vendredi, mars 29

Le yuan, troisième plus grande monnaie de réserve d’ici 2030

Le yuan pourrait devenir la troisième plus grande monnaie de réserve au monde, grâce à l’augmentation des investissements étrangers dans l’économie chinoise, dans 10 ans le yuan pourra représenter jusqu’à 10% des réserves de change mondiales.

L’augmentation des investissements étrangers sur les marchés chinois pourrait stimuler l’utilisation du yuan (renminbi), le poussant à devenir la troisième plus grande monnaie de réserve au monde – derrière seulement le dollar américain et l’euro, ont prédit les analystes de Morgan Stanley.

Le rapport de Morgan Stanley, paru le 4 septembre, atteste que le yuan représente actuellement environ 2% des réserves de change, la part de la monnaie chinoise pourrait arriver à 5% ou 10% d’ici 2030, indique CNBC se référant au rapport de la banque américaine.

Ces prévisions interviennent alors que le gouvernement chinois tente depuis des années de promouvoir l’utilisation internationale du yuan, également connu sous le nom de renminbi (RMB).

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Actuellement, le yuan représente environ 2% des avoirs de réserve de change mondiaux, mais il pourrait atteindre entre 5% et 10% d’ici 2030, dépassant les niveaux du yen japonais et de la livre sterling, ont déclaré les analystes.

Ouverture du marché chinois aux investissements étrangers

Au cours des 18 derniers mois, le gouvernement chinois a intensifié ses efforts pour permettre à davantage d’institutions financières étrangères d’accéder au marché intérieur, et donc d’utiliser un peu plus le yuan.

Les investisseurs étrangers se tournent également de plus en plus vers le marché chinois pour obtenir un potentiel de rendements relativement plus élevés que ceux des autres régions.

En effet, les entrées du portefeuille d’investissement en yuan deviendront plus importantes que les investissements directs étrangers (IDE) au cours de la prochaine décennie, pour un montant cumulé de trois milliards de dollars durant la prochaine décennie, a prédit Morgan Stanley.

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«Nous nous attendons à ce que les gestionnaires privés et de réserve génèrent plus de 150 milliards de dollars d’entrées totales de portefeuille vers la Chine en 2020, pour la troisième année consécutive, mettant en évidence les transformations en cours. Les entrées annuelles devraient atteindre 200 à 300 milliards de dollars en 2021-30», ont souligné les rapporteurs de Morgan Stanley.

Avec ces investissements, davantage d’actifs mondiaux seront détenus en yuan. Il s’agit d’une poussée pour le yuan, qui a mit un certain temps avant d’acquérir une place particulière au niveau international.

Bien que la Banque populaire de Chine maintient ses taux sur le yuan, notamment en empêchant de grandes quantités de capitaux de quitter le pays, le Fonds monétaire international a pris la décision en 2015 d’ajouter le yuan à son panier de principales devises de réserve – connu sous le nom de panier de droits de tirage spéciaux. Le yuan a été ajouté au panier du FMI en octobre 2016.

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De fait, Morgan Stanley a prédit que le yuan se raffermirait probablement à 6,6 yuans par rapport au dollar américain d’ici la fin de 2021. L’objectif de réservoir de change du yuan de 5% à 10% «n’est pas irréaliste compte tenu de l’ouverture des marchés financiers en Chine, de l’intégration croissante des marchés des capitaux transfrontaliers que nous constatons dans les actions et des titres à revenu fixe et d’une proportion croissante des transactions transfrontalières chinoises libellées» en yuan (RMB), a déclaré le stratège international de Morgan Stanley James Lord dans le rapport.

Selon lui, «tout cela suggère que les banques centrales mondiales devront détenir plus de yuan dans le cadre de leurs réserves». D’ailleurs, «à la fin de 2019, il y avait environ 70 banques centrales dans le monde qui détiennent du RMB dans leurs réserves, contre 60 à la fin de 2018, selon les rapports annuels d’internationalisation du RMB de la PBOC».

Les analystes se basent sur les changements dans les moteurs économiques de la Chine, qui l’obligeront à devenir un importateur de capitaux. Le rapport de Morgan Stanley prévoit que le compte courant du pays, qui comprend le commerce et les paiements aux investisseurs étrangers, pourrait devenir négatif à partir de 2025 et atteindre moins de 1,2% du PIB d’ici 2030.

«Cela signifie qu’au moins 180 milliards de dollars d’entrées nettes de capitaux étrangers par an en 2025-30 sont nécessaires pour financer le déficit du compte courant», indique le rapport.

Or des risques demeurent sur la manière dont les banques centrales et les institutions d’investissement vont pouvoir gérer toute pression politique autour de l’allocation de leurs avoirs.

La conjoncture peut propice au développement du yuan

Banque populaire de Chine

Les tensions entre la Chine et les Etats-Unis sur le commerce se sont propagées dans la technologie et la finance, à l’approche des élections américaines en novembre 2020. Raison pour laquelle, «je continue d’être très sceptique quant à toute hausse spectaculaire du RMB en tant que monnaie de réserve majeure», a déclaré Michael Pettis, professeur de finance à l’Université de Pékin, dans un courriel.

«Je ne pense pas qu’il y ait de raison d’être en désaccord avec les projections du compte courant de Morgan Stanley, mais j’observerais qu’il est très difficile de faire des prédictions à long terme sur l’évolution du compte courant de la Chine», a indiqué ce dernier.

Mais selon l’analyste, «l’ampleur de l’ajustement que la Chine doit faire pour rééquilibrer les sources de la demande dans son économie est substantielle, et chacun des précédents historiques suggère que l’ajustement impliquera une transformation des institutions économiques (et peut-être politiques)».

Conscient des perspectives économiques de la Chine, Morgan Stanley a noté que plusieurs défis pesaient sur leur prédiction selon laquelle le yuan gagnerait en importance internationale.

Il s’agit notamment d’une ouverture plus lente que prévu des marchés financiers chinois aux investissements étrangers, de la volatilité des marchés mondiaux, des risques économiques de la Chine et d’une escalade significative des tensions entre les États-Unis et la Chine.

«Un autre domaine dans lequel nous pourrions nous tromper est la tendance à l’internationalisation du CNY (yuan chinois) et la volonté des gestionnaires de réserves d’ajouter des obligations CNY à leurs portefeuilles», ont déclaré les auteurs du rapport.

«Après tout, la majeure partie de l’augmentation de la part de la Chine dans les avoirs de réserve provient jusqu’à présent de la Russie et on ne sait pas encore dans quelle mesure d’autres suivront, en particulier si l’ouverture plus large de l’économie n’a pas lieu à temps», ont assuré ces derniers.

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