vendredi, mars 29

Les investissements viticoles chinois en bordelais

Par Laurence Lemaire – Elle dirige les propriétés du groupe Wunushan dans le Haut-Médoc et à Margaux qui produisent un des meilleurs vins de France, Lina Fan subit les mesures du gouvernement chinois quant à la consommation de vin en public.

Elle a noté des ventes décroissantes de son vin français car «en Chine, acheter du vin est un signe de vie fastueuse» dit-elle. Les exportations des vins de Bordeaux en Chine avaient atteint un record en 2012, elles ont baissé de 20 à 30% durant l’été 2014.

«Le Parti communiste veut établir une discipline et combat la corruption parmi ses rangs ; il mène une campagne pour stopper l’offre de vins en cadeau ainsi que les dépenses officielles extravagantes. Cela frappe des producteurs d’alcool haut de gamme comme le fabricant de cognac français Rémy Cointreau ainsi que le fabricant d’objets de luxe LVMH Moët Hennessy Louis Vuitton. La demande chinoise et l’appétit des investisseurs s’est réduit en bordelais à cause des météos difficiles et les grêles de 2013 qui ont endommagé les vignes de la région.»

Nous ne voulons pas être dépendants du marché chinois, continue Lina Fan. «Nous sommes ravis que les Chinois achètent les vins haut de gamme, mais nous souhaitons mettre en avant la gamme moins chère qui est la force de Bordeaux, un bon rapport qualité-prix. Nous voulons que notre Bordeaux et notre Margaux soient un luxe abordable».

Wunushan, filiale de l’entreprise régionale gouvernementale chinoise LEC a une vision à long terme. «Le groupe a un budget de 5 millions d’euros pour restructurer le domaine viticole et les bâtiments d’accueil et d’exploitation. Il exportera 20 à 30% de sa production en Chine», conclue Lina Fan.

Les riches chinois continuent de chercher des châteaux à acheter, comme un investissement ou comme maison de vacances. «Chaque semaine, j’ai une ou deux visites avec des clients chinois» dit Li Lijuan de Christie’s International Real Estate. «Environ 60% d’entre eux sont des entreprises qui distribueront du vin en Chine ; les autres ont juste une passion pour le vin et veulent être propriétaire d’une belle chartreuse pour leur jours de congé. Bordeaux c’est le luxe. Pour environ 5 millions d’euros, soit le prix d’une maison à Pékin, ils ont ici une propriété viticole».

«Les investisseurs chinois possèdent maintenant presque 100 châteaux des 7 400 domaines viticoles dans la région de Bordeaux» selon Laurence Lemaire, journaliste pour le Vin, le Rouge, la Chine, un guide à 230 pages qui résume l’investissement chinois dans la région. Le chinois de Hong-Kong a été le premier à acheter dans le bordelais en 1996-97.

Ceux-ci ont été suivis une décennie plus tard par le chinois continental qui est arrivé «un peu en masse et soudainement; le gouvernement souhaite privilégier la consommation de vin à celle des alcools forts habituels, dit-elle. La méconnaissance en vin de certains nouveaux propriétaires chinois irrite les locaux mais on doit leur laisser du temps».

Laurence Lemaire pense que ces investisseurs aident au développement de la région, comme les Anglais, les Irlandais et Hollandais qui sont devenus propriétaires avant eux. «Les Français qui ont vendu leurs châteaux sont heureux d’avoir trouvé un acheteur, parfois après cinq ans d’attente d’un repreneur.»

Article publié en 2014

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