plus de talents, ce qui provoque inévitablement un effet de siphon. Les petites et moyennes villes s’efforcent de retenir leur population pour éviter d’être annexées aux grandes villes, et la bataille des villes qui misent sur les talents pour s’en sortir ne fait que s’intensifier. Au cours de ce processus, certains des phénomènes exposés ont tiré la sonnette d’alarme : attention à l’évolution urbaine !

Émission « La Chine a un incroyable talent »

Examiner de plus près les politiques de talents spécifiques à divers endroits, des étiquettes telles que l’automatisation des processus, les seuils zéro, etc., aux diverses subventions constituées par les remises sur les loyers et les achats immobiliers, mène au constat suivant.

Bien que le point de départ, qui était de permettre aux talents d’acquérir honneur et richesse, soit honorable, la plupart de ces mesures restent des avantages matériels. Le combat pour les ressources financières et les diverses mesures prises dans les villes, n’échapperont point à ce schéma, certaines sont même détachées de la réalité des villes, et risquent d’entraîner une concurrence vicieuse.

La compétition des mesures visant à « voler les populations » a, dans une certaine mesure, créé des phénomènes de spéculation et de recherche de rente politique. Certaines politiques concernant l’attraction de talents ont commencé à changer, et risquent de devenir une monnaie d’échange sur le marché immobilier.

La priorité, les exemptions et autres mesures incitatives à l’achat de logements ont permis aux spéculateurs de profiter de la situation, certains soi-disant talents utilisent même des emplois fictifs afin d’obtenir des subventions… Tout cela compromet considérablement l’efficacité et la durabilité des politiques liées aux talents.

Les talents ont toujours été le fondement de la richesse du pays, et un grand projet pour sa prospérité. Il faut donc comprendre que des problèmes tels que le déséquilibre de la répartition des talents, un système de gestion insatisfaisant, un mécanisme insuffisant, et une faible capacité d’innovation constituent encore le goulot d’étranglement du travail des talents. Le gaspillage et la répartition inefficace des ressources humaines sont préoccupants.

Certaines villes possèdent tous les éléments et d’autres uniquement l’élément académique, ce qui tend à entraîner un déséquilibre dans la répartition des talents. Afin d’utiliser au mieux les talents, chaque ville doit tenir compte de la base industrielle et des avantages locaux.

En partant du positionnement et des objectifs de développement de chaque région, il faut parvenir à une coordination différenciée et à des arrangements échelonnés en termes de quantité, de qualité, de structure et de tendance des talents. Par exemple, Shanghai a introduit les célébrités du net et les streamers, et Guangzhou accueille des talents qualifiés.

De nombreuses villes font également des efforts pour attirer des talents diversifiés afin de préparer une réserve de talents pour le développement de nouvelles industries, ce qui favorise grandement la promotion de l’économie, de l’emploi et de la culture.

Au-delà de l’attraction de nouvelles population, les villes devraient se concentrer davantage sur comment retenir les populations. Certaines villes promettent des mesures complémentaires qui ne sont que des « étagères vides », un chèque en blanc qui sape l’enthousiasme et la patience des personnes talentueuses et de leurs familles.

Si les nouveaux arrivants urbains n’ont que le sentiment qu’ils s’investissent dans leur travail, mais pas le sentiment d’appartenance en tant que résidents, s’ils n’ont que le sentiment d’être seuls au monde, et pas celui du bonheur de l’harmonie familiale, même une centaine de plans visant à le retenir ne parviendront pas à les faire rester.

Ce n’est qu’avec des services réalistes que les villes pourront atteindre le cœur des gens et espérer les faire rester. Cela permet de tester les capacités de chaque ville en matière de service public et de gouvernance urbaine. Les villes doivent s’appuyer sur leur propre force afin d’attirer et retenir les populations, en améliorant leurs capacités industrielles, en créant des emplois afin de garder les populations et laissant les talents affluer.

Pour éviter que les talents ne deviennent des « trapézistes » occupant des postes vacants ou des « ornements de vase » qui n’ont aucune utilité, il faudra créer une bonne atmosphère industrielle et un bon environnement commercial, stimuler en permanence la source de l’innovation sociale, afin que les talents puissent pleinement briller et réaliser leur propre valeur et celle de la société. Ainsi, les talents et la ville pourront s’améliorer, et obtenir succès et partager la beauté.

Plus le talent est recherché, plus il est produit ; plus il est placé, plus il fait défaut. Pour garantir un flux continu, après l’augmentation de la population, il est tout aussi important d’améliorer les qualifications, les compétences et les qualités académiques de la population par la formation continue.

Le gouvernement doit faire plus d’efforts en matière d’éducation culturelle et de formation professionnelle, et soutenir le développement de l’enseignement technique et professionnel, afin de créer un bon environnement dans lequel chacun peut réaliser et développer ses talents au maximum, et de parvenir à un développement sain et durable.

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